La joyeuse suicidée : la critique du film (1938)

Comédie | 1h17min
Note de la rédaction :
8/10
8
La joyeuse suicidée, l'affiche

  • Réalisateur : William A. Wellman
  • Acteurs : Fredric March, Carole Lombard, Charles Winninger, Walter Connolly
  • Date de sortie: 23 Fév 1938
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Nothing Sacred
  • Scénaristes : Charles MacArthur, Ben Hecht, Ring Lardner Jr., Budd Schulberg, James H. Street
  • Directeur de la photographie : Howard Greene
  • Compositeur : Oscar Levant
  • Distributeur : Les Artistes Associés
  • Editeur vidéo : Antarès & travelling (VHS) / Lancaster (DVD) / Bach Films (DVD) / Aventi (DVD) / Editions Montparnasse (coffret DVD)
  • Sortie vidéo (coffret) : 13 novembre 2019
  • Budget : 1,8 M$
  • Format : 1.37 : 1 / Son : Mono
Note des spectateurs :

Savoureuse comédie, La joyeuse suicidée profite d’un script brillant de Ben Hecht et d’un tempo dynamique sublimé par des acteurs à l’alchimie parfaite. Un classique.

Synopsis : Le journaliste Wallace Cook propose d’écrire une série d’articles sur la malchanceuse Hazel Flagg. Cette-dernière va découvrir que contrairement à ce qu’elle pensait, elle n’a pas été empoisonnée au radium, mais accepte tout de même de partir à New York en compagnie de Cook.

Un script admirable initié par Ben Hecht

Critique : En 1937, le romancier et scénariste Ben Hecht est une véritable valeur sûre dont les œuvres s’arrachent à prix d’or. Ancien journaliste, Ben Hecht est notamment l’auteur de la pièce The Front Page qui triomphe depuis 1928. Il y décrit déjà l’effervescence d’une salle de rédaction et choisit de revenir à ce sujet dans un nouveau scénario qu’il destine à son ami l’acteur John Barrymore. Toutefois, le producteur David O. Selznick refuse de confier le rôle à la star déchue, marquée par un alcoolisme prononcé. Cela entraîne la rupture avec Ben Hecht qui refuse de retoucher son scénario. Cela sera donc fait par une armée de petites mains.

Screwball Comedy, le coffret

© 2019 Editions Montparnasse. Tous droits réservés.

La réalisation est alors confiée à William A. Wellman qui vient justement d’offrir à Selznick un triomphe avec Une étoile est née (1937), déjà avec Fredric March. Non seulement le producteur fait confiance à son metteur en scène, mais il sait également que celui-ci est capable de maîtriser les contraintes du Technicolor. Effectivement, La joyeuse suicidée (1937) sera une production de prestige, tournée en couleurs, ce qui en fait d’ailleurs la toute première screwball comédie à être réalisée de la sorte.

Des acteurs au timing comique impeccable

Pour être sûr d’obtenir un succès, le producteur engage Carole Lombard qui vient de triompher dans Mon homme Godfrey (La Cava, 1936) et s’impose comme l’une des actrices les plus drôles de sa génération. Son alliance avec Fredric March s’avère particulièrement judicieuse puisque les deux comédiens s’en donnent à cœur joie dans un numéro toujours savoureux à regarder de nos jours.

Ce qui est remarquable dans La joyeuse suicidée, c’est ce tempo infaillible imprimé par le réalisateur, au risque de raccourcir dangereusement la projection. En seulement une heure et quinze minutes endiablées, William Wellman parvient à signer une comédie brillante, drôle et visuellement inventive. Il s’amuse notamment à placer des objets incongrus devant les visages des acteurs (pans de murs, bouquets de fleurs) pour mieux signifier que tout le monde avance masqué et que la vérité ne sera jamais vraiment révélée.

Une critique du journalisme, toujours cruellement d’actualité

Wellman s’appuie non seulement sur un script savoureux, mais aussi sur une formidable troupe de comédiens. Au niveau du scénario, Ben Hecht s’est amusé à caricaturer les oppositions entre la province américaine profonde et l’intelligentsia new-yorkaise, sans en épargner aucun. Les provinciaux apparaissent rudes, obtus et ignorants, tandis que les citadins sont désespérément obséquieux et conscients de leur supériorité, au point d’en être ridicules. Ben Hecht en profite aussi pour régler ses comptes avec une certaine presse poubelle qui fait ses choux gras d’événements insignifiants montés de toute pièce pour faire le buzz. En cela, La joyeuse suicidée reste pleinement d’actualité.

Mais tout ceci ne serait pas aussi brillant sans la maestria des acteurs qui se renvoient la balle avec un incroyable sens du timing. On admire bien entendu le duo formé par Carole Lombard et Fredric March, mais il faut également souligner les excellentes contributions de Charles Winninger et Walter Connolly qui offrent des prestations de première qualité. Ils contribuent grandement à l’excellente tenue du spectacle qui nous est offert.

Classique certes, mais tombé dans le domaine public

Intelligente, cette screwball comédie s’impose donc sans problème comme un modèle du genre. Elle est malheureusement tombée dans le domaine public, ce qui implique qu’elle soit systématiquement exploitée dans des copies indignes et non restaurées, avec des couleurs largement délavées. Il serait temps pourtant de lui offrir le bain de jouvence qu’elle mérite.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 23 février 1938

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La joyeuse suicidée, l'affiche

© 1937 Film tombé dans le domaine public. Affiche : droits réservés.

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La joyeuse suicidée, l'affiche

Bande-annonce de La joyeuse suicidée (VO)

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