La chambre d’à côté : la critique du film (2025)

Drame | 1h47min
Note de la rédaction :
8/10
8
La chambre d'à côté, l'affiche

  • Réalisateur : Pedro Almodóvar
  • Acteurs : Julianne Moore, John Turturro, Tilda Swinton, Juan Diego Botto
  • Date de sortie: 08 Jan 2025
  • Année de production : 2024
  • Nationalité : Espagnol, Américain, Français
  • Titre original : The Room Next Door
  • Titres alternatifs : La habitación de al lado (Espagne) / O Quarto ao Lado (Portugal, Brésil) / W pokoju obok (Pologne) / La stanza accanto (Italie) / A szomszéd szoba (Hongrie)
  • Autres acteurs : Alessandro Nivola, Raul Arévalo, Victoria Luengo, Alex Hogh Andersen, Esther McGregor
  • Scénariste : Pedro Almodóvar
  • D'après : le roman Quel est donc ton tourment ? (What Are You Going Through) de Sigrid Nunez
  • Monteuse : Teresa Font
  • Directeur de la photographie : Eduard Grau
  • Compositeur : Alberto Iglesias
  • Cheffe maquilleuse : Morag Ross
  • Cheffe décoratrice : Inbal Weinberg
  • Directeur artistique : Gabriel Liste
  • Producteur : Agustín Almodóvar
  • Producteurs exécutifs : Joshua Blum, Esther García, Han West
  • Sociétés de production : El Deseo, Movistar Plus+, Pathé, Sony Pictures Classics, Washington Square Films
  • Distributeur : Pathé Distribution
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo :
  • Date de sortie vidéo :
  • Budget :
  • Box-office France / Paris-Périphérie :
  • Box-office nord-américain / monde :
  • Rentabilité :
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleurs / Son : Dolby Digital
  • Festivals : Mostra de Venise 2024 : en compétition
  • Nominations : Golden Globes 2025 : Meilleure actrice dans un film dramatique pour Tilda Swinton
  • Récompenses : Mostra de Venise 2024 : Lion d'or
  • Illustrateur/Création graphique : © Leroy & Rose ; Iglesias Mas (photos). Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © El Deseo, Movistar Plus+, Pathé, Sony Pictures Classics, Washington Square Films. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachés de presse : Alexis Delage-Toriel, Pauline Vilbert pour Le Public Système Cinéma
  • Tagline : Le nouveau film de Almodóvar
Note des spectateurs :

Evitant le mélodrame, La chambre d’à côté est assurément le plus bergmanien des films de Pedro Almodóvar, un artiste de plus en plus travaillé par la thématique de la mort. Le tout, assez froid, est porté par deux actrices formidables.

Synopsis : Ingrid et Martha, amies de longue date, ont débuté leur carrière au sein du même magazine. Lorsqu’Ingrid devient romancière à succès et Martha, reporter de guerre, leurs chemins se séparent. Mais des années plus tard, leurs routes se recroisent dans des circonstances troublantes…

Almodóvar, un artiste hanté par le spectre de la mort

Critique : Depuis Douleur et gloire (2019), le cinéma de Pedro Almodóvar se fait de plus en plus introspectif, comme hanté par une angoisse sourde qui serait celle de la mort. Désormais septuagénaire, le cinéaste espagnol a pourtant laissé de côté ses excès de jeunesse depuis bien longtemps, mais son cinéma ne cesse d’évoluer vers davantage d’épure. Pour son premier long métrage en langue anglaise, il choisit ici d’adapter un roman intitulé Quel est donc ton tourment ? écrit par la romancière américaine Sigrid Nunez et publié en 2020. Désormais, l’adaptation cinéma porte le titre plus mystérieux de La chambre d’à côté (2024).

La chambre d'à côté, photo 1

© 2024 El Deseo – Movistar Plus+ – Pathé – Sony Pictures Classics – Washington Square Films / Photo : Iglesias Más. Tous droits réservés.

Entièrement centrée sur deux personnages féminins, l’intrigue ne pouvait qu’interpeler un réalisateur qui a toujours été plus proche des femmes que des hommes. Une fois de plus, il parvient à capter mieux que quiconque la beauté de ces visages de femmes matures, incarnées ici par deux actrices au sommet de leur talent, à savoir Julianne Moore et Tilda Swinton. Seules pendant la quasi-totalité du film, les deux comédiennes livrent des prestations d’autant plus remarquables qu’elles ne cherchent jamais l’épate ou la démonstration, mais plutôt la vérité intérieure de leurs personnages respectifs. Assurément, elles sont pour beaucoup dans la pleine réussite de La chambre d’à côté.

