Fantômes : la critique du film (2002)

Drame, Fantastique | 1h35min
Note de la rédaction :
6/10
6
Fantômes de Jean-Paul Civeyrac, affiche du film 2

  • Réalisateur : Jean-Paul Civeyrac
  • Acteurs : Guillaume Verdier, Jean-Claude Montheil, Dina Ferreira, Emilie Lelouch, Serge Bozon, Claire Doyon, Vladimir Perišić
  • Date de sortie: 13 Mar 2002
  • Nationalité : Français
  • Scénariste : Jean-Paul Civeyrac
  • Directrice de la photographie : Céline Bozon
  • Distributeur : Magouric Distribution
  • Éditeur vidéo : Blaq Out
  • Sortie vidéo : 8 juin 2006
  • Box-office France / Paris-périphérie : 3 643 entrées / 2 865 entrées
  • Festival : Berlinale - Sélection Forum, Festival de Belfort Entrevues - Grand prix, BAFICI Festival international du cinéma indépendant de Buenos Aires - Rétrospective Jean-Paul Civeyrac Festival du film francophone de Vienne - Sélection long-métrage
  • Format : 1.85 : 1 / Son : Dolby SR
  • Crédits affiche : © 2001 Les Films Pelléas. Tous droits réservés.
Note des spectateurs :
Fantômes de Jean-Paul Civeyrac, photo 2

© 2001 Les Films Pelléas. Tous droits réservés.

Œuvre de la radicalité, Fantômes s’inscrit dans la veine la plus expérimentale du cinéma de Jean-Paul Civeyrac. A réserver à un public désireux d’explorer le versant le plus périlleux du cinéma d’auteur français.

Synopsis : Au début du troisième millénaire se produit à Paris un phénomène inattendu. Des gens disparaissent de manière inexpliquée et demeurent introuvables.

Un cinéma de l’errance entre le monde des vivants et des morts

Critique : Avec Les solitaires (2000), le réalisateur indépendant Jean-Paul Civeyrac a trouvé son style propre qui s’inscrit dans une certaine tradition d’un cinéma d’auteur exigeant, proche de celui d’un Robert Bresson. Il y développait notamment une sensibilité fantastique en faisant s’entrechoquer le monde des vivants et celui des morts dans une danse frénétique.

Fantômes de Jean-Paul Civeyrac, photo

© 2001 Les Films Pelléas. Tous droits réservés.

Avec Fantômes (2001), Civeyrac semble vouloir approfondir cette thématique en la rendant systématique. Certes, le postulat de départ appartient bien au domaine du fantastique avec ces disparitions mystérieuses qui semblent affecter une partie de la population mondiale, mais Jean-Paul Civeyrac n’exploite jamais ce pitch de manière conventionnelle par le biais d’une intrigue construite. En réalité, il orchestre surtout la valse entre des êtres perdus dont on ne sait plus vraiment au bout d’un moment s’ils sont vivants ou morts. Eux-mêmes finissent d’ailleurs par se poser la question, tant les repères semblent abolis.

Civeyrac tente l’improvisation, avec des réussites variables

Le cinéaste ne facilite aucunement le travail du spectateur puisqu’il tourne ici son premier film choral où une multitude de personnages sont convoqués, sans que l’on saisisse bien les rapports qu’ils entretiennent entre eux. Il y a bien le personnage d’Antoine – très convaincant Guillaume Verdier déjà vu et apprécié dans Ni d’Eve ni d’Adam (1996) – dont nous suivons les hésitations amoureuses. Il sert clairement de fil conducteur dans une œuvre pourtant très lâche dans sa structure puisque le long-métrage a été tourné sans scénario. Ses atermoiements font évidemment songer au cinéma d’Eric Rohmer, dont l’ombre tutélaire est présente par le sous-titre même du film Contes d’amour pour aujourd’hui.

Tourné une fois de plus en vidéo, pour d’évidentes raisons économiques, Fantômes est donc un film qui nécessite un total lâcher-prise de la part du spectateur. Constitué de passages improvisés, le long-métrage gagne en liberté de ton et d’esprit ce qu’il perd en rigueur et en profondeur. Civeyrac emprunte donc une voie bien plus ardue, celle d’un cinéma purement intellectuel et à la lisière de l’expérimental. Le résultat est foncièrement inégal, alternant moments inspirés (le plan-séquence où une dame âgée danse au cœur de son appartement avec les fantômes de son existence passée), avec des passages à vide qui peuvent éconduire le spectateur.

Des ténèbres à la lumière

Film qui se déroule majoritairement dans les ténèbres d’appartements aux murs vides, Fantômes se termine toutefois par une jolie séquence le long de falaises, tandis que le personnage principal semble touché par une épiphanie. La philosophie qui se dégage du long-métrage est donc de profiter au maximum des diverses expériences offertes par l’existence, afin d’accueillir avec sérénité l’inévitable dissolution de l’être dans le grand Tout.

Très ambitieux dans son propos, traversé de belles fulgurances, Fantômes n’est donc pas une œuvre qui se livre facilement et fait partie des expériences les plus radicales proposées par un auteur qui saura revenir à une forme plus séduisante par la suite.

Critique de  Virgile Dumez 

Les sorties de la semaine du 13 mars 2002

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Fantômes de Jean-Paul Civeyrac, affiche du film 2

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Fantômes de Jean-Paul Civeyrac, affiche du film 2

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