Destructor : la critique du film (1985)

Comédie, Action, Film de cascades | 1h39min
Note de la rédaction :
3/10
3
Destructor affiche cinéma 1985, avec Linda Blair

  • Réalisateur : Max Kleven
  • Acteurs : Linda Blair, Ben Johnson, Dirk Benedict, Richard Farnsworth
  • Date de sortie: 12 Juin 1986
  • Année de production : 1980
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Ruckus
  • Titres alternatifs : Le dévastateur (France, titre VHS), Big Ruckus in a Small Town (USA), Ruckus (El alborotador) (Espagne), The Intruder of Madoc County (Pays-Bas)
  • Scénariste : Max Kleven
  • D'après l'œuvre de :
  • Directeur de la photographie : Don Burgess
  • Monteur : Angelo Bernarducci
  • Compositeur : Tommy Vig
  • Producteurs : Paul Maslansky, Richard P. LaCivita (producteur exécutif), Timothy Rabbitt
  • Sociétés de production : International Vision
  • Distributeur : Visa Films Distribution, en collaboration avec Metropolitan FilmExport / International Vision (USA)
  • Distributeur reprise : -
  • Date de sortie reprise : -
  • Editeur vidéo : Delta Vidéo sous le label Canal Vidéo Edition
  • Date de sortie vidéo : 1985 (VHS)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 28 282 (entrées France, 1e semaine) / 7 282 entrées
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85:1 / Couleurs - 35 mm / Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique (affiche et jaquette VHS) : : Sator © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : Delta Vidéo diffusion (VHS) © Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Précurseur de Rambo, Destructor sort en France en 1985, cinq ans après l’Amérique. La promo mensongère dissimule une comédie country, façon Shérif, fais-moi peur, avec un titre à la… Terminator. Il fallait l’oser. Visa Films et Metropolitan FilmExport l’ont fait.

Synopsis : Un jeune homme à l’aspect étrange, Kyle Hanson arrive dans une petite ville de l’Alabama et crée dès le début la surprise et une fascination malsaine de la part des habitants. L’homme le plus puissant de la ville, M. Bellow et sa jolie belle-fille Jenny portent un vif intérêt à l’étranger. Il lance une bande de voyous à sa poursuite pour l’interroger. De violentes bagarres éclatent. Telle une bête sauvage, le fugitif, armé de son seul couteau de survie mettra à profit son expérience apprise au combat…

Avant Rambo, l’Amérique avait son Destructor

Critique : Il ne reste plus grand-chose, quarante ans après son exploitation en salle, de Destructor. On peut l’appeler Ruckus (en gros, grabuge, en français), puisqu’il s’agit de son titre original, inexploitable en France, et qui, en 1980, surfait sur la vague des films de motocross, du retour des soldats du Vietnam et des country comedies si populaires outre-Atlantique.

Sur un point de départ qui est exactement celui du classique de Ted Kotcheff, First Blood, d’après le roman de David Morrell, notre “Destructor” pointe en 1980 comme un précurseur, puisque son personnage principal est un ancien soldat mutique -joué par Dirk Benedict de L’agence tous risques et Galactica, -, devenu vagabond crasseux dans l’arrière-pays américain. Evidemment, sa présence dans un patelin tenu, non pas par le shérif mais un notable surpuissant, va être mal perçue, alors que l’homme puissant a perdu son propre fils sous les drapeaux et compte bien interroger l’antihéros buté.

 

Comparaison affiches de Ruckus et de Destructor

© Tous droits réservés – All Rights Reserved

Y a-t-il un exorciste pour sauver Linda Blair ?

Avec son affiche stylée, signée par Sator, aux teintes nocturnes et de feu, son titre expéditif de pure exploitation (Destructor quand même, fallait l’oser), et surtout la présence de Linda Blair, moulée dans une combinaison très urbaine, la promesse d’un pur film bis de violence et de destruction rurale nous est promise. Linda Blair ne sortait-elle pas de sa période la plus folle en 1985 ? Les anges du mal, Savage Street les rues de l’enfer, Chaleur rouge… Son nom n’était désormais plus associée à L’exorciste de Friedkin, mais à des productions de très mauvais goût mettant en scène des filles en furie, sur fond de violences urbaines, de guerre de gang au féminin, et de doublages surréalistes. Et si, c’était elle, la destructrice du film, hein ? Cela lui ressemblerait davantage et nous aurait finalement davantage plu.

Et bien non, notre chère Linda incarne plutôt l’inoffensive veuve, pas très endeuillée, du fils du baron local. Elle trouve dans la présence de l’inconnu que tout le monde recherche, un moyen de s’extirper de sa terne vie de campagne. Pour cela, le film comporte une séquence de motoscross, puisque la jeune femme, à l’instar du “Destructor”, trouve son pied à s’envoyer en l’air au sens propre via des cascades qui propulsent les deux motards, chacun sur leurs deux-roues, à quelques mètres au-dessus du sol. Du remplissage de scénario qui nous fait regarder notre montre. Mais pourquoi est-on toujours devant son écran ? Les mystères du cinéma bis sont bien opaques.

