Le brio est une réjouissante comédie du verbe, avec deux acteurs, Daniel Auteuil et Camélia Jordana, qui se trouvent dans la confrontation.
Synopsis : Neïla Salah a grandi à Créteil et rêve de devenir avocate. Inscrite à la grande université parisienne d’Assas, elle se confronte dès le premier jour à Pierre Mazard, professeur connu pour ses provocations et ses dérapages. Pour se racheter une conduite, ce dernier accepte de préparer Neïla au prestigieux concours d’éloquence. A la fois cynique et exigeant, Pierre pourrait devenir le mentor dont elle a besoin… Encore faut-il qu’ils parviennent tous les deux à dépasser leurs préjugés.
Le brio : le plus gros succès d’Yvan Attal réalisateur
Critique : En dépassant le million d’entrées, Le brio est devenu l’un des succès de 2017. Pour Yvan Attal réalisateur, cela tenait presque du miracle : il n’avait pas composé de hits depuis 2004 (Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfant, 900.000), et même son pourtant remarquable premier long, Ma femme est une actrice, n’avait pas connu pareil engouement (735.139).
Pour l’acteur-réalisateur qui se relevait du flop commercial et artistique de Ils sont partout (l’une des pires productions françaises vues dans le genre comédie en dix ans !) sur le thème casse-gueule de l’antisémitisme, la surprise était d’autant plus inattendue que Daniel Auteuil comédien n’avait assuré que des échecs en série à tous les films où il apparaissait. Auteuil était devenu une malédiction pour le cinéma hexagonal : Au nom de ma fille, Les naufragés, Nos femmes, Entre amis, Marius & Fanny, Le Guetteur, La mer à boire, Donnant donnant, Je l’aimais, La personne aux deux personnes… Il sera nommé au César pour son interprétation d’un professeur brillant aux méthodes humiliantes.
© 2017 Chapter 2 – Moonshaker II – Pathé Production – France 2 Cinéma – CN6 Productions – Nexus Factory / Photos : Eddy Brière et David Koskas, affiche : Rysk
Retour au sujet du film. Forcé de prendre sous son aile la victime de ses diatribes, une étudiante de l’un de ces cours, le prof d’Assas, fac à la réputation sulfureuse, aux cours de rhétoriques assassins, s’ouvre forcément sur un autre monde, mais sans la bienveillance dictée par 99% des comédies identiques, qui n’ont jamais un dixième du cynisme des dialogues.
Des joutes verbales délicieuses fortes d’une écriture aux petits oignons
Nouveau sujet délicat pour Yvan Attal, qui pourrait de nouveau marcher sur des œufs et en faire l’omelette d’Ils sont partout. Pourtant rabattu, l’idée de la rencontre entre la banlieue et le conservatisme raciste d’un prof aux méthodes peu orthodoxes, donne dans la prouesse d’acteurs. Le duo Auteuil et Jordana est (im)pertinent, direct, jamais dans le rapport émoussé entre les classes, les ethnies, et les cultures… Le vieux con au premier abord, un brin facho, en prend pour son grade, et les stéréotypes urbains viennent aussi de l’autre côté du périph’ aussi.
Auteuil est assez méconnaissable dans la diction réalisant une vraie belle performance. En fait, Le brio aura aussi été nommé aux César dans trois catégories dont la celle du Meilleur film (ce qui peut paraître toutefois excessif, le film n’étant pas exceptionnel à ce point). En fait, là où le film fait mouche, c’est autour du personnage joué par Camélia Jordana, lauréate évidente du César de la Meilleur jeune espoir. Chanteuse, musicienne, actrice… Ici, elle est brillante. On retrouve la verve (et aussi beaucoup du physique) de Rachida Brakni. Elle a ce tempérament essentiel qui fait du Brio une réussite indéniable.