Johnny Apollo : la critique du film (1947)

Policier, Drame, Film de gangsters | 1h34min
Note de la rédaction :
5/10
5
Johnny Apollo, l'affiche

  • Réalisateur : Henry Hathaway
  • Acteurs : Dorothy Lamour, Tyrone Power, Marc Lawrence, Edward Arnold, Lloyd Nolan
  • Date de sortie: 10 Déc 1947
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Johnny Apollo
  • Titres alternatifs : O Filho Também Roubou (Portugal) / Il prigioniero (Italie) / Apolo me llaman (Argentine)
  • Année de production : 1940
  • Scénariste(s) : Philip Dunne, Rowland Brown d'après une histoire de Samuel G. Engel, Hal Long
  • Directeur de la photographie : Arthur C. Miller
  • Compositeur : Cyril J. Mockridge
  • Société(s) de production : Twentieth Century Fox
  • Distributeur (1ère sortie) : Twentieth Century Fox
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : ESC Editions (DVD)
  • Date de sortie vidéo : 1er octobre 2017 (DVD)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 691 421 entrées / 138 702 entrées
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.37 : 1 / Noir et Blanc / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : -
  • Crédits : Twentieth Century Fox
Note des spectateurs :

Curieux mélange de film de gangsters et de mélodrame, Johnny Apollo souffre d’un script mal fagoté et d’un jeu peu crédible de Tyrone Power. Dispensable.

Synopsis : Lorsque son père est arrêté pour avoir travaillé avec une organisation criminelle, le jeune Bob Cain voit ses projets d’avenir s’écrouler. Sous le choc d’avoir découvert que son modèle n’était pas l’homme honnête qu’il admirait, Bob quitte à son tour le droit chemin. Recruté par le gangster Mickey Dwyer, il adopte le nom de Johnny Apollo.

Comment concurrencer la Warner sur son créneau ?

Critique : Pur film de studio commandé par le producteur Darryl F. Zanuck, Johnny Apollo (1940) permettait au nabab d’offrir un nouvel emploi central à Tyrone Power, la star qu’il a façonnée depuis ses débuts fracassants dans Le pacte (King, 1936). Le but affiché est clairement de concurrencer la firme Warner sur son terrain de prédilection, à savoir le film de gangsters. Toutefois, les scénaristes ont cru bon d’ajouter à leur intrigue plusieurs autres pistes narratives dont une relation conflictuelle entre un père et son fils qui tire résolument vers le mélodrame.

Johnny Apollo, jaquette dvd

© 1940 Renewed © 1967 Twentieth Century Fox Film Corporation. / © 2015 Twentieth Century Fox Home Entertainment LLC – ESC Conseils. Tous droits réservés.

Afin de conférer au produit une efficacité immédiate, Zanuck a fait appel au réalisateur Henry Hathaway qui a déjà à son actif quelques très belles réussites comme Les trois lanciers du Bengale (1935) et surtout Peter Ibbetson (1935). L’artisan a ainsi montré son indéniable savoir-faire, tout en respectant scrupuleusement la charte établie par le studio. Si le script à illustrer est de bonne tenue, Hathaway est capable de le sublimer par une réalisation classique, mais indéniablement carrée. Par contre, n’étant pas un auteur, il réussit assez rarement à compenser les faiblesses d’un script mal agencé.

Une histoire inutilement tarabiscotée et mélodramatique

C’est le problème central de Johnny Apollo (1940) qui semble avoir du mal à trouver sa voie au milieu de multiples pistes narratives dont aucune n’est pleinement aboutie. Cela commence plutôt bien avec la découverte par un jeune homme à l’abri du besoin des malversations de son père qu’il prenait pourtant pour une figure d’autorité sans travers. Bouleversé par le sort de son père qui se retrouve incarcéré, le jeune homme incarné par un Tyrone Power un peu fade va se retrouver à la rue du jour au lendemain. Suivant la fibre paternelle, il tourne mal et se lie d’amitié avec des gangsters, tout en tombant amoureux d’une chanteuse de cabaret – la séduisante Dorothy Lamour.

Malheureusement, la suite de l’intrigue ne tient pas vraiment la route, multipliant les invraisemblances avec une telle constance que le spectateur finit par décrocher petit à petit. Il manque effectivement à Johnny Apollo cette rugosité et cette violence qui imprégnaient les meilleurs films de gangsters de la Warner.

Un casting mal agencé

Ainsi, lorsque Tyrone Power devient un gros dur, le spectateur a du mal à y croire, d’autant que la star ne cherche jamais à se départir de son jeu de séduction. Il semble bien trop gentil et ne paraît absolument pas crédible en gangster que l’on devrait craindre. Même si nous apprécions Tyrone Power (particulièrement bon dans Le signe de Zorro de Mamoulian, la même année), il ne semble pas vraiment à sa place ici. Il forme d’ailleurs un couple assez peu charismatique avec Dorothy Lamour dont les capacités dramatiques ne sont guère prouvées non plus.

Finalement, pour pouvoir apprécier Johnny Apollo, le spectateur doit surtout se concentrer sur les seconds rôles, tous très bons. On retrouve notamment l’excellent Edward Arnold dans un rôle d’homme d’affaire véreux mais qui possède toutefois un sens de l’honneur. On aime aussi Lloyd Nolan qui compose la figure crédible d’un gangster capable de tuer pour sauvegarder ses intérêts. Malheureusement, tous ces éléments peinent à convaincre dans le cadre d’une intrigue trop tarabiscotée et qui cherche à noyer le spectateur pour masquer ses facilités d’écriture.

Techniquement solide, Johnny Apollo indiffère par son aspect lisse et sans aspérité, loin des films noirs de l’époque

Malgré les efforts certains de Henry Hathaway pour soigner la forme du produit fini, il ne parvient pas à compenser la vacuité du script qu’il est chargé d’illustrer et n’insuffle jamais au film la moindre violence, ni physique, ni psychologique. Lorsque le long-métrage se termine par une évasion mal fichue et que l’ensemble tourne au mélodrame, on a le sentiment que les auteurs ont souhaité rafistoler le scénario à coup de bons sentiments.

Finalement, Johnny Apollo semble incapable d’embrasser le genre qu’il est censé illustrer. Il n’est qu’un énième film de gangsters dans le style des années 30 et n’anticipe pas les ambiances sombres qui allaient être constitutives du film noir qui vient d’éclore à cette même époque. Il s’agit donc d’un simple véhicule pour la star maison Tyrone Power, une version édulcorée et tout public de ce qui se faisait dans les studios concurrents avec nettement plus d’inspiration.

Le long-métrage n’est arrivé sur les écrans français qu’après la guerre, en 1947, laissant globalement le grand public indifférent, d’autant qu’entre-temps de nombreux films noirs magnifiques ont peuplé les écrans. Johnny Apollo était en quelque sorte démodé dès sa sortie.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 10 décembre 1947

Acheter le film en DVD

Johnny Apollo, l'affiche

© 1940 Renewed © 1967 Twentieth Century Fox Film Corporation. Tous droits réservés.

Trailers & Vidéos

x