Devenu culte avec le temps, Highlander était dans les années 80 une proposition novatrice mêlant de manière habile le cinéma populaire et l’esthétique tape à l’œil du vidéo-clip. Assurément une référence dans ce genre.
Synopsis : Connor Macleod est un immortel. Il traverse les Ages depuis son Ecosse de 1536, multipliant les rencontres, les expériences et les combats…Car depuis plus de 400 ans Macleod affronte dans des luttes sans merci d’autres immortels pour remporter Le Prix. Le seul moyen de le tuer est de leur trancher la tête et c’est ce qu’il s’évertue à faire depuis des siècles tout comme son ennemi juré : le Kurgan. Un guerrier sadique ayant tué la majorité des immortels. C’est dans le New York de 1986 que Macleod prépare le combat ultime qui fera de lui le dernier des immortels. Il ne peut en rester qu’un.
Russell Mulcahy, grand espoir des années 80, au pic de sa créativité visuelle
Critique : Suite à des vacances passées en Ecosse, le scénariste Gregory Widen tombe sous le charme des Highlands et face aux armures des combattants des montagnes, il imagine utiliser ce bagage historique pour en tirer une intrigue tirant vers le fantastique. Il rédige alors un scénario très sombre qui sera ensuite largement remanié pour donner naissance au Highlander que nous connaissons aujourd’hui.
Acheté et développé par la société américaine DPP (Davis-Panzer Productions), le script intéresse notamment le réalisateur australien Russell Mulcahy qui voit là l’opportunité de confirmer son statut de jeune cinéaste à suivre. Surtout reconnu dans le domaine du vidéo-clip, Mulcahy vient déjà de se faire remarquer avec son premier long-métrage, l’excellent Razorback (1984). Il s’embarque donc avec passion dans ce nouveau projet où il peut bénéficier d’un budget conséquent et d’un casting prestigieux grâce à la présence de Sean Connery. A noter d’ailleurs que la star a reçu la coquette somme d’un million de dollars pour une seule semaine de travail. Par contre, le jeune Christophe Lambert est engagé alors qu’il ne parle pas vraiment l’anglais, ce qui posera quelques problèmes de logistique.
Une claque visuelle entretenue par un script mystérieux
Au final, Highlander apparaît encore aujourd’hui comme une pure claque visuelle, grâce à une utilisation particulièrement audacieuse de vastes mouvements de grue. La véritable star du film est en quelque sorte la caméra qui ne cesse de se faufiler partout où elle le peut. Le cinéaste se sert également de sa connaissance du vidéo-clip pour jongler habilement entre les différentes époques qu’il entremêle parfois au sein d’un même plan. Parfaitement révolutionnaire à l’époque, cette narration originale a beaucoup fait pour le culte voué par la suite à cette œuvre hors norme.
Cette histoire d’immortalité et de concours pour obtenir un Prix qui reste mystérieux jusqu’à la fin est pour le moins intrigante et ne correspond finalement à pas grand-chose de connu. La confrontation entre ces chevaliers d’un autre temps et la modernité donne lieu à des séquences hallucinantes de combats à l’épée dans des parkings ou sur les toits d’immeubles. On reste également pantois d’admiration devant les séquences pyrotechniques qui suivent chaque duel. Finalement, le seul film qui peut être considéré comme une inspiration directe, aussi bien sur le plan thématique que formel n’est autre que le Duellistes de Ridley Scott.
Le groupe Queen dynamite la bande-son
Interprété avec un certain charisme par Christophe Lambert et largement soutenu par le charme fou dégagé par un Sean Connery en mode vieux sage, Highlander bénéficie également d’un méchant d’anthologie incarné avec dérapages contrôlés par Clancy Brown. Enfin, tout ceci est largement magnifié par la bande-son pétaradante du groupe Queen qui devait s’acquitter d’une seule chanson au départ, mais qui a fini par en livrer plusieurs devant la qualité du film.
Quand on se souvient de la bouillie infâme concoctée par le groupe pour Flash Gordon, on peut s’estimer heureux du résultat final avec un entraînant A Kind of Magic, une magnifique Who Wants To Live Forever et des titres aussi puissants que Gimme The Prize, Don’t Loose Your Head ou Princes Of The Universe. De quoi largement faire du long-métrage une œuvre totalement culte.
Pourtant, n’oublions pas que le film fut un échec commercial lors de sa sortie aux Etats-Unis où il ne rapporta que six petits millions de dollars de recettes. Finalement, il n’y a vraiment eu que la France pour pleinement succomber au charme du film qui se classe à la septième marche du podium de l’année 1986 avec plus de quatre millions d’entrées sur notre territoire. Toutefois, le culte entourant le métrage a poussé les Américains à acheter en masse la vidéo et finalement Highlander fut un succès sur la durée. C’est ce qui explique la création de suites, d’une série télévisée et de nombreux produits dérivés. Pourtant, la qualité ne sera jamais vraiment au rendez-vous et cette saga peut donc être largement réduite à cet unique film.
Critique de Virgile Dumez