Inédit chez nous, Il bello, il brutto, il cretino est une parodie assez poussive du Bon, la brute et le truand, qui pourra néanmoins plaire aux inconditionnels du duo sicilien Franco & Ciccio.
Synopsis : Deux brigands apprennent d’un mourant qu’un trésor se trouve enterré dans une tombe d’un cimetière. L’un arrive à obtenir le nom du cimetière, l’autre, celui de la tombe. La course poursuite commence…
Critique : Il bello, il brutto, il cretino est le dernier des trois westerns de Giovanni Grimaldi. Il fait ainsi suite à Un mercenaire reste à tuer (1965) et Starblack (1966). Dans ces films, Grimaldi développait une vision très personnelle du genre, influencée par le serial, le cinéma de John Ford et les innovations de Leone. Las, Il bello, il brutto, il cretino semble une pure œuvre de commande, tant elle ne porte pas la marque de son auteur. Même s’il a signé le script du film, Grimaldi s’efface entièrement au profit du duo Franco & Ciccio. De fait, la réalisation du film est absolument inintéressante, sans personnalité aucune. On ne peut s’empêcher d’être déçus, au vu de la créativité dont Grimaldi a fait preuve dans ses précédents travaux.
Il bello, il brutto, il cretino est une parodie sans grands moyens
Il bello, il brutto, il cretino souffre malheureusement d’un budget très léger. Cela se ressent en particulier au niveau des décors, puisque le film a été tourné entièrement en Italie. La photographie en est réduite au strict minimum et les scènes de nuit sont ratées. La musique, du type piano de saloon (même dans des scènes en extérieur) est omniprésente et devient vite agaçante. Certes, nous sommes face à une parodie et on peut se montrer un peu plus indulgent face à ces défauts. Néanmoins, le film se veut très proche de l’original, puisqu’il en reprend les scènes clés pour les détourner. L’inévitable comparaison qui s’opère avec les scènes les plus spectaculaires du film de Leone dessert ainsi grandement sa parodie.
Il bello, il brutto, il cretino détourne habilement certaines scènes du Bon, la brute et le truand, mais se révèle trop mou pour convaincre
Cette grande fidélité au matériau d’origine fait la force d’Il bello, il brutto, il cretino , mais amène aussi quelques écueils. D’une part, le film maîtrise très bien l’art de la référence et du détournement. Grimaldi réinvestit brillamment la scène des uniformes poussiéreux ou celle de la torture dans le camp militaire. D’autre part, certains passages du film original sont plus drôles que la parodie, ce qui est, somme toute, un comble. Enfin, Il bello, il brutto, il cretino souffre de gros problèmes de rythme. De fait, le film démontre à merveille le caractère relatif du temps, car malheureusement l’heure et demie du film semble infiniment plus longue que les deux heures quarante du chef-d’œuvre de Leone.
En définitive, Il bello, il brutto, il cretino est à conseiller avant tout aux fanatiques de Franco & Ciccio. En effet, les deux acteurs sont très charismatiques et dégagent beaucoup de bonne humeur à l’écran. Certaines scènes sont franchement amusantes et l’humour ne tombe jamais dans la vulgarité qui sera l’apanage du western fayot. Malheureusement, le tout a beaucoup vieilli et seule la nostalgie d’une époque innocente et révolue peut décemment motiver la recommandation du visionnage de ce film oublié.
Critique : Kevin Martinez