Cri d’amour de la déesse blonde : la critique du film (1979)

Érotique, Thriller | 1h22min
Note de la rédaction :
3,5/10
3,5
Cri d'amour de la déesse blonde, affiche restaurée

  • Réalisateur : Jesús Franco
  • Acteurs : Vicky Adams (Aida Vargas), Ada Tauler, Karine Gambier, Jack Taylor
  • Date de sortie: 14 Mar 1979
  • Nationalité : Suisse
  • Titre original : Der Ruf der blonden Göttin
  • Titres alternatifs : Le cri d'amour de la déesse blonde / La déesse nue / Voodoo Passion (titre international) / Las diosas del porno (Espagne) / Porno shock (Italie)
  • Année de production : 1977
  • Scénariste(s) : Erwin C. Dietrich, Jesús Franco
  • Directeur de la photographie : Andreas Demmer
  • Compositeur : Walter Baumgartner
  • Société(s) de production : Nestor Film Produktion
  • Distributeur (1ère sortie) : La Compagnie Parisienne de Films
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Box-office Paris-périphérie : 8 567 entrées (2 semaines à l'affiche)
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Interdit aux moins de 18 ans à sa sortie / Interdit aux moins de 16 ans de nos jours
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : -
  • Crédits : Nestor Film Produktion
Note des spectateurs :

Petit thriller érotique assez anodin, Cri d’amour de la déesse blonde bénéficie d’une réalisation tenue de Jesús Franco, mais souffre de nombreuses longueurs, malgré sa courte durée.

Synopsis : Lorsqu’elle rejoint son mari à Haïti, Susan est accueillie par leur gouvernante : la mystérieuse Inès. Susan est intriguée par les rites vaudous et commence une initiation à son corps défendant. Bientôt, des meurtres sont commis sur l’ïle. Et si Susan était à l’origine de ces assassinats ?

Une petite bande fauchée inspirée par le succès d’Emmanuelle

Critique : Vers 1977, le réalisateur espagnol Jesús Franco travaille de plus en plus fréquemment avec le producteur et cinéaste suisse Erwin C. Dietrich pour lequel il signe un nombre conséquent de petites bandes érotiques fauchées. Au cœur de cette production pléthorique, Cri d’amour de la déesse blonde (1977) ne se distingue pas vraiment, si ce n’est par le soin apporté par Franco aux cadrages et à la lumière, contrairement à certains autres films tournés à l’arrache par celui qui pouvait en sortir dix la même année.

Dès le début du long-métrage, on sent la volonté des producteurs de surfer sur le succès international d’Emmanuelle (Jaeckin, 1974) en suivant les pas d’une jeune femme de diplomate qui débarque en Haïti. Incarnée avec un certain charisme par Ada Tauler, cette femme va pouvoir s’initier aux rites vaudous à l’aide d’une servante dévouée jouée par Vicky Adams. Mais la vision donnée du vaudou par Jesús Franco est loin de la réalité puisqu’il s’agit ici d’envoûtements plutôt polissons, du moins au début.

Haïti, vu depuis le Portugal

Si le film débute par des images de l’île d’Haïti, il faut savoir que l’équipe de tournage n’a jamais bougé du Portugal, sauf pour quelques intérieurs tournés dans les studios suisses de Dietrich. En réalité, les images sont des stock-shots – plutôt bien intégrés d’ailleurs – et les différentes cérémonies vaudous ont ensuite été reproduites au Portugal dans des jardins tropicaux luxuriants. L’illusion fonctionne plutôt bien, pour peu que l’on ne connaisse pas bien Haïti et sa géographie.

Ce luxe apparent n’empêche nullement Cri d’amour de la déesse blonde de démarrer très mollement, notamment par l’accumulation de séquences de danses lascives particulièrement ringardes – un passage obligé des films de Franco – ou de scènes musicales portées par un jazz imprégné d’influences tropicales. On notera également l’insistance d’un cinéaste voyeur qui ne perd jamais une occasion de dévêtir ses comédiennes, dans un grand élan de permissivité typique d’une certaine philosophie libertaire post-soixante-huitarde. Autant le dire, ces scènes qui peuvent paraître aujourd’hui surréalistes – personne ne semble s’étonner de la nudité des différents protagonistes – font preuve d’une liberté de ton qui enchantent en ces temps de puritanisme forcené.