La chambre d’à côté prend des accents bergmaniens

Alors que la première demi-heure pose les bases de l’intrigue et que se profile un mélodrame typique du cinéaste espagnol, le spectateur se dit que Pedro Almodóvar paye enfin son tribut à son maître Douglas Sirk dont les mélodrames ont toujours inspiré le maître de la Movida. Pourtant, de manière étonnante, le réalisateur opte pour une autre influence, sans doute moins évidente, afin de ne pas tomber dans le piège du mélo lacrymal. Et de fait, le métrage émarge plutôt du côté du cinéma d’Ingmar Bergman, comme l’indique clairement un plan relevant de la plus pure citation de Persona (1966).

Confronté à la thématique de la mort, Pedro Almodóvar opte donc pour un style très épuré où se reconnaît encore son sens de l’espace, de la couleur et de la décoration, mais où tous ces éléments sont placés en retrait pour laisser place à ses comédiennes. On sent le cinéaste soucieux de se concentrer sur son sujet, et de ne plus se laisser aller à des distractions. En accord avec cela, le réalisateur propose des dialogues nombreux qui démontrent une inquiétude profonde. A travers le personnage interprété par John Turturro, il en profite pour égratigner le monde actuel. Effectivement, comme bon nombre de ses contemporain, le cinéaste ne se reconnaît plus dans les évolutions sociétales contemporaines.

Un cinéaste de plus en plus désabusé

Ainsi, il stigmatise l’essor inquiétant de l’extrême droite, le manque de réaction des pouvoirs publics vis-à-vis du réchauffement climatique, mais aussi le pouvoir de plus en plus prégnant des religieux dans le monde. Lui qui a lutté durant toute sa vie pour une liberté d’expression totale doit effectivement être bien triste de l’état actuel de nos démocraties. Il s’en fait l’écho à travers un film profondément désabusé et hanté par l’échec d’une génération qui a cherché à transformer le monde sans y parvenir.

La chambre d'à côté, photo 2

© 2024 El Deseo – Movistar Plus+ – Pathé – Sony Pictures Classics – Washington Square Films / Photo : Iglesias Más. Tous droits réservés.

En ce qui concerne son rapport à la mort, le spectateur comprend que le cinéaste propose une forme d’apaisement, celle-ci apparaissant comme une délivrance dès lors que l’on se sait condamné par une maladie incurable. Sans se faire trop explicite, le réalisateur prend donc position pour une fin de vie digne et respectueuse du souhait du patient. Et ceci n’en déplaise à tous les religieux qui veulent régir nos vies jusqu’au bout. La chambre d’à côté réactive donc un débat sans cesse repoussé, y compris dans la société française qui continue à criminaliser les individus qui souhaitent abréger leurs souffrances dès lors qu’ils se savent condamnés.

Un Lion d’or marqué par une grande rigueur

Film au climat pesant, La chambre d’à côté n’est pourtant pas parfait et sa grande froideur peut éconduire ceux qui s’attendent à être bouleversés par une intrigue sentimentalement puissante. Cela n’a pas empêché le jury du Festival de Venise 2024 de lui attribuer sa récompense suprême, le Lion d’or. Parallèlement, Tilda Swinton a été nominée au Golden Globe de la meilleure actrice sans l’obtenir. D’une grande rigueur formelle, ce nouvel opus du maître espagnol confirme la récente orientation d’un artiste de plus en plus soucieux d’épure.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 8 janvier 2025

La chambre d'à côté, l'affiche

© 2024 El Deseo – Movistar Plus+ – Pathé – Sony Pictures Classics – Washington Square Films / Affiche : Leroy & Rose – Iglesias Mas (photos). Tous droits réservés.

Biographies +

Pedro Almodóvar, Julianne Moore, John Turturro, Tilda Swinton, Juan Diego Botto

Mots clés

Cinéma espagnol, Festival de Venise 2024, Lion d’or, La fin de vie au cinéma, La maladie au cinéma, Portraits de femmes

 

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La chambre d'à côté, l'affiche

Bande-annonce de La chambre d'à côté (VOstf)

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