Le sang du vampire : la critique du film (1960)

Epouvante-horreur, Gothique | 1h27min
Note de la rédaction :
6,5/10
6,5
Le sang du vampire, l'affiche

  • Réalisateur : Henry Cass
  • Acteurs : Barbara Shelley, Donald Wolfit, Vincent Ball, Victor Maddern
  • Date de sortie: 27 Avr 1960
  • Nationalité : Britannique
  • Titre original : Blood of the Vampire
  • Titres alternatifs : Der Dämon mit den blutigen Händen (Allemagne) / Vampyrens blod (Suède) / La sangre del vampiro (Espagne) / La venganza del vampiro (Mexique) / Il sangue del vampiro (Italie) / Sangue de Vampiro (Brésil)
  • Année de production : 1958
  • Autres acteurs : William Devlin, Andrew Faulds, John Le Mesurier, Bryan Coleman, Cameron Hall, Colin Tapley, Bernard Bresslaw
  • Scénaristes : Robert S. Baker et Monty Berman
  • Directeur de la photographie : Monty Berman
  • Compositeur : Stanley Black
  • Monteur : Douglas Myers
  • Producteurs : Robert S. Baker et Monty Berman
  • Sociétés de production : Tempea Films
  • Distributeur : Sofradis
  • Éditeur vidéo : Fil à Film (VHS) / Artus Films (DVD, 2013) / Artus Films (Mediabook, 2021)
  • Dates de sortie vidéo : 4 juin 2013 (DVD) / 6 avril 2021 (Mediabook)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 800 207 entrées / 250 293 entrées
  • Box-office nord-américain / monde : -
  • Budget : -
  • Classification : Interdiction aux -16 ans à l’époque / Interdiction aux -12 ans de nos jours
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs (Eastmancolor) / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique Publicité André Nicard (agence) - Sandro Symeoni (affichiste). © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © 1958 Tempean Films © Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Même si cette production ressemble beaucoup à un film Hammer, Le sang du vampire n’est pas né sous cette bonne étoile. Peu importe au vu de la réussite du film, notamment grâce à une esthétique gothique chatoyante.

Synopsis : Transylvanie, 1874. Des villageois exécutent sauvagement un homme accusé de vampirisme. Un scientifique parvient à le ressusciter grâce à une transplantation du cœur. Quelques années plus tard, on le retrouve à la tête d’un asile d’aliénés implanté dans une forteresse. Dénommé à présent Callistratus, il expérimente des transfusions sanguines sur ses patients.

Un démarquage habile de la Hammer

Critique : En 1956, la maison de production Hammer met en chantier Frankenstein s’est échappé (Terence Fisher), énorme succès qui impose sur la scène internationale le cinéma gothique britannique. Face à ce triomphe inattendu, le studio a exploité le genre et lancé une mode qui allait déferler sur l’Europe entière. Toutefois, la Hammer a rapidement été concurrencée par d’autres producteurs désireux de profiter de cette manne juteuse.

Parmi eux, l’on trouve notamment Robert S. Baker et Monty Berman (et leur société Tempean Films) qui montent Le sang du vampire afin de surfer sur la vague initiée par Le cauchemar de Dracula (1958). Afin de s’assurer une parfaite ressemblance avec les œuvres de la Hammer, ils engagent le jeune scénariste Jimmy Sangster qui est à l’origine de ce revival de l’épouvante gothique. Ce dernier fait preuve d’une belle imagination en détournant les thèmes classiques du savant fou et du vampirisme pour les renouveler de l’intérieur. Largement inspirée par les théories positivistes de la fin du 19ème siècle, cette histoire de savant fou se fonde sur des connaissances scientifiques, certes fantaisistes, mais qui tentent de donner une assise logique aux agissements du personnage principal. C’est cet aspect qui est de loin le plus intéressant.

Un festival de couleurs

Ainsi, il n’est pas vraiment question ici d’un véritable vampire, mais bien d’un savant qui effectue des transfusions sanguines afin de se guérir d’une sorte d’hémophilie. Pour autant, le cadre balkanique est respecté – même si intégralement tourné en studio en Angleterre – et le caractère gothique des images et l’expressionnisme de la musique nous plongent bien dans une ambiance typique du film vampirique.

Le sang du vampire, détails de Mediabook

© 1958 Tempean Films / Jaquette : Benjamin Mazure pour Artus Films. Tous droits réservés.

Malheureusement, la réalisation de ce pur film d’exploitation a été confiée à Henry Cass, auteur depuis les années 40 de films de commande sans saveur. Il s’appuie ici sur le talent de son directeur de la photographie et sur celui des créateurs de toiles peintes pour livrer quelques belles scènes macabres – on adore particulièrement le pré-générique dans le cimetière – et fait confiance à ses acteurs pour compenser la faiblesse de sa réalisation.

Une réalisation un peu trop sage

Doté de décors superbes, Le sang du vampire a d’ailleurs fait forte impression lors de sa sortie au point d’être un très gros succès. Il le doit en partie à ses acteurs, dont l’excellent Donald Wolfit en mode cabotinage à la Bela Lugosi et la très jolie Barbara Shelley, mais aussi à ses débordements graphiques appréciables (qui ont sans doute choqué à l’époque, mais qui paraissent bien anodins aujourd’hui).

