Sur un scénario efficace de Sylvester Stallone, Jason Statham fait montre d’une grande forme dans Homefront, série B pugnace qui tient parfaitement la route.
Synopsis : Ancien agent de la DEA (Brigade américaine des stupéfiants), Phil Broker se retire dans un coin tranquille de la Louisiane avec sa fille pour fuir un lourd passé… Mais Broker ne tarde pas à découvrir qu’un dealer de méthamphétamines, Gator Bodine, sévit dans la petite ville et met en danger sa vie et celle de sa fille. Face à la menace et à la violence croissantes, Broker n’a d’autre choix que de reprendre les armes…
Sylvester Stallone au script
Critique : Ecrit depuis de nombreuses années par Sylvester Stallone, le scénario de Homefront, adapté d’un roman de Chuck Logan, a traîné longtemps dans les tiroirs de la star. Il fut même envisagé un temps pour servir d’ultime chapitre à la saga Rambo, avant que Stallone ne se ravise et n’intègre une sous-intrigue supplémentaire impliquant un trafic de drogues.
Longtemps prévu pour être tourné par Sylvester lui-même, le script d’Homefront échoue finalement dans l’escarcelle de Jason Statham suite à sa participation fructueuse à la saga bodybuildé Expendables. Le tout est mis en boîte avec professionnalisme par Gary Fleder, cinéaste qui fut un temps considéré comme un espoir du cinéma américain des années 90 (Dernières heures à Denver, Le collectionneur) avant de s’abandonner à l’anonymat de la production télévisuelle.
Homefront est un Jason Statham de haute volée
Si cette réunion d’anciens combattants peut légitimement inquiéter sur le papier, il faut bien avouer que Homefront est un Jason Statham de haute volée. La série B se fraie un chemin dans les salles quand la star britannique enchaîne mécaniquement les rôles où il sert de machine à concasser les méchants dans des produits invariablement télévisuels.
Homefront donne l’occasion au grand Statham de prouver qu’il peut également être un comédien convaincant, et ceci même si son rôle n’échappe pas toujours aux stéréotypes du bon gars qu’il ne faut pas faire chier. La grande force du film de Gary Fleder est d’ailleurs de parvenir à nous servir une soupe déjà vue mille fois sans que cela n’entame le plaisir du spectateur.
Au passage, les amateurs du cinéma de Stallone reconnaîtront bon nombre de thèmes qui lui sont chers comme celui de la famille brisée, de la défense du territoire et d’une peinture assez réaliste des classes défavorisées – ici les laissés-pour-compte d’un bled paumé de Louisiane.
Bien évidemment, ceux qui sont allergiques aux phrases toutes faites de Stallone sur “les-vraies-valeurs-qui-font-de-vous-un-homme” risquent de s’énerver de temps à autre, mais son auteur n’insiste lourdement et parvient à brosser avec suffisamment de nuances la psychologie de ses personnages pour que l’on ne s’offusque pas de ces inévitables maladresses. Quand il s’agit de cogner, le long-métrage sait se faire diablement efficace et chaque coup porté par Statham fait vraiment mal.
Une bonne série B à l’ancienne
Si l’on doit émettre un seul petit bémol, il vient du peu de scènes de confrontation entre Statham et James Franco, le bad guy de service, ici peu avant son flingage par #MeToo, tant l’alchimie entre les deux acteurs fonctionne à plein régime. Ils sont également secondés par un casting de gueules impeccables, au milieu duquel on est heureux de retrouver Winona Ryder dans un rôle musclé qui tient définitivement du contre-emploi.
Certes, l’on ne risque pas un rhume de cerveau en fréquentant les salles de cette bonne série B à l’ancienne, mais le divertissement, lui, est assuré.
Box-office :
Avec plus de 5 millions de dollars de recettes en France, soit 648 000 spectateurs, Homefront a réalisé son meilleur score hors des Etats-Unis sur notre territoire. Un chiffre impressionnant, l’un des meilleurs de l’acteur hors des franchises Fast & Furious, Expandables et Le transporteur. C’est un score même supérieur à Braquage à l’Italienne et Braquage à l’anglaise, Snatch, The One, ou même le premier Transporteur 1. Seuls Spy et surtout The Meg (En eaux troubles) feront mieux.
Homefront sera l’un des titres phare de Wild Bunch en 2014, lors d’une année exceptionnelle qui positionnait la société en 9e position des distributeurs cette année-là. Plus jamais, le distributeur ne réitérera cet exploit, commençant une longue chute en enfer. L’une des plus subites et amères pour un gros distributeur français.
En première semaine, dans seulement 202 cinémas, le film d’action réunit 218 000 spectateurs, avec une moyenne de 1 084 spectateurs. Il se positionne en 3e place d’un box-office post vacances de Noël, où l’on trouve dans le top 10 Yves Saint-Laurent, Le loup de Wall Street, le premier Belle et Sébastien, Le Hobbit 2, La Reine des Neiges et Paranormal Activity : The Loved Ones… En deuxième et troisième semaines, la réalisation de Gary Fleder se maintiendra bien (-24%, -32%), avec 166 000 et 112 000 entrées.
Les USA de leur côté lui accorderont 20M$ pour un budget de 22M$, lors d’une mise en place le long week-end de la Thanksgiving, en 2013, sur 2 570 salles.
Box-office par Frédéric Mignard
Sorties de la semaine du 8 janvier 2014
Illustrateur The Alamo – © 2013 Homefront Productions, Inc.
Biographies +
Gary Fleder, Jason Statham, Frank Grillo, James Franco, Clancy Brown, Winona Ryder, Kate Bosworth