Don Camillo en Russie (1965)

Comédie | 1h51min
Note de la rédaction :
6/10
6
Don Camillo en Russie, l'affiche

Note des spectateurs :

Ultime volet avec Fernandel et Gino Cervi, Don Camillo en Russie est une comédie sympathique qui bénéficie d’un script bien charpenté. Dommage que sa vision du système soviétique soit si timorée.

Synopsis : Rien ne va plus entre Don Camillo et Peppone. Ce dernier décide de jumeler le petit village avec une commune soviétique. Lorsqu’il part en Russie rencontrer ses futurs collaborateurs, Don Camillo n’hésite pas une seconde : il se déguise et prend part au périple.

Luigi Comencini arrive aux commandes

Critique : Puisque les différentes suites de la saga Don Camillo ont rencontré le succès, et ceci malgré un léger fléchissement qualitatif, elle ne pouvait que perdurer. Cette fois-ci, le film n’est plus dirigé par le vétéran Carmine Gallone qui vient de prendre sa retraite, mais par Luigi Comencini. Ce dernier est essentiellement connu pour sa saga comique à succès Pain, amour et… avec Gina Lollobrigida et Vittorio De Sica dans les années 50. Par la suite, il a enchaîné les comédies avec un certain savoir-faire. Il semble donc le choix idéal pour donner suite aux aventures du curé et de son ennemi de toujours, le communiste Peppone.

don camillo, la jaquette de l'intégrale DVD

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Cette fois, le long-métrage est basé sur un roman complet de Giovanni Guareschi, et non sur une suite de nouvelles. Cela octroie au long-métrage une structure narrative un peu plus ferme, avec une trame générale se déployant sur l’ensemble du film. Les auteurs font également l’impasse sur les événements du quatrième épisode – le moins bon de la série – et oublient donc le statut d’évêque de Camillo et celui de sénateur de Peppone. Les deux personnages redeviennent donc curé et maire dans cette dernière itération avec Fernandel et Gino Cervi.

Des clichés à foison pour un ensemble demeurant sympathique

On retrouve donc le charme des premiers épisodes durant la première partie se déroulant en Italie. Une fois de plus, le contexte politique est celui de la coexistence pacifique entre bloc de l’Ouest et celui de l’Est, ce qui n’empêche aucunement l’opposition idéologique fondamentale entre les deux hommes. La deuxième partie se risque à délocaliser les protagonistes en URSS, faisant du film une version plus moderne de Tintin au pays des Soviets. Certes, les auteurs n’évitent pas les clichés sur ce bloc de l’Est tellement honni, mais rétrospectivement, on peut tout de même les trouver prudents dans leurs attaques envers ce système totalitaire.

Ils évoquent bien entendu le manque de liberté d’une population très contrôlée à travers la présence de micros et l’impossibilité d’exprimer sa religion en public, mais rien n’est dit sur les emprisonnements arbitraires, ni sur les privations subies par la population. Alors que le film fut accusé à l’époque de pratiquer une propagande anticommuniste primaire, on peut aujourd’hui considérer que l’ensemble demeure bien timide dans ce domaine.

Un épisode plus structuré autour d’une morale conservatrice

Par contre, on retrouve ici un fond de morale catholique qui imprègne de nombreuses scènes, alors que les précédents épisodes étaient un peu plus modérés. Le but est tout de même d’opposer les deux personnages principaux sans chercher à jeter la pierre à qui que ce soit, même si la balance penche plutôt du côté du curé. En l’état, Don Camillo en Russie fonctionne mieux que le quatrième volet grâce à un scénario plus charpenté et un meilleur équilibre entre humour et notations politiques. Toutefois, la réalisation de Comencini demeure essentiellement illustrative et ne brille donc pas par son originalité. Le cinéaste livre une commande bien orchestrée, mais sans génie aucun.

Ce cinquième volet a encore drainé les foules, même si le tassement des entrées commence à se faire sentir. En France, ils furent tout de même près de 2,5 millions de spectateurs à faire le déplacement contre 3,6 millions en Italie. La chute est donc plus spectaculaire au-delà des Alpes que chez nous. Cela n’a pas empêché de mettre sur pied un sixième épisode intitulé Don Camillo et les contestataires. Malheureusement, le décès de Fernandel a entraîné le départ de Gino Cervi du projet. Finalement, le film a bien été réalisé en 1972 par Mario Camerini, avec Gastone Moschin en Don Camillo et Lionel Stander en Peppone. Il est toutefois difficilement accessible et jouit d’une réputation exécrable.

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Critique de Virgile Dumez 

La franchise Don Camillo

Les sorties de la semaine du 15 décembre 1965

Don Camillo en Russie, l'affiche

© 1965 Francoriz Production – Omnia Film – Rizzoli Film / Illustrateur : Yves Thos. Tous droits réservés.

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