L’Assassin : la critique du film (1964)

Policier | 1h38min
Note de la rédaction :
8/10
8
Affiche de L'Assassin

  • Réalisateur : Elio Petri
  • Acteurs : Marcello Mastroianni, Micheline Presle, Cristina Gaioni, Salvo Randone, Andrea Checchi, Enrico Maria Salerno
  • Date de sortie: 10 Juil 1964
  • Nationalité : Italien
  • Titre original : L’Assassino
  • Scénario : Elio Petri, Tonino Guerra (scénaristes), Pasquale Festa Campanile, Massimo Franciosa (dialoguistes)
  • Distributeurs : Lux Compagnie Cinématographique, Paris-Nord Distribution, Lyon Distribution, Disprodex (source Encyclociné) : ces quatre distributeurs ont exploité le film à un niveau régional, en 1964
  • Distributeur (reprise 2012) : Carlotta Films (Sortie le 20 juin 2012)
  • Éditeur vidéo : Carlotta (DVD & Blu-ray)
  • Date de sortie vidéo : 6 mars 2013
  • Box-office France / Paris-Périphérie : Inédit à Paris lors de sa sortie originelle, exploité exclusivement en province. Chiffres non disponibles.
  • Festivals : Festival de Berlin 1961, Cannes Classics 2019
Note des spectateurs :

L’Assassin est le premier grand film d’Elio Petri, radioscopie corrosive d’une chronique policière. Marcello Mastroianni et Micheline Presle sont magistraux.

Synopsis : Alfredo Martelli est un antiquaire qui ne rate aucune occasion pour asseoir sa situation économique. Il voit débarquer dans son appartement la police, le convoquant au commissariat où on l’accuse du meurtre d’Adalgisa de Matteis…

La lutte des classes sans le manichéisme d’un certain cinéma social

Critique : Elio Petri est surtout connu pour La Classe ouvrière va au paradis (Palme d’or au Festival de Cannes 1970) et Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (1971), deux films d’inspiration marxiste pointant du doigt l’aliénation du prolétariat et la complicité entre l’appareil policier et l’ordre bourgeois, avec un sens de la démarche esthétique échappant au film à thèse. Mais on a pu redécouvrir dernièrement La Dixième victime (1967), fable d’anticipation sous forme de dystopie qui révélait qu’Elio Petri, maître du cinéma politique (avec Francesco Rosi), avait pu élargir sa palette en empruntant à divers genres.

Il en est de même avec l’encore plus rare L’Assassin, son premier long métrage de fiction présenté au Festival de Venise en 1961, et qui était quelque peu tombé aux oubliettes. À travers l’acharnement d’un commissaire de police (Salvo Randone) à accuser de meurtre un bourgeois parvenu (Marcello Mastroianni), Elio Petri nuance l’habituel portrait de la lutte des classes en opposant ici un représentant de l’administration policière à un éminent nouveau riche, mais aussi la loi au pouvoir de l’argent, ce qui brouille les pistes et évite le manichéisme des rapports de classe qui caractérise souvent tout un pan du cinéma social.

Une trame kafkaïenne donne au récit une tournure étrange

Personnage superficiel et opportuniste, Alfredo Martelli s’est enrichi sur le dos des autres, exploitant des domestiques (même sous couvert de paternalisme), abusant des largesses d’une maîtresse bienfaitrice (Micheline Presle), et souhaitant consolider sa fortune par un mariage de raison avec une riche héritière.

À l’instar du personnage incarné par Alain Delon dans Monsieur Klein de Joseph Losey, Martelli va voir ses certitudes s’ébranler dès qu’il sera cerné par les policiers, et une trame kafkaïenne similaire donne au récit une tournure étrange, notre homme ne sachant pas au premier abord de quoi il est accusé.

L’assassin, à la fois efficace et moderne, confirme la diversité et la vitalité du cinéma italien

Mais coécrit par Tonino Guerra, le scénariste d’Antonioni, et Pasquale Festa Campanile, qui œuvra notamment pour la comédie (écrivant pour Risi ou Ferreri), le récit de L’Assassin fait référence à des courants du cinéma italien qui dépassent le simple cadre politique : les malentendus affectifs entre Alfredo et Adalgisa font écho à l’incommunicabilité du couple Mastroianni/Jeanne Moreau dans La Nuit, quand un passage burlesque avec les aboiements inopinés d’un chien aurait pu faire l’objet d’une scène tournée par Monicelli ou Scola…

Quant à la structure en flash-back, si elle s’avère conforme à maintes conventions du cinéma policier, elle prend ici la forme d’un puzzle narratif qui éclaire progressivement la démarche des protagonistes. Tous ces éléments contribuent à faire de L’Assassin une œuvre à la fois efficace et moderne, qui confirme la diversité et la vitalité du cinéma italien dans les décennies de l’après-guerre.

Sélection officielle : Cannes 2019

Critique : Gérard Crespo

Les sorties de la semaine du 10 juillet 1964

Affiche de L'Assassin

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