Le dévastateur (Destructor), jaquette VHS

Illustrateur : Sator © 1985 Delta Vidéo

Une slapstick comedy dans le style de Shérif, fais-moi peur

Tout ceci pourrait être un minimum captivant si la série B était jalonnée de quelques moments de tension notamment créée par l’ambiance vendue par son affiche mensongère. Cela ne sera jamais le cas car si la production commence avec un certain sérieux en dépeignant cet étranger en homme bestial, elle vire à la slapstick comedy, où le destructor frappe beaucoup, mais ne tue jamais. La bande-son est constituée d’une musique country, aux antipodes de ce que l’on pouvait attendre en 1985. Elle est signée par Willie Nelson, star locale et l’un des participants du projet caritatif pour l’Ethiopie, We Are the World. Cette bande originale est tout bonnement inaudible pour des oreilles non habituées à ces airs folk, purs et durs, sans le métissage pop que certains ont voulu apporter au genre musical dans les années 90 et 2000 pour mieux vendre leur soupe.

Un film de cascadeur réalisé platement

L’on sauvera de la sortie de route la réalité impressionnante des cascades que le réalisateur Max Kleven, même s’il les filme platement, sait parfaitement orchestrer de par sa formation de cascadeur professionnel. Sans écran vert, avec beaucoup de casse, des bonshommes qui volent et se fracassent sur le sol, l’action a au moins le mérite de montrer l’efficacité époustouflante des dangers d’un cinéma daté mais qui réussira toujours à nous épater davantage que les effets digitaux contemporains ayant signé l’arrêt de mort de ces durs à cuir, mis au chômage technique depuis leur remplacement par le tout-numérique.

Destructor, malgré une petite promotion dans Actua Ciné et Starfix, ne tiendra qu’une semaine à l’affiche, après des dates de distribution changeantes (il est passé de mai à juin 85). Le jour de la sortie, Linda Blair était de toutes les bêtises puisqu’elle faisait partie de la Patrouille de nuit produite par Roger Corman : une comédie loufoquement ratée. C’était vraiment son époque et il fallait qu’elle en profite. Cinq ans plus tard, le produit était périmé et elle disparaîtrait à tout jamais de nos écrans de cinéma pour se cantonner à la médiocrité du direct-to-vidéo. Sacrée Linda. Heureusement qu’elle était là, car le non-jeu de Dirk Benedict ne pouvait pas nous tenir plus de quinze minutes devant notre écran…

Frédéric Mignard

Sorties de la semaine du 12 juin 1985

Destructor affiche cinéma 1985, avec Linda Blair

Illustration : Sator – Les Archives Cinédweller

Box-office France :

Sorti sur Paris le 12 juin 1985, le jour de la mort de Dominique Laffin, soit 5 ans après sa sortie américaine, Destructor devait affronter une sacrée concurrence :

  • Portés disparus de la Cannon, avec Chuck Norris, sur 34 salles
  • Joy et Joan, film érotique classieux avec Brigitte Lahaie, sur 29 écrans
  • Flic ou voyou (reprise) sur 22 écrans
  • La cage aux folles (reprise) : idem
  • Phenomena de Dario Argento sur 17 sites
  • Apocalypse Now (reprise 85) présent sur 13 salles parisiennes
  • Le consul honoraire avec Richard Gere, sensuel sur 13 écrans
  • Patrouille de nuit, le sous-Police Academy et autre film avec Linda Blair ce mercredi, sur 12 salles
  • Marjorie de Martin Ritt présent sur 7 salles

Dans le domaine du cinéma commercial, Destructor et son affiche mensongère, promu sur Actua Ciné et Starfix, doit vivre avec 11 salles. Son distributeur, Visa Films, accompagné de Metropolitan FilmExport, lui a trouvé seulement 5 écrans disponibles sur Paname et 6 en banlieue. A part une petite salle au Rex, rien de bien excitant : l’UGC Ermitage, le Lumière, le Forum Cinémas, et le Convention Saint-Charles. Personne n’y croit, et à raison.

Après une première journée à 770 spectateurs (contre 17 838 pour son concurrent direct, Portés disparus), le film s’autodétruisait à l’issue de son unique semaine d’exploitation, avec 4 049 spectateurs sur Paris, 3 233 en banlieue, et, donc, 7 282 entrées sur la “Francilie.” A bien y regarder, même le porno Défonce-moi bien la rondelle, en première semaine, faisait quasiment autant (6 680), mais avec seulement 3 cinémas cul(tes) : le Berveley, le Méry et enfin le Cinévog Saint-Lazare devenu depuis les 5 Caumartin.

Le kung-fu de la semaine, Le guerrier du temple maudit, au seul Gaîté Rochechouart, remplissait à peu près son temple avec 4 122 amateurs du genre.

Après un tel désastre au box-office, Delta Vidéo décidera d’exploiter le film sous un tout autre titre, Le dévastateur quelques mois plus tard en VHS. Certains garderont peut-être un petit souvenir ému du film sur ce support et notamment du moment salvateur, quand il s’agissait de rembobiner.

Frédéric Mignard

Patrouille de nuit, affiche de la comédie avec Linda Blair

© New World Pictures – les archives de Cinédweller

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Destructor affiche cinéma 1985, avec Linda Blair

Bande-annonce de Destructor

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