La très très grande classe est une comédie sociale joyeuse, pleine de gags et au message universaliste qui fait du bien en cette période de repli sur soi. Melha Bedia y fait preuve d’une vraie force comique.
Synopsis : Sofia est une jeune prof de français, martyrisée par ses élèves. Croyant enfin tenir la mutation de ses rêves, elle se lance dans des adieux explosifs et savoure sa revanche. Problème : sa mutation est gelée, elle est désormais en concurrence avec une professeure au CV irréprochable et ses élèves, plus remontés que jamais sont bien décidés à lui faire payer ses paroles. Mensonges à l’académie, coups bas à sa concurrente, campagne de séduction. Sofia est prête à tout pour obtenir son bon de sortie!…
Une comédie caricaturale qui ose les excès
Critique : Après deux comédies qui avaient déjà abordées les thèmes de la transmission et de l’enfance (les très dispensables Sales gosses et Ma reum en 2017 et 2018), l’acteur et réalisateur Frédéric Quiring souhaitait tourner un teen movie qui se déroulerait au sein d’un établissement scolaire. Grand amateur des films de John Hughes, le cinéaste voulait lui aussi profiter du cadre scolaire pour tourner une comédie qui serait drôle, tout en traitant de sujets aussi sérieux que l’illettrisme ou l’intégration des migrants au cœur du modèle social français.
Comme dans ses précédents longs-métrages, Quiring n’a pas peur de chausser les gros sabots et de livrer une comédie volontairement grossière et caricaturale. Ainsi, les amateurs de finesse d’écriture passeront leur chemin puisque La très très grande classe (2022) a surtout pour vocation de faire rire avec des gags énormes, comme pouvait le faire autrefois un Claude Zidi avec Les sous-doués (1980). Pour porter ce script qui enfonce des portes ouvertes consciemment, il fallait compter sur un casting qui oserait pousser les curseurs de la caricature à leur maximum.
Melha Bedia confirme sa puissance comique
Le choix de Melha Bedia est particulièrement judicieux tant la jeune femme a un potentiel comique évident. Sa seule présence permet d’éclater de rire à plusieurs reprises puisqu’elle ne craint jamais de se ridiculiser, sans pour autant avoir recours à un humour méchant. Face à elle, Audrey Fleurot joue à fond la professeure faussement mielleuse qui dissimule en réalité une vraie peau de vache. Sa prestation, totalement outrée et caricaturale, est plutôt jubilatoire. Enfin, François Berléand s’avère lui aussi très drôle en complice de Melha Bedia qui doit jouer son père malade afin de tromper l’inspecteur de l’éducation nationale (très juste Arié Elmaleh qui était déjà professeur dans un film semblable en 2006 intitulé L’école pour tous d’Eric Rochant)
Les interactions entre la prof bordélisée et ses élèves sont toujours drôles – on adore notamment lorsqu’elle leur balance leurs quatre vérités, pensant qu’elle va quitter son poste – mais la caricature qui est faite du milieu de l’éducation nationale est également juste, et à peine forcée d’ailleurs. Le script se dote également d’une dimension humaine et sociale plutôt bienvenue lorsque la jeune prof se lance dans une association pour aider les illettrés, d’abord pour gonfler son CV et donc par intérêt, puis par réelle empathie. Le personnage retrouve ainsi petit à petit son goût pour l’enseignement car elle se sent à nouveau utile.
Un discours universaliste qui promeut la France de la diversité
Frédéric Quiring oppose alors deux France, celle du repli sur soi tout d’abord avec cette école privée confessionnelle où seuls des enfants blancs semblent scolarisés et celle de l’ouverture sur le monde et sa pluralité. La très très grande classe milite ainsi de manière directe pour la France que l’on aime, celle de l’intégration, de la diversité et de toutes les couleurs. Certes, l’ensemble est très prévisible, mais le cinéaste a eu l’intelligence de parsemer cette seconde partie de nombreux gags qui ne font pas perdre de vue l’objectif principal du spectacle : faire rire.
Réalisé de façon à mettre en valeur les performances de tous les comédiens, La très très grande classe n’est certes pas la comédie de l’année, mais elle constitue un spectacle tout à fait recommandable pour ceux qui aiment les gags simples, mais efficaces. Si la bande annonce vous fait marrer, alors le film est pour vous. Autrement, passez votre chemin !
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 10 août 2022
Biographies +
Frédéric Quiring, Elie Semoun, Arié Elmaleh, François Berléand, Audrey Fleurot, Nissim Renard, Melha Bedia