A revoir de nos jours, Le sang du vampire souffre sans doute du manque d’imagination de son metteur en scène, simple illustrateur d’un scénario qui méritait plus d’égards. Cette mollesse d’exécution se répercute sur le rythme un brin chaotique d’un film qui alterne les pics de tension avec des tunnels dialogués peu palpitants. Sans être un chef d’œuvre du genre, cette série B mérite sans aucun doute son statut de film culte et doit être replacé dans son contexte pour que le spectateur contemporain comprenne le choc qu’il a pu engendrer lors de sa sortie.

Le sang du vampire, un joli succès

Le sang du vampire a connu un joli succès dès sa première exploitation en France. A Paris, en première semaine, il atteint le top 7, avec 21 898 entrées dans 3 cinémas, le Festival, le Scarlett, et évidemment, le Midi-Minuit. En deuxième semaine, il perd toutefois 50% de sa fréquentation, avec 10 800 spectateurs, pour un total de 32 698 spectateurs. Il est alors retiré de salle pour laisser sa place à un autre programme du cinéma de genre, La nuit de tous les mystères.

Cette production est devenu un film culte pour tous les lecteurs de la revue Midi-Minuit Fantastique qui l’évoque en des termes élogieux dès son tout premier numéro de mai-juin 1962. Ainsi, Michel Nuridsany écrit à propos du long-métrage :

Le sang du vampire est une somptueuse symphonie en rouge, en or et noir où le rouge du sang et du verre de Venise se mêle au noir des vêtements et des tentures. Mais là encore, la mise en scène trop pourléchée nuit un peu à un film qui aurait pu être très supérieur à ce qu’il demeure : un excellent film.

On ne peut que souscrire à cet avis éclairé qui a surtout eu le grand mérite d’attirer l’attention vers un film plutôt rare et dénigré par la critique traditionnelle. Par la suite, le film est paru en VHS chez l’éditeur Fil à Film dans une copie assez médiocre. Il a fallu attendre les années 2010 pour que l’éditeur Artus parvienne à le sortir en DVD. Pourtant, ce n’est qu’avec la réédition de 2021 en Mediabook que l’éditeur a pu proposer la copie restaurée la plus complète à ce jour.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 27 avril 1960

Acheter le Mediabook sur le site de l’éditeur

Le sang du vampire, l'affiche

© 1958 Tempean Films / Affiche : Publicité André Nicard (agence) – Sandro Symeoni (affichiste). Tous droits réservés.

Biographies +

Henry Cass, Barbara Shelley, Donald Wolfit, Vincent Ball, Victor Maddern

Mots clés

Les savants fous au cinéma, Film de vampire, Exploitation britannique

Le test du Mediabook

Une édition indispensable pour tous les amoureux du film puisqu’il s’agit ici de la version intégrale restaurée. Le tout présenté dans un magnifique Mediabook.

Compléments & packaging : 5 / 5

Tout d’abord, on signalera la beauté de l’objet Mediabook, avec son livre passionnant d’environ 80 pages rédigé par l’excellent Alain Petit. Le tout est agrémenté d’affiches et de photos superbes et d’un texte très riche en informations indispensables.

Sur la galette proprement dite, le même Alain Petit revient avec passion durant 39mn sur ce film qu’il a découvert lorsqu’il était adolescent et qu’il considère comme un classique du fantastique. Il s’attarde longuement sur les carrières des producteurs, du réalisateur, du scénariste et des acteurs. Toutefois, la partie la plus intéressante de son intervention concerne l’exploitation du film en France et à l’international. Il rappelle aussi qu’il n’existe plus de négatif de la version intégrale (plus sanglante), ce qui explique la mauvaise qualité de ces scènes, introuvables dans les éditions américaines et anglaises. Ce supplément existait déjà sur la version DVD précédente.

Les éditeurs ont ajouté un passionnant entretient d’une grosse demi-heure avec le non moins excellent Nicolas Stanzick qui revient sur le contexte d’époque, mais aussi sur l’influence du cercle des Midi-Minuistes sur la popularité du film en France.

Un diaporama très riche (un défilé qui dure 6mn) nous est également proposé avec affiches internationales, kit de presse, photos d’exploitations. Enfin, la bande-annonce (en très mauvais état) ferme la section bonus, absolument passionnante.

L’image du blu-ray : 4 / 5

La restauration est bien effective et permet au film d’être pleinement redécouvert sur le plan esthétique. Les couleurs ont été ravivées et la définition largement améliorée. Attention toutefois, quelques passages demeurent encore flous car ils ont été retrouvés sur des copies étrangères assez rares et abîmées. L’ensemble est toutefois largement supérieur aux précédentes éditions.

Le son du blu-ray : 3 / 5

La version originale sous-titrée est légèrement étouffée, mais ne présente pas de défaut majeur. Cependant, la version française souffre d’un léger bruit de fond qui rend la projection pénible et peu naturelle.

Test du Mediabook : Virgile Dumez

Le sang du vampire, jaquette Mediabook

© 1958 Tempean Films / Jaquette : Benjamin Mazure pour Artus Films. Tous droits réservés.

x