Coproduction franco-belge qui s’emploie à rendre les catacombes parisiennes terrifiantes, Deep Fear manque d’audace et de rythme. Un premier Black Swan Tale(s) néanmoins agréable à regarder.
Synopsis : Trois jeunes étudiants, fraîchement diplômés, décident de s’éclater en visitant les catacombes. Ils sont loin de se douter que leur expédition va virer au cauchemar. Sonia et ses deux acolytes, Max et Henry, tenteront d’échapper à une étrange créature qui se cache dans les entrailles de la Terre et de rejoindre la surface pour se sauver des griffes de l’Enfer.
Les catacombes de l’angoisse
Critique : Après Catacombs, avec la chanteuse Pink, en 2007 qui était un DTV vraiment foireux, et le found-footage fulciesque de John Erick Dowdle, Catacombes (2014) qui avait cartonné lors de sa sortie estivale, Paris est de nouveau la proie de terreur souterraine. L’acteur-réalisateur belge Grégory Beghin traîne les amateurs de DTV dans les kilomètres de dédales inquiétants de la capitale française à l’occasion du dernier jour de liberté d’un appelé du contingent.
L’intrigue se situe effectivement au début des années 90, époque de l’adolescence du cinéaste, né en 1985, et la reconstitution, bien que pâlotte, nous éloigne des facilités techniques contemporaines (smartphone, internet, tourisme de masse…). A la place, le cinéaste met l’accent sur les groupuscules de skinheads néonazis qui traînaient alors leur haine, avec une métaphore insistante de la montée de l’extrême droite : la protagoniste principale jouée par Sofia Lesaffre (Selon la police, Seuls, Les 3 frères le retour) est harcelée jusque dans ses rêves et au plus profond des catacombes parisiennes par des apôtres du “grand remplacement”.
Paris capitale Nazie
Pas de bol pour elle, c’est justement dans les catacombes de Paris qu’elle va conduire ses deux meilleurs amis pour célébrer de façon inoubliable le départ à l’armée du personnage joué par Victor Meutelet, acteur qui, décidément, ressemble de plus en plus à Scott Eastwood.
Le rebondissement maléfique qui hante les interstices des sous-sols parisiens parviendra à rendre cohérent cette dimension engagée du film auquel on ne reprochera pas de n’avoir aucune psychologie, ni même aucune intrigue, puisque cette production d’1h20 est bel et bien le film de couloir ténébreux auquel on pouvait s’attendre.
En revanche, le scénario et la réalisation sont passables et laissent peu place à l’indulgence. En cause, un pré-générique totalement dispensable dans sa prévisibilité. Il impose le préjugé – qui se vérifiera – que le film n’a rien à montrer, et ne sera d’aucune audace et d’aucune idée, et ce jusqu’à un final déjà vu, relevant de la formule.
Deep Fear, premier Black Swan Tales de l’anthologie
L’angoisse montante manque de rythme et à une heure d’intrigue rien de bien exaltant ne s’est produit. Les vingt dernières minutes parviennent toutefois à faire leur petit effet. De belles pointes de gore, quelques jolis plans macabres permettent au DTV Deep Fear d’affirmer un minimum de personnalité. Le renouveau horrifique francophone n’est toutefois pas à aller chercher du côté des souterrains de Paname.
Premier film des Black Swan Tales, voulu par le producteur français Noor Sadar et la société belge Entre Chien et Loup comme une collection de productions horrifiques qui devraient compter quatre opus par an, Deep Fear n’entrave en rien les ambitions et demeure attrayant à raison d’être indispensable. Les prochains sur la liste seront #No Filter de Michael Dupret et Nightman de Mélanie Delloye. On reste très curieux.