Meilleur opus de la franchise Amityville, ce prequel est remarquable par l’audace des thèmes abordés frontalement par une équipe italienne très inspirée. Réalisé avec maestria par Damiano Damiani, le film constitue toujours un choc plusieurs décennies après sa sortie.
Synopsis : Anthony Montelli est tout fier d’avoir pu acquérir cette grande et somptueuse maison de style colonial à Amityville, Long Island, pas très loin de New York. Les Montelli ont quatre enfants : Mark et Jan, les plus jeunes, puis Johnny et Patricia plus âgés. Les premiers incidents seront attribués au stress et à l’énervement du déménagement et de l’emménagement. Mais, très vite, la maison semble jouer un rôle maléfique dans le comportement de Johnny…
Critique : En 1979, le tout premier Amityville, la maison du diable réalisé par Stuart Rosenberg affole le box-office mondial en cumulant plus de 86 millions de dollars rien qu’aux Etats-Unis, tandis que les Français lui ont réservé un accueil chaleureux avec plus d’un million d’entrées. Malgré un aspect très lisse qui rend la vision de ce premier opus un peu ennuyeuse de nos jours, le film est resté gravé dans la mémoire collective comme l’un des grands films de maison hantée.
Désireux d’exploiter ce phénoménal succès, le producteur italien Dino de Laurentiis commande au scénariste Tommy Lee Wallace, grand ami et complice de John Carpenter pour qui il tourna d’ailleurs la même année Halloween 3, une histoire originale qui se baserait sur le massacre orchestré par Ronald DiFeo au début des années 70. Dès lors, le spectateur est en droit de se demander si cette suite n’est pas plutôt un prequel puisque les Montelli du film semblent très largement inspirés par la famille DiFeo. L’ambiguïté n’est d’ailleurs jamais pleinement levée puisque certains éléments ancrent le film dans les années 70, tandis que la présence d’un walkman nous ramène davantage dans les années 80. Il est finalement assez difficile de trancher.
Par contre, l’empreinte italienne est une certitude puisque Dino de Laurentiis a confié la réalisation à Damiano Damiani, cinéaste spécialisé dans le western, mais aussi dans le film de dénonciation politique. Ce film d’épouvante de série semble donc à des années-lumière de son univers habituel. Il est ici secondé par le directeur de la photographie Franco Di Giacomo qui impose une atmosphère sombre et délétère, très éloignée de celle plus lumineuse du premier opus.
Mais la singularité de cette suite vient finalement de son aspect très européen, mettant notamment en avant des thèmes d’une rare noirceur dans ce type de spectacle. Ainsi, le cinéaste ose aborder de manière frontale la maltraitance des enfants, l’inceste entre un frère et sa sœur et même le meurtre intégral d’une famille (pas toujours hors champ, sauf pour les enfants). Le tout exhale une odeur de soufre qui rend le film passionnant au moins pendant sa brillante première heure. Dopé par une action non-stop, une multiplicité d’effets bien stressants, une réalisation virtuose égalant souvent les envolées d’un Sam Raimi et surtout une ambiance perverse qui fait planer le doute sur chaque personnage, Amityville 2, le possédé est sans aucun doute un ouvrage meilleur que le premier épisode.
Il est aidé en cela par l’interprétation inspirée du débutant Jack Magner (qui ne jouera par la suite que dans un dernier film, le culte Firestarter), ainsi que par la belle prestance de James Olson en prêtre dépassé par les événements. Après une première heure aussi fracassante, la dernière demi-heure retombe malheureusement dans les clichés véhiculés depuis L’exorciste et la lutte entre le curé et la force démoniaque correspond davantage aux poncifs du genre, ce qui est sans doute dommage.
La pression baisse donc d’un cran, même si l’on reste quand même capté par une intrigue qui a également le mérite de se terminer par le triomphe du Mal, ce qui n’était sans aucun doute pas pour plaire au public américain. Pour preuve, cette suite au budget raisonnable de 5 millions de billets verts a été un échec cinglant avec seulement 12,5 M$ cumulés aux States. La France n’a pas non plus été réceptive avec seulement 433 459 entrées sur l’ensemble du territoire national contre plus d’un million pour le premier opus. Pourtant, le métrage de Damiano Damiani est aujourd’hui considéré par beaucoup comme le meilleur de la saga, avis auquel nous souscrivons pleinement, et ceci malgré une dernière partie moins passionnante.
Critique de Virgile Dumez