Don Camillo : la critique du film (1984)

Comédie | 2h06min
Note de la rédaction :
4/10
4
Don Camillo, affiche française

Note des spectateurs :

Version modernisée, et surtout molle, des aventures du célèbre curé iconoclaste, Don Camillo est un remake bien terne. La faute en revient à un Terence Hill sans réel charisme dans un rôle ne lui convenant pas.

Synopsis : Version rock, biker’n’gags des aventures du plus célèbre curé de la Péninsule et de son pire ennemi Peppone…

Un projet pas si facile à monter

Critique : Au début des années 80, Terence Hill forme avec son complice Bud Spencer un duo comique qui cartonne au box-office grâce à des œuvres assez grossièrement ficelées, pleines de gags énormes et de bagarres homériques où la baffe est élevée au rang d’art premier. Toutefois, Terence Hill commence à se lasser de ce style dans lequel il se sent prisonnier. Sa femme, Lori Hill, lui présente alors les textes de Giovanni Guareschi ayant pour héros Don Camillo et lui suggère d’en faire une nouvelle version pour un public plus jeune. Cela faisait maintenant plus de quinze ans que le personnage n’avait pas été adapté au cinéma et Terence Hill se dit qu’il tient là l’occasion de réorienter sa carrière.

Malgré l’énorme popularité du personnage en Italie, Hill essuie de multiples refus, au prétexte que l’ensemble est trop démodé. A chaque fois, on lui réclame Bud Spencer dans le rôle de Peppone, ce que Terence Hill veut justement éviter pour que l’on n’associe pas l’humour du duo à ce nouveau projet.

Terence Hill passe à la réalisation pour la première fois

Ne trouvant aucun producteur courageux, Terence Hill décide de créer sa propre structure, en l’occurrence Paloma Productions, afin de financer et de réaliser lui-même ce long-métrage. Il en profite pour officialiser son épouse comme scénariste, mais aussi pour engager son fils Jess Hill, ainsi que son fils adoptif Ross Hill dans des petits rôles. Ce dernier disparaîtra en 1990 dans un terrible accident de la route à l’âge de 16 ans.

Malgré l’origine italienne du long-métrage, Terence Hill a opté pour des acteurs venus d’horizons divers afin de pouvoir mieux l’exporter. Face à lui, on retrouve donc l’acteur irlandais Colin Blakely, célèbre pour des seconds rôles marquants dans La vie privée de Sherlock Holmes (Billy Wilder, 1970), Le crime de l’Orient-Express (Sidney Lumet, 1974) ou encore Equus (Lumet, 1977). Dans les rôles secondaires, on retrouve la jolie Mimsy Farmer, ainsi que quelques vétérans comme Lew Ayres (découvert dans A l’ouest, rien de nouveau, en 1930) ou encore Cyril Cusack (Farenheit 451 de Truffaut, entre autres titres).

Un casting international mal exploité

Malheureusement, ce casting n’est jamais exploité à sa juste mesure par un Terence Hill visiblement mal à l’aise avec la direction d’acteurs. Si Colin Blakely compose un Peppone plutôt correct et Cyril Cusack un évêque crédible, on ne peut qu’être déçu par la prestation insipide de Terence Hill en Don Camillo. Certes, l’acteur a voulu se démarquer de la prestation de Fernandel, mais à force de jouer la sobriété à tout prix, il finit par ôter toute personnalité au curé iconoclaste. Mimsy Farmer, quant à elle, écope d’un personnage de mère totalement incolore auquel elle n’insuffle aucun charisme.

Alors que les saynètes s’enchaînent sans aucun lien narratif – comme dans les films originaux, rappelons-le – le spectateur pourra identifier tel et tel épisode issu des cinq films des années 50-60. A chaque fois, la comparaison est défavorable au film de Terence Hill. Certaines situations sont bien évidemment drôles, mais l’apprenti cinéaste semble incapable de leur insuffler le rythme nécessaire à toute bonne comédie. Sur une durée de plus de deux heures, l’ensemble se traîne lamentablement et ne soulève l’enthousiasme qu’à de rares exceptions.

Un résultat décevant, plombé par une durée excessive

La tentative de modernisation n’est pas particulièrement inventive (en gros on remplace la bicyclette par une moto) et le lissage de l’opposition politique confine au contresens.

Notons enfin que la comédie se dote de tout un aspect moralisateur, certes présent dans les récits de Guareschi, mais qui était moins prononcé dans les films avec Fernandel.

Finalement, l’ensemble paraît étonnamment hétérogène, comme le souligne d’ailleurs la partition musicale très kitsch de Pino Donaggio. Oscillant entre un plaisant pastiche de Vangelis et le pire de la pop ritale synthétique des années 80, la bande son est à l’image d’une œuvre protéiforme.

Cela n’a pas empêché le long-métrage de connaître un certain succès en salles, en net retrait toutefois par rapport aux chiffres habituels de Terence Hill lorsqu’il était associé à Bud Spencer. En France, ils furent plus d’un million de spectateurs à faire le déplacement, dont votre serviteur alors enfant. Par contre, le film fut une vraie déception au box-office italien, alors que le personnage est adulé dans sa contrée d’origine.

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Critique de Virgile Dumez

La franchise Don Camillo

Les sorties de la semaine du 8 février 1984

Don Camillo, affiche française

© 1984 Paloma Films –
Paloma Productions / Illustration : Landi. Tous droits réservés.

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