Apôtre de la fin du monde, Alberto De Martino signe avec Holocaust 2000 un film d’exploitation diaboliquement efficace, doté d’une ambiance anxiogène parfaitement maîtrisée. A réévaluer.
Synopsis : Un ingénieur chargé de la construction d’une centrale nucléaire dans un pays du Tiers Monde décide de stopper ses travaux à la suite de la mort mystérieuse de tous les opposants au projet. Après la découverte de signes maléfiques sur les lieux même du site, l’ingénieur pense qu’il travaille à l’œuvre du Malin…
Un pur film d’exploitation
Critique : Dans les années 70, la thématique de la venue de l’Antéchrist est très en vogue, notamment depuis le triomphe rencontré par L’exorciste (Friedkin, 1973). Il n’est guère étonnant de voir les Italiens s’emparer d’un tel sujet qui touche directement à la foi catholique, encore très ancrée dans ce pays.
Cinéaste qui a toujours officié dans le pur cinéma d’exploitation, Alberto De Martino se lance dès 1974 dans une première photocopie du succès américain avec le bien nommé L’Antéchrist qui remplit plutôt bien son office de divertissement. Quelques années plus tard, De Martino revient à cette même veine avec Holocaust 2000 au titre vraiment improbable, mais qui vend la promesse d’un spectacle apocalyptique comme on en produisait à la chaîne à cette époque.
Un casting international plutôt prestigieux
Comme toujours, les Italiens embauchent des acteurs internationaux comme Simon Ward ou Anthony Quayle, parvenant même à convaincre la star américaine Kirk Douglas. Ce dernier accepte alors des rôles moins prestigieux dans des divertissements populaires, au risque de déplaire aux critiques, comme bon nombre de ses pairs qui connaissent une baisse de popularité à cause de leur âge avancé.
Ici, la star n’hésite pas à s’exposer dans toute sa nudité d’homme de plus de 60 ans durant une scène de rêve apocalyptique, preuve d’une réelle abnégation par rapport au projet. Pourtant, tout fleurait bon le nanar dans cette histoire qui exploite à la fois la peur du nucléaire, le dérèglement climatique et les angoisses millénaristes. Aussi étonnant que cela puisse paraître, le scénario de Sergio Donati tient plutôt bien la route et propose même une analyse de la situation mondiale en avance sur son temps.
Des thématiques toujours actuelles qui valorisent ce long-métrage alarmiste
Ainsi, les auteurs s’inquiètent déjà de l’impact de l’activité humaine sur l’environnement, ainsi que des inégalités manifestes entre les pays développés et ceux de ce que l’on appelait encore le Tiers-Monde. Certes, ces thématiques ne sont évoquées que succinctement et sans aucun doute pour surfer sur les angoisses issues de mai 68, mais elles permettent de rendre le spectacle encore efficace de nos jours.
Autre élément de satisfaction, les décors futuristes utilisés ne font pas ringards plus de quarante ans après leur conception. La salle des ordinateurs peut même être vue comme précurseur de Cerebro dans la saga X-men. La réalisation très classique d’Alberto De Martino, entièrement vouée à l’efficacité immédiate, crée progressivement une ambiance de malaise palpable. Un peu comme le fera par la suite un Lucio Fulci dans ses œuvres horrifiques, De Martino effectue des coupes sèches qui ne prennent pas de gants avec le spectateur et encore moins avec la musique d’Ennio Morricone. Ce qui était vu à l’époque comme des erreurs grossières de montage participe beaucoup au plaisir ressenti de nos jours devant ces œuvres qui maltraitent les spectateurs en rompant avec les règles cinématographiques de base.
Morricone crée une ambiance hautement anxiogène
Il faut ajouter à cela l’apport majeur de Morricone qui compose une fois de plus une musique alternant dissonance et pompe religieuse avec maestria. Il contribue largement au plaisir éprouvé durant la projection de ce long-métrage au rythme lent, mais savamment étudié.
Si le nombre de morts est assez réduit, la plupart des meurtres s’avèrent ingénieux et parfois même gore (vous ne verrez plus les pales d’un hélicoptère de la même manière après ce film). Très critiqué lors de sa sortie à cause de sa thématique assez réactionnaire qui vante le recours à la religion face à une science aveugle, on peut désormais voir Holocaust 2000 dans une autre optique. Effectivement, le long-métrage alerte sur les dangers du nucléaire et critique du même coup l’emprise des multinationales sur nos vies dans une perspective anticapitaliste plutôt visionnaire.
On peut tout aussi bien voir le film pour ce qu’il est, à savoir une excellente série B ritale qui ravira tous les amoureux de ce cinéma bis des années 70-80. A sa sortie, le métrage n’a attiré que 109 874 curieux dans les salles françaises. Il méritait pourtant davantage d’égards au vu de ses qualités intrinsèques.
Critique de Virgile Dumez