Danger : Diabolik – la critique du film (1968)

Policier, Action, Aventures, Fantastique | 1h45min
Note de la rédaction :
6/10
6
Diabolik, l'affiche du film

Note des spectateurs :

Symbole d’un certain cinéma pop kitsch des années 60, Danger : Diabolik est une œuvre psychédélique sympathique, mais qui demeure avant tout un exercice de style froid. Daté.

Synopsis : Le super bandit Diabolik, assisté de sa fiancée Eva Kant, nargue la police et le syndicat du crime.

A l’origine, le triomphe des fumetti neri

Critique : Au cours des années 60, nombreux sont les jeunes lecteurs italiens à se repaître de fumetti neri qui sont des BD mettant en scène des super-criminels dans des histoires sombres, radicales et largement teintées d’érotisme. Le genre se dote même d’un criminel emblématique nommé Diabolik, créé en 1962 et qui connaît un succès sans précédent.

Dès lors, la voie semble ouverte à la création de versions cinématographiques, d’autant que les spectateurs italiens viennent de faire un triomphe aux aventures fantaisistes de James Bond (Young, 1962) et, à un moindre niveau, celles de Fantômas (Hunebelle, 1964).

Une lutte d’influence entre Mario Bava et Dino De Laurentiis

Dès lors, le producteur Antonio Cervi met sur pied une version de Diabolik réalisée par Seth Holt dès 1965. Toutefois, le projet tombe à l’eau et les droits sont récupérés par le producteur Dino De Laurentiis qui engage immédiatement Mario Bava à la réalisation, et John Phillip Law et Catherine Deneuve dans le rôle du couple vedette. Les tensions apparaissent toutefois rapidement et Mario Bava décide de remplacer Catherine Deneuve par Marisa Mell.

D’un côté Mario Bava veut respecter l’aspect sombre de la BD d’origine, et de l’autre Dino De Laurentiis souhaite orienter le tout vers un divertissement pop et kitsch bien dans le vent, histoire de ramasser gros au box-office.

Des personnages réduits à leur enveloppe corporelle

Force est d’admettre en voyant Danger : Diabolik que Dino De Laurentiis a obtenu gain de cause. Mario Bava n’était clairement pas en position de force face au célèbre nabab et le long-métrage ne conserve quasiment rien de la noirceur d’origine. En réalité, le personnage de Diabolik ne possède aucune substance et se révèle seulement un criminel égoïste dont on ne comprend jamais vraiment les motivations. Il s’agit en quelque sorte d’un vilain garçon qui a envie de jouer au jeu du chat et de la souris avec les autorités. Certains peuvent y voir une certaine forme d’anarchisme, mais tout ceci ne va pas bien loin tout de même.

Interprété par John Phillip Law, pas vraiment connu pour son charisme, Diabolik n’a guère de prestance à l’écran. On lui préfère largement sa belle assistante et amante Marisa Mell, ainsi que le flic joué sans se forcer par un Michel Piccoli venu toucher son chèque. Pas très intéressant sur le plan thématique, Danger : Diabolik souffre également d’un scénario qui n’est qu’une collection de casses spectaculaires, mais surtout hautement improbables.

Un film culte daté dont on retiendra l’emballage pop

Que reste-t-il donc aujourd’hui de ce film très daté ? On peut retenir un talent évident de Mario Bava pour créer une atmosphère visuelle fascinante. L’ancien chef opérateur se fait plaisir au niveau des éclairages kitsch. On apprécie également les décors, et notamment ceux de l’antre du criminel, ainsi que la musique très pop d’Ennio Morricone. Bref, l’emballage est clinquant, mais toujours séduisant pour peu que l’on apprécie cette période pop kitsch du cinéma mondial des années 60.

Autrement, on pourra tout de même remarquer un nombre conséquent de notations sur les mouvements hippies autour de 1967-1968, sur l’esthétique psychédélique, ainsi qu’une forte dose d’érotisme (le couple vedette est très fréquemment dénudé) qui évoque Barbarella (1968) de Vadim tourné à peu près à la même époque.

Sympathique, mais dispensable, Danger : Diabolik est donc une œuvre qui ne peut aucunement être dissociée de son époque de création et doit donc être vue davantage comme un témoignage d’un autre temps que comme un film encore passionnant à visionner. On lui préfère largement d’autres bandes de Bava qui passent mieux les épreuves du temps.

Ecouter la B.O. d’Ennio Morricone 

Critique du film :  Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 12 avril 1968

Diabolik, l'affiche du film

© 1968 Paramount Pictures / Affiche : © Jacques Vaissier. Tous droits réservés.

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Diabolik, l'affiche du film

Bande-annonce de Danger : Diabolik (VA)

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