Une ambiance entre rêve et réalité

Malheureusement, les différentes séquences érotiques sont filmées trop platement pour vraiment interpeller le spectateur, malgré la contribution d’actrices charmantes, généralement entre les mains d’hommes correspondant à la définition de la virilité d’alors (barbes et moustaches comprises). Toutefois, le film n’est pas dépourvu d’une certaine ambiance, notamment lorsque le cinéaste aborde l’aspect fantastique du vaudou. Il inclut ainsi des séquences qui apparaissent comme des rêves au sein d’une narration assez lâche.

Dès lors, le métrage érotique se transforme peu à peu en thriller à machination comme il en pleuvait en Europe vers la fin des années 60. Mais là encore, le scénario très tarabiscoté s’emmêle quelque peu, rendant l’ensemble assez peu crédible. On regrette aussi que la résolution de l’intrigue soit expédiée en moins de deux minutes alors que certains passages interminables pouvaient, eux, être réduits.

Du nanar sympathique, mais foncièrement anodin

Alternativement bien joué et parfois massacré par la nullité de certains figurants, Cri d’amour de la déesse blonde n’est donc clairement pas un bon film, mais est loin d’être le plus catastrophique au cœur de la filmographie très inégale de Jesús Franco. Pour ceux qui envisageraient de découvrir l’œuvre foisonnante du réalisateur, il ne faut en tout cas pas commencer par ce titre anodin. Cette production Erwin C. Dietrich ne peut être visionnée avec intérêt qu’après avoir déjà de nombreuses heures de vol au sein d’une filmographie pléthorique et qui n’a pas fini de révéler ses secrets.

On notera que le film est sorti dans les salles françaises en mars 1979, soit près de deux ans après sa confection et qu’il est davantage connu à l’étranger sous le titre de Voodoo Passion.

Critique de Virgile Dumez

Box-office :

Sorti en France le 14 mars 1979, Cri d’amour de la déesse blonde, film allemand distribué par l’inénarrable Comptoir du Film Français, spécialisé dans le bis, trouve refuge en première semaine dans 3 cinémas, le Ritz, le Cinevog St-Lazare et le Cinevog Montparnasse. Cela lui vaut en première semaine 6 492 curieux un brin vicieux. Il ne restera que 15 jours à l’affiche sur la capitale. Caresses inavouables, porno français d’Alpha France tournait lui en première semaine dans 11 cinémas pour une entame de 29 182 imperméables. On ne mélangeait pas les torchons et les serviettes? En tout cas, sur Paname, le porno était 9e hebdomadaire, dans un box-office qui plaçait L’homme en colère en tête. Le fameux Jigsaw de Claude Pinoteau, avec Lino Ventura, écrasait toute la concurrence avec 90 000 entrées. Pourtant d’autres films français importants figuraient au programme pour ce mercredi 14 mars 1979 (Les égouts du paradis ; 84 373 ; Ils sont grands ces petits 42 792).

Dans le genre gros cochon, Je suis une petite cochonne s’éclatait dans 5 salles avec 9 762 égarés.

On notera que le premier Halloween, appelé en France La nuit des masques ouvrait les massacres en 7e place avec 33 331 Parisiens. Quant à Magic avec Richard Attenborough, il était en mode flop désastre, avec 21 628 spectateurs pour son démarrage.

La nouveauté qui passait inaperçue cette semaine était américaine : Château de rêve avec le canon Robby Benson s’effondrait comme un château de cartes avec 8 362 entrées dans 12 cinémas. Un désastre.

Le méga Z L’infernale poursuite, king of Nanarland, trouvait sa place sur 2 écrans.

Plus de 20 nouveautés galopaient dans les salles françaises cette semaine-là, dont le fameux Ça cogne et ça rigole chez les routiers de Mark Lester (en province) ou Messidor du grand Alain Tanner.

Quelle époque ! Le cinéma français scrutait les 6 premières positions.

Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 14 mars 1979

Cri d'amour de la déesse blonde, affiche restaurée

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Cri d'amour de la déesse blonde, affiche restaurée

Bande-annonce de Cri d'amour de la déesse blonde (VO)

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