Dragons 3D, premier film d’une trilogie animée réalisée par Dean DeBlois, évoque le droit à la différence dans un monde barbare et invite à apprivoiser la bête sauvage qui sommeille en nous. Ce triomphe de l’animation des années 2010, signé Dreamworks, jouit d’un script original solide et d’une réalisation carrée et enthousiasmante.
Synopsis : L’histoire d’Harold, jeune Viking peu à son aise dans sa tribu où combattre les dragons est le sport national. Sa vie va être bouleversée par sa rencontre avec un dragon qui va peu à peu amener Harold et les siens à voir le monde d’un point de vue totalement différent.
Critique : Dragons 3D, projet original pour Dreamworks, sort en salle le 31 mars 2010, entre trois films moins inspirés pour le studio qui n’a eu de cesse de vouloir rivaliser avec Disney durant la décennie précédente. Entre les moins réussis Monstres contre Aliens, Shrek 4 – il était une fin, et Megamind, Dragons 3D s’affranchit de la morosité pour ouvrir la voie à une trilogie qui engrangera en salle plus d’ 1 500 000 000$ ! Invincible, c’est autour d’un reboot live de prendre son envol quinze ans plus tard, toujours réalisé par Dean DeBlois, cinéaste commun entre les 4 longs métrages. Chris Sanders était le co-réalisateur du premier métrage qui nous intéresse ici.
© 2010 DreamWorks Animation LLC. All Rights Reserved
En plantant le décor chez ces barbares de Vikings, le studio Dreamworks Animation ne pouvait faire de Dragons qu’un énième film de combats épiques, sans la violence et la brutalité musquées des colosses qui habitaient les drakkars, pour ne pas mal influencer, voire choquer les gamins.
Les Vikings sont donc ici un peuple de valeureux guerriers dont la seule préoccupation est de combattre les différentes espèces de dragons qui viennent mettre à sang leurs villages pour se repaître de leur bétail.
Dans ce contexte, il est alors difficile, quand on est jeune, chétif, peureux et maladroit, d’être à la hauteur virile de son père, surtout quand celui-ci est une bête de force et de courage, et, évidemment, chef de la communauté ! Cet anti-héros plein d’émotions essentielles comme la compassion ou l’empathie, c’est Harold, un ado freluquet plutôt sympathique qui ne ferait pas de mal à un dragon, surtout quand un jour, il tombe sur l’une de ces créatures, parmi les plus rares et les plus intelligentes, un spécimen blessé de furie nocturne, qu’il va sauver, au lieu de l’exterminer comme tout bon Vikings qu’il est.
La relation contre nature entre l’ado et le monstre est probablement la grande réussite de ce métrage. Dans des décors naturels superbes, très proches d’un film live, les deux amis se découvrent et s’apprivoisent réciproquement, avec tendresse et humour. Toutefois, ce qui est curieux pour ce genre de film, leur relation n’est pas forcément développée à travers une dynamique comique. Le superbe design de l’animal mythique, plus proche du diablotin noir que du dragon fantastique, s’écarte des dizaines de dragons rencontrés dans le métrage, tous des contrepoids farfelus au sérieux de l’histoire d’Harold et de son dragon Krokmou.
Production sensible et sérieuse, s’approchant de l’émotion que procurent les acteurs fait de chair et de sang, Dragons n’en oublie pas pour autant l’action spectaculaire, lors de séquences un peu prévisibles. On pense notamment à la vertigineuse séquence finale contre un dragon gigantesque, qui était écrite, à l’instar de l’évolution psychologique des personnages dès les premières lignes du scénario. Pour les gamins, plus habitués à l’humour débridé d’un Madagascar ou Kung-Fu Panda, le premier degré sera sûrement perçu comme une source d’excitation. Le récit y est plus palpitant et nécessitera une plus grande implication personnelle.
Au final, ce nouvel opus des deux réalisateurs de Lilo et Stitch est une agréable surprise, très éloignée du français Chasseurs de dragons, qui abordait l’héroïc fantasy de façon lunaire et onirique à peine deux ans auparavant. On lui reprochera seulement de nous proposer un script cousu main, aux rebondissements parfois un peu niais.
Dreamworks Animation avait été relativement discret en 2009, du moins en France où sa seule production de l’année, Monstres contre aliens 3D, n’avait pas réussi à dépasser les 1.300.000 entrées, ce que Kung fu panda (3.23M) ou encore Madagascar 2 (5.2M) étaient largement parvenus à faire un an plus tôt.
How to train your dragon, sobrement rebaptisé Dragons sur notre territoire, se devait d’avoir de l’ambition, celle de démarrer enfin une nouvelle franchise pour Dreamworks Animation qui avait misé 165M$.
Précédemment, le studio avait échoué avec Nos voisins les hommes, Bee Movie : une drôle d’abeille, Monstres contre Aliens, mais la société alors associée à Paramount Pictures pour la distribution mondiale de ses œuvres, avait su générer de nouveaux mythes cinématographiques au détriment du studio Disney, qui était en perte de vitesse dans les années 2000. Après tout, la société animée de Steven Spielberg avait accouché des franchises Shrek et Madagascar, et en 2008, Kung Fu Panda opérait son premier tour dans les salles.
Dragons, auréolé d’une 3D relief à la mode (Avatar est sorti en décembre 2009), est un succès mondial avec pas moins de 494 878 759 $ de recettes en salle. C’est considérable pour un nouveau venu dans un marché favorisant les suites. La tendance est donc à la hausse pour Dreamworks Animation après l’opus de science-fiction, Monstres contre Aliens, en mars 2009, qui était resté sous les 400 000 000 $, en raison d’un bouche-à-oreille défavorable.
Au démarrage, rien ne prédisposait Dragons 3D à connaître de telles hauteurs. Les dragons n’avaient guère la côte après les bides de Cœur de dragon, Donjons et dragons 1 et 2, Chasseurs de dragons, Le règne du feu ou encore d’Outlander et d’Eragon.
Le film de Chris Sanders et Dean DeBlois encaisse 43 M$ dans 4 055 salles pour son premier week-end. La production épique va néanmoins rester 7 week-ends au-dessus des 10 millions de dollars et 10 semaines dans le top 10 nord-américain. Le score est d’autant plus remarquable que la superproduction animée affrontait l’increvable phénomène de Disney, Alice au pays des merveilles 3D de Tim Burton, qui venait de passer 3 semaines en pôle position, ou Le Choc des Titans, qui débarquait lors de sa deuxième semaine d’exploitation.
Aux USA, Dragons 3D achève sa carrière en 10e place annuelle, derrière Toy Story 3 (415 M$), Moi, moche et méchant (251 M$, succès surprise pour Universal) et Shrek 4 (238 M$). Néanmoins, le récit guerrier est plus valeureux que Raiponce de Disney (200 M$) et Megamind, l’autre DreamWorks de fin d’année (143 M$).
Quelques pays sont particulièrement réceptifs à son offre d’aventures chevaleresques : le Royaume-Uni (26,4 M$), la Corée du Sud (25 M$), la Russie (23,4 M$), la France (22 M$), l’Australie (16,8 M$), l’Allemagne (15,4 M$). Le film est en revanche un flop au Japon, avec seulement 5,5 M$.
How to Train Your Dragon opérait un démarrage tonitruant pour une franchise risquée qui fera beaucoup mieux avec son deuxième épisode, en 2014.
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