Chasseur blanc, cœur noir : la critique du film (1990)

Drame, Aventures | 1h52min
Note de la rédaction :
8/10
8
Affiche française de Chasseur blanc cœur noir

  • Réalisateur : Clint Eastwood
  • Acteurs : Clint Eastwood, Marisa Berenson, Jeff Fahey, George Dzundza, Timothy Spall
  • Date de sortie: 16 Mai 1990
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : White Hunter Black Heart
  • Scénario : Peter Viertel, James Bridges et Burt Kennedy d'après le roman de Peter Viertel
  • Directeur de la photographie : Jack N. Green
  • Musique : Lennie Niehaus
  • Distributeur : Warner Bros
  • Editeur vidéo : Warner Home Video (VHS) / Warner Bros (DVD)
  • Sortie vidéo (DVD) : 12 décembre 2003
  • Budget : 24 M$
  • Box-office USA : 2,3 M$
  • Box-office France / Paris-périphérie : 410 948 entrées / 148 054 entrées
  • Festival : Présenté au Festival de Cannes 1990
  • Crédits affiche : © 1990 Warner Bros. Entertainment Inc. Tous droits réservés.
Note des spectateurs :

Sorte d’autoportrait déguisé, Chasseur blanc, cœur noir traîne une assez mauvaise réputation depuis sa sortie ratée alors qu’il s’impose comme l’un des meilleurs films de Clint Eastwood. A redécouvrir.

Synopsis : Un réalisateur de films intransigeant, John Wilson, s’apprête à tourner une superproduction en Afrique. Il est peu à peu captivé par un autre projet : celui de partir à la chasse à l’éléphant.

Inspiré de l’histoire vraie de John Huston

Critique : En 1951, le romancier Peter Viertel est appelé par son ami, le réalisateur John Huston, à venir réécrire avec lui le script de La reine africaine (The African Queen) qu’il s’apprête à tourner en Afrique. Le but est à la fois d’améliorer sensiblement le scénario de départ, mais également de profiter des subsides du studio pour effectuer aux frais de la princesse un safari. Viertel a été profondément choqué de l’attitude de John Huston sur ce tournage et a décidé d’en tirer un livre intitulé Chasseur blanc, cœur noir.

Il y peint un portrait assez sombre du réalisateur, prêt à tout afin d’assouvir sa passion de la chasse en mettant ainsi en danger son équipe entière. C’est cette histoire méconnue du grand public que l’acteur réalisateur Clint Eastwood veut porter à l’écran dès la fin des années 80. Toutefois, le studio Warner n’a aucune confiance dans ce projet qu’elle finit par valider en contraignant Clint Eastwood à signer dans la foulée La relève (1990), film commercial voué à casser la baraque au box-office. Eastwood accepte le deal et peut ainsi mettre en chantier son biopic déguisé.

Eastwood cherche à modifier son image à travers cet autoportrait déguisé

Car le cinéaste en profite pour peindre le portrait d’un réalisateur mégalomane qui est un franc-tireur, un caractériel qui ne cherche pas à brosser l’industrie dans le sens du poil et qui place son œuvre au-dessus des contingences commerciales. Un portrait qui correspondrait assez bien à l’image que souhaitait renvoyer Eastwood à l’époque. Il cherche à ce moment de sa carrière à être considéré comme un artiste à part entière et non pas seulement comme un habile faiseur. En cela, il commence à briser son image avec des films comme Honkytonk Man (1982) et surtout Bird (1988) où il souhaite s’affirmer comme un auteur à part entière.

On peut également voir cette mue artistique à travers plusieurs séquences où le personnage de John Wilson prend la défense des Noirs opprimés par les colons. Très souvent accusé de fascisme et de racisme, Eastwood confirme là une tendance plus progressiste. Cela ne s’applique toutefois pas aux femmes, qui, encore une fois, ne sont guère servies par le réalisateur. Cela viendra plus tard avec Sur la route de Madison (1995). Pour le moment, elles restent tout juste bonnes à venir réchauffer le lit des protagonistes.

Le discours de la méthode, selon Eastwood

A travers le dilettantisme apparent de John Wilson (Huston donc), Eastwood en profite pour faire l’éloge de la simplicité au cinéma. Lui qui n’a jamais vraiment approfondi le travail sur les scripts de ses films et n’a jamais fait preuve d’une grande inventivité formelle, préférant de loin le classicisme, prend donc la défense de sa propre méthode de travail.

Toutefois, s’il défend ce personnage fort en gueule, il ne peut aucunement le rejoindre dans son obsession de la chasse et de la violence. C’est d’ailleurs dans Chasseur blanc, cœur noir qu’apparaît un thème appelé à être largement développé par la suite, à savoir la condamnation de toute forme de violence, notamment par les armes. Le plan où Eastwood hésite à tirer sur l’éléphant doit être mis en résonance avec le final bouleversant d’Impitoyable (1992) et gagne donc à être sérieusement réévalué.

Un cuisant échec commercial, décidément très injuste

Doté d’une réalisation carrée, d’une belle photographie et d’acteurs tous au diapason, Chasseur blanc, cœur noir fut un très gros échec commercial à sa sortie avec à peine 2,3 millions de dollars glanés sur le territoire américain pour un budget copieux de 24 millions. En France, la prise de conscience de la valeur artistique de Clint Eastwood n’en était qu’à ses débuts et le grand public n’a pas suivi, avec seulement 410 948 curieux, dont votre serviteur, déjà sous le charme de l’œuvre.

Cette injustice doit être impérativement réparée tant le long-métrage apparaît encore aujourd’hui comme l’un des meilleurs du réalisateur, et sans aucun doute comme l’un des plus fidèles portrait de l’artiste qui ne parle finalement de rien d’autre que de lui-même.

Le saviez-vous ?

  • Sorti dans 24 salles sur Paris-Périphérie, Chasseur Blanc, Cœur noir ne réussit pas à détrôner Cyrano de Bergerac qui célèbre sa 8e semaine en tête du B.O, avec un démarrage peu lumineux (44 218). L’année 1990 est une année de crise prononcée pour l’exploitation française. C’est à l’UGC Biarritz et au Paramount Opéra que ce biopic déguisé obtiendra ses plus beaux scores. Toutefois, il se maintiendra deux autres semaines en deuxième position, grâce à un bouche-à-oreille favorable.
  • Présenté à Cannes, le Eastwood bénéficia de critiques élogieuses en particulier en provenance de L’événement du jeudi, d’Ouest France, Le Monde, Libé, Télé 7 Jours, France Soir ou L’Humanité. Seule le Quotidien de Paris le descend de son piédestal.

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Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 16 mai 1990

Affiche française de Chasseur blanc cœur noir

© 1990 Warner Bros. Entertainment Inc. Tous droits réservés.

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Affiche française de Chasseur blanc cœur noir

Bande-annonce de Chasseur blanc, coeur noir (VO)

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