Immaculée est un film d’horreur adulte pas toujours abouti, mais qui a le mérite de nourrir une ambiance. Avec Sydney Sweeney.
Synopsis : Cecilia, une jeune religieuse américaine, s’installe dans un couvent isolé de la campagne italienne. L’accueil est chaleureux, mais rapidement Cecilia comprend que sa nouvelle demeure abrite un sinistre secret et que des choses terribles s’y produisent…
Critique : Sydney Sweeney, entre deux films indie (Reality) et blockbusters Sony (Madame Web), nous rappelle qu’elle aime le cinéma horrifique. Immaculée n’est pas son premier projet dans un genre qu’elle connaît bien. La jeune femme a oeuvré dans des longs comme ZMD: Zombies of Mass Destruction, The Ward de John Carpenter, et s’était amusée dans Spiders 3D d’un certain Tibor Takács, puis dans L’Attaque des fourmis géantes. Respect.
La future vedette, en 2014, avait même répondu à un casting pour un film d’épouvante dont elle aimait le pitch mais qui ne se fera pas. Tenace, la star d’Euphoria a depuis fait fortune et a monté sa propre boîte de production (Fifty Fifty). Elle a donc décidé de poursuivre ce projet, dépêchant un scénariste et un réalisateur de son choix, en l’occurrence Michael Mohan avec lequel elle travailla à l’occasion d’une série Netflix et une exclusivité Prime Vidéo, Elle engagea quelques copines au casting (Simona Tabasco avec laquelle elle venait de jouer dans The White Lotus) et même des gens de sa famille pour des apparitions clins d’œil qu’elle seule saura apprécier. Ce projet, c’est évidemment Immaculée.
Immaculée, La malédiction : l’origine : le combat identique de vilains copieurs ?
Le film indépendant, d’une grande violence (classé R aux USA, avec des plans gore bien fichu), est lancé par le distributeur Neon quand parallèlement une autre production de “nunsploitation”, à mi-chemin entre L’Exorciste et Rosemary’s Baby sort : La Malédiction : l’origine. Ce sont les deux mêmes films, avec une Américaine en exil, un cadre italien religieux et une grossesse mystérieuse orchestrée par des complotistes religieux avec un effroyable dessein. D’ailleurs, ces deux films sont tellement semblables que les mêmes actrices italiennes se retrouvent au générique.
Si La Malédiction : l’origine est plus abouti, dans sa réalisation souvent inspirée et son sous-texte plus politique (le contexte contemporain de la mise à mal de l’avortement aux USA où la doctrine religieuse semble l’avoir emporté sur le droit à la femme de disposer de son corps est ici renvoyé au combat pour l’avortement au début des années 70), Immaculé n’est pas un mauvais bougre. 2024 a été jalonné de produits horrifiques soporifiques (Imaginary, Night Swim) destinés à des adolescents qui ont accueilli triomphalement des navets comme Conjuring 3 ou Insidious 4. A titre de comparaison, ce premier film de cinéma de Michael Mohan ne manque pas d’ambitions cinématographiques. Les décors italiens titillent la nostalgie de l’époque des grands gialli. Tourné à la Villa Parisi, Immaculate investit le cadre avec un certain bonheur. La caméra de Mohan s’en inspire pour magnifier la majesté des lieux, imbibés de surnaturel et de religiosité maléfique. Immaculé est formellement séduisant, mais cet acquis ne va pas forcément donner de la substance au script languissant. La narration piétine, la progression est convenue et le jeu des comédiens est fragile. Ils enferment parfois cette tentative d’épouvante pour adultes dans l’écrin télévisuel de certains programmes pour plateformes. En particulier le jeu de l’Espagnol Álvaro Morte (La Maleta), au charisme limité des acteurs de DTV.
Alors il reste Sydney.
Sweeney, la star, enceinte d’un miracle, entre roulement des yeux et cauchemars répétés, se lâche surtout dans la furie des dernières scènes, même si la conclusion finale partage les avis. Entre violence ultime actée dans la suggestion ou la frustration d’un film souvent gore et inspiré, qui a préféré s’arrêter quand on commençait enfin à trouver le temps moins long, la fin d’Immaculée ne saura faire l’unanimité et devrait laissé un goût d’inachevé quand on aurait aimé être tous horrifiés.
Avec 15M$ au box-office américain, soit un peu moins que le prequel de La Malédiction, Immaculée n’a pas été totalement à la hauteur des attentes, mais son budget restreint, son classement R (et non PG-13 comme Night Swim et Imaginary) et sa diffusion via un distributeur indépendant (La Malédiction : les origines a été marketé par Disney) limitent l’insatisfaction. En France, Métropolitan FilmExport, à la distribution, est parvenu à en tirer plus de 200 000 entrées, soit les plus grosses recettes mondiales du film, juste devant le Royaume-Uni.
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