La Hyène intrépide : la critique du film (1980)

Arts martiaux, Comédie, Burlesque | 1h38min
Note de la rédaction :
6/10
6
Le premier film de Jackie CHAN, la Hyène intrépide

  • Réalisateur : Jackie Chan
  • Acteurs : Jackie Chan, James Tien, Hui Lou Chen
  • Date de sortie: 28 Mai 1980
  • Titre original : Xiao quan guai zhao
  • Nationalité : Hongkongais, Coréen du Sud
  • Distributeur : Arts et Mélodie distribution (A.M. Films)
  • Date de la reprise : Le 4 juillet 1984
  • Éditeur vidéo : Metropolitan Vidéo
  • Box-office France / Paris-périphérie : 187 706 entrées / 39 722 entrées
Note des spectateurs :

La première réalisation de Jackie Chan lui permet de développer son style inimitable alliant qualités martiales et goût pour le burlesque le plus délirant. Inégal, mais franchement sympathique.

Synopsis : Shing Lung vit dans un village isolé avec son grand-père qui lui enseigne le Kung-Fu. Bien qu’approché par des malfrats, il se bat pour devenir le maître d’une école de Kung-Fu. Cette nouvelle se propage alors qu’un vieil ennemi de son grand-père, chef d’un gang, réapparaît. Shing Lung va tout faire pour se venger.

Critique : Dans les années 70, l’industrie cinématographique hongkongaise est désespérément à la recherche d’un successeur de Bruce Lee, seule star locale à avoir conquise le monde entier et à avoir popularisé le kung-fu hors d’Asie. Alors que la plupart des artistes martiaux de l’époque tentent vainement d’imiter le petit dragon (donnant ainsi lieu à une Brucesploitation délirante), le jeune Jackie Chan commence peu à peu à se démarquer de son prestigieux aîné. Si les films qu’il tourne avec Lo Wei demeurent très classiques dans leur approche des arts martiaux, Jackie Chan trouve peu à peu sa voie et son style propre dans une œuvre comme Le maître chinois (Yuen Woo-ping, 1978) qui lui offre  pour la première fois la possibilité de développer une approche comique de son art. C’est effectivement au sein de ce que l’on appellera la kung-fu comedy que l’artiste va réellement trouver sa voie singulière. Face au succès de ces premiers essais, le producteur Lo Wei accepte de laisser sa chance à son jeune prodige derrière la caméra. Ainsi, Jackie Chan se retrouve à 25 ans à la tête de son tout premier film en tant que réalisateur avec La hyène intrépide.

Des prouesses physiques au service de gags burlesques

© 1984 A.M. Films. Metropolitan. Tous droits réservés.

Si le scénario n’a absolument rien d’original – il s’agit encore d’une concurrence entre écoles de kung-fu, avec au bout une vengeance familiale traditionnelle – c’est bien évidemment le ton burlesque de l’ensemble qui fait toute la différence. Développant une approche originale de l’art martial, Jackie Chan s’inscrit volontairement dans une démarche de pur saltimbanque, faisant de son agilité une prouesse de chaque instant. Incarnant un jeune homme censé être paresseux et maladroit, Chan développe une relation particulière entre son corps et l’espace qui l’entoure. A l’image des grands burlesques du temps du cinéma muet, il évolue dans le cadre comme personne, entrant souvent en collision avec le décor et se servant des nombreux objets à sa disposition pour jongler et finir par retomber sur ses pattes. Son apparente maladresse est à l’origine du comique se dégageant de sa personne, même si l’acteur pousse encore un peu trop son jeu dans les extrêmes en grimaçant plus que de raison.

Une oeuvre portée par des chorégraphies étonnantes

Chaque combat donne lieu à des chorégraphies terriblement inventives et impressionnantes, laissant le spectateur bouche bée devant tant d’adresse et de précision. Convoquant l’art du cirque, du burlesque des années 20 et des gags qui renvoient aux cartoons des années 40-50, Jackie Chan se fiche pour le moment comme d’une guigne de raconter une histoire passionnante et prouve surtout au monde entier ses capacités physiques et sa force comique. Il porte ainsi clairement La hyène intrépide sur ses épaules et livre une œuvre forcément inégale, parfois grossière dans ses effets d’un autre âge, mais aussi parfaitement stimulante pour tous ceux qui apprécient les évolutions martiales spectaculaires.

D’ailleurs, le long-métrage a connu suffisamment de succès pour permettre à Jackie Chan de revenir à de nombreuses reprises derrière la caméra. S’il n’est pas encore une star – il a attendu le triomphe du Chinois (Clouse, 1980) pour cela – Jackie Chan construit pas à pas sa légende et peut s’enorgueillir de ne pas être un simple clone de Bruce Lee. En France, La hyène intrépide a réuni 187 706 amateurs d’arts martiaux au mois de mai 1980, ce qui en fait un petit succès d’estime, confirmant la nouvelle place d’une étoile alors montante.

Critique de Virgile Dumez

 

 

 

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