Le gendarme à New York est un second épisode bien moins convaincant à cause d’une partie américaine en roue libre. Heureusement que les acteurs sauvent la mise une fois de plus.
Synopsis : La brigade de Saint-Tropez est désignée pour représenter la France au Congrès International de Gendarmerie à New-York.
Une suite écrite et tournée dans la précipitation
Critique : En cette année 1965, Louis de Funès savoure enfin un triomphe qu’il attend depuis plus de 10 ans. Effectivement, Le gendarme de Saint-Tropez vient de cartonner en attirant plus de 7 millions de Français dans les salles, suivi de près par Le corniaud qui, lui, explose tous les records avec 11 millions d’adeptes sur tout le territoire national. Ravis des résultats faramineux du premier opus, les producteurs demandent aussitôt à Richard Balducci et Jacques Vilfrid d’écrire une suite aux aventures de la brigade de Saint-Tropez.
Ecrit très rapidement, Le gendarme à New York est tourné dans la foulée par Jean Girault. Certes, de Funès a envisagé durant quelques temps de le mettre en scène lui-même, mais il préfère finalement se reposer sur le savoir-faire technique de son vieux complice. Toute l’équipe embarque donc sur le France pour un tournage joyeux qui s’apparente pour beaucoup d’entre eux à des vacances payées par la production. Tous les acteurs en profitent ainsi pour découvrir les Etats-Unis aux frais de la princesse.
Une partie américaine très faible
Cette atmosphère paresseuse se ressent fortement à la vision de ce second volet bien plus faible que le premier. Si la première heure retrouve le charme de la série grâce à une suite de gags et de quiproquos plutôt sympathiques, on ne peut pas en dire autant des quarante dernières minutes qui s’abîment dans le vaudeville le plus basique. Toute la partie sur le France est donc tout à fait correcte, avec notamment une scène devenue culte (la leçon d’anglais dispensée par un de Funès hypocrite).
Une fois les gendarmes débarqués aux States, le scénario semble prendre l’eau de toute part en ne sachant que faire des personnages (le destin de Nicole est improbable, le pauvre Jean Lefebvre ne sert carrément à rien). Pire, certaines séquences parodiques qui souhaitent rendre hommage au cinéma américain tombent complètement à plat. Ainsi, la séquence dansée qui évoque West Side Story est accablante pour Jean Girault, visiblement incapable de filmer un ballet correctement.
Des références, certes, mais mal digérées
Les références au cinéma de Charlie Chaplin (les poursuites avec les policiers) ou Harold Lloyd (quelques cascades vertigineuses sur des buildings) sont certes sympathiques, mais bien trop peu exploitées pour faire réellement sens. Heureusement, le film bénéficie de l’abattage comique de de Funès et Galabru, tous deux remarquables. Le reste du casting se révèle nettement moins performant.
Un box-office encore très favorable
Malgré cette nette baisse qualitative, ce second volet a rencontré un incroyable succès en devenant le quatrième film le plus vu en 1965. Ce ne sont pas moins de 5 495 000 de Français qui sont venus retrouver Cruchot et ses compères pour une virée aux States. Score certes en baisse par rapport au premier numéro, mais très satisfaisant au vu de la piètre qualité du produit. Aujourd’hui, le film prend davantage un intérêt sociologique et historique puisqu’il permet de se replonger dans une époque où parler anglais n’était pas si fréquent, où les voyages à l’étranger étaient encore longs et fastidieux, tandis que les différences culturelles étaient béantes. Un autre temps, en somme.
Critique du film : Virgile Dumez