Dans la lignée du précédent segment , En eaux très troubles est un divertissement nanardesque sympathique et impressionnant, malgré une écriture grossière. Prière de laisser son cerveau à l’entrée de la salle.
Synopsis : Jonas Taylor poursuit son travail de plongeur. Aux côtés de Jiuming Zhang, le frère de Suyin, il part à la tête d’une équipe de chercheurs explorer les profondeurs de l’océan. Cependant, leur périple tourne à la catastrophe lorsqu’une opération d’extraction minière illégale met en péril leur mission tout comme leur vie. Confrontés à d’immenses mégalodons ainsi qu’à des bandits sans pitié, Jonas et ses compagnons doivent échapper à une double menace tout en gardant un temps d’avance sur elle.
La suite inévitable de The Meg
Critique : Avec 530 243 742 $ de recettes mondiales, le premier volet de The Meg intitulé en France En eaux troubles (Jon Turteltaub, 2018) a été un joli succès. Dans nos contrées, le métrage aux dents acérées a croqué plus de 1,6 million de baigneurs, confirmant l’attractivité du film auprès du public international. Conçu initialement pour devenir une franchise lucrative, le film a donc suffisamment généré de profits pour connaître une suite, judicieusement intitulée chez nous En eaux très troubles.
Toujours coproduit par la Chine, le film est cette fois-ci réalisé par le Britannique Ben Wheatley, cinéaste que l’on n’attendait pas à la tête d’une telle entreprise, tant son œuvre paraît à des années-lumière de la franchise. Effectivement, l’auteur de Kill List (2011), Touristes (2012) et High-Rise (2015) a développé un style peu commercial qui en a fait un chouchou de la critique, mais un inconnu pour le grand public. Depuis son engagement à la tête du projet, Ben Wheatley ne cesse de clamer son amour pour le premier film signé Jon Turtletaub et justifie donc son implication dans un tel produit. Ses propos, qu’ils soient sincères ou dictés par les impératifs du studio, peuvent étonner de sa part, mais on peut comprendre l’envie du réalisateur d’obtenir pour la première fois de sa carrière un budget colossal.
Des crocs toujours émoussés dans cette suite conforme au premier volet
Finalement, que ce soit Ben Wheatley ou n’importe qui d’autre derrière la caméra compte peu dans une telle entreprise qui engage des milliers d’intervenants et des producteurs bien présents pour contrôler la conformité du produit fini. Ainsi, ceux qui attendent des dérapages sanglants de la part du cinéaste britannique – habitué à développer un humour grinçant et des ambiances sombres – peuvent toujours rêver, car The Meg 2 est absolument conforme au premier volet. S’il y a bien des morts au menu, le long-métrage est dépourvu de violence graphique et de la moindre goutte de sang. Il s’agit ici de livrer un produit visible par le plus grand nombre, sans choquer qui que ce soit. Il y a bien quelques plans de squale qui avale des proies, mais les crocs se révèlent terriblement peu affutés et le mégalodon préfère gober que croquer.
Avant que les monstres (oui, ils sont plusieurs) n’interviennent, En eaux très troubles débute par une longue heure d’exposition où l’aventure se déroule majoritairement sous l’eau et plus précisément au cœur des abysses. L’ennui n’est pourtant pas de mise grâce à une caractérisation plutôt correcte des personnages et à un désir réel de retrouver l’esprit d’aventure des bandes des années 50 où des protagonistes partent à la découverte de mondes inconnus. Bien entendu, l’intrigue qui oppose des scientifiques défenseurs de l’environnement à des méchants affairistes qui entendent exploiter les fonds marins à des fins pécuniaires est cousue de fil blanc. Toutefois, les différents éléments s’imbriquent plutôt correctement. On peut même trouver l’ensemble un brin trop sérieux durant cette première partie, et ceci malgré un script déjà peu crédible.
Comme un air d’Asylum, avec beaucoup plus d’argent
Heureusement, au bout d’une heure, les bébêtes géantes sont enfin lâchées sur les plages de la Thaïlande et le film peut enfin réellement partir en vrille. Grâce à un humour au second degré et un script qui ose absolument tout dans le style des productions de la firme Asylum (genre Sharknado et autres Sharktopus), En eaux très troubles révèle enfin sa vraie nature : un nanar à plus de 100 millions de dollars qui n’a pour vocation que de divertir en laissant son cerveau à l’entrée de la salle. Cette dernière partie est volontairement grossière, outrancière dans ses péripéties maritimes et dirons-nous d’une bêtise abyssale. Mais après tout, n’étions-nous pas venus pour cela ?
Alternant des passages très drôles – au dixième degré tout de même – avec des moments plus énervants (les clichés made in 90’s abondent, comme le chien que l’on va sauver alors que des dizaines de personnes meurent autour, ou encore le sidekick black), En eaux très troubles a le mérite d’être extrêmement généreux en matière d’action et de proposer un bestiaire étendu qui comprend d’ailleurs quelques animaux préhistoriques terrestres. Divertissement total et surtout décérébré, En eaux très troubles est donc une suite dans la lignée du précédent volet porté par un Jason Statham toujours aussi charismatique. Pour un peu, on signerait presque pour un troisième opus…
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 2 août 2023
Biographies +
Ben Wheatley, Jason Statham, Jing Wu (Wu Jing), Cliff Curtis, Sergio Peris-Mencheta, Shuya Sophia Cai
Mots clés
Les animaux tueurs au cinéma, La terreur sous-marine au cinéma, La mer au cinéma, Les animaux au cinéma