L’amour c’est mieux à deux film de Dominique Farrugia, réalisé en binôme avec Arnaud Lemort, se veut être le parangon de la comédie romantique française, mais n’y parvient jamais.
Synopsis : Michel rêve d’une rencontre parfaite, totalement due au hasard comme l’ont connu ses parents et ses grands-parents, alors que Vincent applique à la lettre l’adage qui dit que les hommes ont un sexe à la place du cerveau. Amis d’enfance aux visions diamétralement opposées sur les femmes ils découvriront les limites de leurs raisonnements respectifs au contact d’Angèle et de Nathalie.
La romcom qui révéla Virginie Efira
Critique : Initialement conçu comme une parodie du film romantique dont le scénario s’intitulait L’homme qui murmurait à l’oreille des femmes, L’amour c’est mieux à deux est très rapidement devenu une comédie romantique parisienne qui chante les atouts romantiques de la capitale avec un casting féminin doux à regarder et à aimer (notamment Virginie Efira, découverte très peu de temps auparavant dans Le siffleur).
L’ancien “Nul” Dominique Farrugia, qui ne s’était pas essayé à la réalisation depuis le très raté Trafic d’influence (1999), s’est associé derrière la caméra au scénariste de L’antidote et de L’entente cordiale, deux comédies qui n’avaient guère enthousiasmé (un euphémisme pour la seconde). Pas des références en soi. Le scénario original est signé Dubosc qui savoure le triomphe de Camping 1 & 2.
L’amour c’est mieux à deux abuse des clichés parisiens
Au vu du passif artistique général, on ne s’étonne pas du résultat insipide de ce nouvel essai humoristique. Le postulat est essentiellement bâti sur des stéréotypes : le gars romantique attend l’amour au hasard d’une rencontre quand le cerveau de son meilleur pote est en permanence connecté à son entre-jambe. Les rouages comiques sont galvaudés.
Le Paris estival, loin des préoccupations contemporaines de la Covid, est certes joli à contempler, mais il contribue beaucoup à l’aspect clicheton du produit : les protagonistes ont toujours le verre de vin à la main – c’est tellement chic pour meubler le vide ! ; les terrasses de café, pour papoter mecs entre copines, sont un idéal de cinéma : le compte à rebours final sur le quai d’une gare est un gimmick tellement convenu qu’on se demande encore pourquoi on est encore devant son écran…
Les auteurs ne montrent jamais la moindre ambition d’écriture, préférant tout au plus nous faire sourire au détour d’un ou deux personnages cocasses (la copine dépressive de Manu Payet, acteur qui sortait tout juste du triomphe de Tout ce qui brille !), et donnent même un moment dans la facilité du boulevard et du quiproquo pas vraiment drôle.
Sur un plan formel, on n’a plus du tout envie de rire, puisqu’on approche là le néant caractérisé. Le divertissement a été emballé comme on filmait les mauvaises comédies il y a dix, vingt ans… sans saveur ni savoir. Depuis, Arnaud Lemort s’est largement vautré dans le mauvais film à répétition (Dépression & des potes, en 2012, ou Ibiza avec Christian Clavier en 2019). Quant à Farrugia, ni Le Marquis, ni Bis ou Sous le même toi ne nous ont convaincus qu’il était un grand auteur comique.
Un gros succès de la comédie française en 2010
Reconnaissons au moins que les spectateurs en 2010 n’ont pas forcément partagé l’avis de ce papier puisque la romcom lumineuse réalisa de très beaux chiffres avec 1 123 061 spectateurs et une belle 47e place annuelle au box-office français. Ce fut même le vrai premier succès de Virginie Efira qui sortit glorieuse de l’expérience avec l’un de ses plus gros cartons personnels. Si l’on met le choral Le Grand Bain de côté, ce fut dans les années 2010, l’un de ses trois films à avoir dépassé le million, avec La chance de ma vie et surtout 20 ans d’écart. Aussi, dira-t-on que, pour retrouver sa juvénilité et sa magnifique féminité, L’amour c’est mieux à deux peut éventuellement être revu.
A noter :
Avec 352 354 entrées en France en première semaine, L’amour c’est mieux à deux est entré 3e du box-office, derrière les blockbusters Camping 2 et Iron Man 2. La comédie romantique n’ayant que 329 écrans à sa disposition, elle parvint à la meilleure moyenne hebdomadaire (1 071 par écran !). Virginie Efira, forte de sa fraîcheur, se permit d’éclipser le retour de Catherine Frot dans la comédie Imogène McCarthery qui se pointera en 4e position pour sa première semaine avec 50 écrans de plus.