Accident industriel indescriptible, Highlander, le retour cumule toutes les tares possibles et imaginables. Un sommet dans son genre.
Synopsis : En 1999, Connor MacLeod conçoit un gigantesque bouclier qui a pour objectif de protéger la terre des rayons du soleil, la couche d’ozone ayant disparue. Ce bouclier est géré par une très puissante société asservissant l’humanité. En 2024, deux immortels sont envoyés sur terre par le général Katana pour tuer MacLeod. Ce dernier parvient à décapiter les deux sbires, ce qui lui permet à la fois de retrouver son immortalité et de ressusciter Ramirez, son ancien ami mort quatre siècles plus tôt. Katana décide donc de se charger lui-même de tuer MacLeod et Ramirez. Parallèlement à cette lutte acharnée, les deux héros apprennent que la couche d’ozone s’est reformée, et vont également devoir faire face à cette mystérieuse compagnie qui exploite les hommes pour s’enrichir.
La suite improbable d’un film culte
Critique : Alors que le premier Highlander devient au cours des années 80 un objet de culte, y compris aux Etats-Unis où il a pourtant été un gros échec commercial, les producteurs de la compagnie DPP initient une suite afin de capitaliser sur cette notoriété tardive.
Il est toutefois bien difficile de réactiver une intrigue qui semblait irrémédiablement close à la fin du film original. C’est le défi lancé au scénariste Peter Bellwood qui doit donc expliquer comment Connor MacLeod retrouve son immortalité, mais aussi comment Ramirez peut revenir d’entre les morts puisque les producteurs tiennent absolument à la participation de Sean Connery. Autant le dire tout de suite, aucune justification développée dans le métrage final – que ce soit dans la version de 1991 ou dans la récente Renegade Version – n’est crédible. Pire, le scénario est d’une totale incohérence, non seulement par rapport à l’épisode précédent, mais également au sein même du long-métrage.
Lambert et ses camarades rivalisent de médiocrité
En réalité, on a vraiment l’impression d’assister à plusieurs films en un seul. Parfois, les scènes se succèdent sans que l’on comprenne vraiment le lien entre elles, d’autant que l’esthétique développée est également trop disparate. Cela commence pourtant bien avec une scène impressionnante dans un opéra où Russell Mulcahy semble citer le Terreur à l’opéra de Dario Argento avec sa caméra tournoyante.
Malheureusement, le spectateur déchante très vite dès qu’apparaît Christophe Lambert grimé en grand-père. L’acteur y livre une prestation déplorable qui plonge rapidement le film dans l’enfer du bis. Pourtant, il est loin d’être le plus mauvais dans ce naufrage. On a une pensée émue pour Michael Ironside qui se fourvoie en méchant éructant toute sa haine, ou encore pour le pauvre John C. McGinley qui est mauvais comme un cochon en PDG dictatorial. On sauvera une fois de plus Sean Connery qui ne fait d’ailleurs que passer et toucher un joli chèque. On évoque la coquette somme de 3,5 millions de dollars pour six jours de tournage.
Certes, les auteurs n’ont cessé de clamer que le tournage en Argentine fut un cauchemar et que le dépassement du budget a précipité le montage, ainsi que toute la période de post-production (la plupart des effets spéciaux ne furent pas achevés). Pour autant, les scènes supplémentaires ajoutées dans la fameuse Renegade version, sorte de Director’s cut, n’arrangent absolument pas les affaires de cet accident artistique et industriel.
Un patchwork d’influences mal digérées pour une bouillie cinématographique
L’histoire est toujours aussi incohérente et stupide, les acteurs sont irrémédiablement mauvais, les scènes d’action n’ont pas plus d’impact et la musique de Stewart Copeland sonne toujours de manière informe. Pire, Highlander, le retour tombe si bas qu’il en devient pathétique. Malgré des décors soignés et un budget cossu, tout ce qui est filmé par Russell Mulcahy tombe dans le ridicule, que ce soit les deux méchants aux coiffures de porc-épic, l’histoire de ce dôme qui protège le monde ou encore le message écologique bien lourdingue, tout concoure à faire de cette suite une purge.
D’ailleurs, les carrières de ceux qui ont été impliqués dans ce navet ont sérieusement marqué le pas. Russell Mulcahy est vite devenu un coutumier des DTV insipides, tandis que Christophe Lambert est devenu la caricature de lui-même en s’enfonçant d’année en année dans les profondeurs du cinéma Z.
Un accident industriel qui n’a pourtant pas enterré la franchise
Pourtant, sans être un succès, Highlander le retour a tout de même cumulé près de 16 millions de dollars aux Etats-Unis, tandis que la France a salué le retour des immortels avec près de 1,4 million d’entrées sur tout le territoire français. Certes, c’est quatre fois moins bien que le précédent, mais au vu de l’ampleur du désastre artistique, c’est plutôt bien payé. Cette sérieuse déconvenue n’a pourtant pas eu pour effet de tuer dans l’œuf la franchise qui va creuser à chaque fois un peu plus profondément sa tombe.
Critique de Virgile Dumez
La franchise Highlander
Les sorties de la semaine du 6 février 1991
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