Assassination Nation : la critique du film (2018)

Thriller, Action, Satire sociale | 1h48min
Note de la rédaction :
8/10
8
Affiche cinéma France d'Assassination Nation

  • Réalisateur : Sam Levinson
  • Acteurs : Bill Skarsgård, Kelvin Harrison Jr., Odessa Young, Abra, Suki Waterhouse, Hari Nef, Joel McHale
  • Date de sortie: 05 Déc 2018
  • Nationalité : Américain, Canadien
  • Titre original : Assassination Nation
  • Titres alternatifs : Nation destruction (Québec) / Nación asesina (Venezuela) / Nación salvaje (Espagne) / Gyilkos nemzedék (Hongrie) / País da Violência (Brésil)
  • Année de production : 2018
  • Scénariste(s) : Sam Levinson
  • Directeur de la photographie : Marcell Rév
  • Compositeur : Ian Hultquist
  • Société(s) de production : BRON Studios, Foxtail Entertainment, Phantom Four Films, Creative Wealth Media Finance
  • Distributeur (1ère sortie) : Apollo Films
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Universal Pictures France (DVD et blu-ray) / Netflix (plateforme)
  • Date de sortie vidéo : 10 avril 2019
  • Box-office France / Paris-périphérie : 25 858 entrées / 11 757 entrées
  • Box-office nord-américain : 2 005 142 $
  • Budget : 7 M$
  • Rentabilité : -
  • Classification : Interdiction aux mineurs de moins de douze ans assortie d’un avertissement pour ce film qui traite de façon très appuyée de la violence sur les réseaux sociaux et de ses déchaînements, entrainant émeutes, agressions et violences sexuelles en particulier entre lycéens. Pour ces motifs ce film est susceptible de heurter le jeune public. L’avertissement suivant sera indiqué : « De nombreuses scènes violentes sont susceptibles de heurter la sensibilité du jeune public ».
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleurs / Son : 5.1
  • Festivals et récompenses : Sélectionné aux Festivals de Toronto et Sitges en 2018
  • Illustrateur / Création graphique : Affiche France : Apollo Films. Tous droits réservés
  • Crédits : LA. Copyright 2018 Erostratus, LLC. T
Note des spectateurs :

Assassination Nation est une féroce critique de l’Amérique contemporaine qui perpétue la tradition du lynchage et autres chasses aux sorcières. Brillant sur le plan formel, le film ne peut en aucun cas être réduit à une œuvre féministe, tant il possède de niveaux de lecture. Une graine de film culte.

Synopsis : Comme partout ailleurs, Lily, élève de terminale, et son cercle d’amis évoluent constamment dans un univers de textos, selfies, tchats et autres « posts » sur les réseaux sociaux. Quand un hacker se met à publier des détails personnels et compromettants sur les habitants de leur petite ville, celle-ci sombre rapidement dans la folie pure. Lily et ses camarades survivront-elles à cette nuit infernale ?…

Assassination Nation, un film féministe, mais pas seulement…

Critique : Lorsque le réalisateur Sam Levinson – fils du cinéaste Barry Levinson – commence à rédiger le script de ce qui deviendra Assassination Nation, il attend son premier enfant et tente d’imaginer le monde qui va accueillir sa progéniture. Il décide de se concentrer notamment sur l’influence de plus en plus néfaste des réseaux sociaux sur la santé mentale de la jeunesse et suit le destin de quatre adolescentes à la sexualité affirmée qui vont se retrouver au cœur d’un tourbillon de violence à la suite des agissements d’un mystérieux hacker. Celui-ci révèle ainsi à la planète entière des conversations et photographies privées mettant en cause des personnalités de la ville comme le maire ou le proviseur, mais aussi une jeune fille interprétée avec beaucoup de personnalité par l’actrice australienne Odessa Young.

Il est important de noter que Sam Levinson a écrit le script avant la vague #MeToo et témoigne surtout d’un état de l’Amérique durant la présidence de Donald Trump. Film féministe et défendant le droit des personnes transgenres, Assassination Nation ne peut pourtant aucunement se résumer à ces caractéristiques qui en ferait un film woke avant l’heure. En réalité, le constat dressé par Sam Levinson est bien plus accablant puisqu’il implique la totalité de la population américaine qui ne se départit toujours pas de son inclination au lynchage.

Quand la meute est lâchée

Durant la première partie, Sam Levinson semble reprendre à son compte les codes des teen movies, mais en versant de temps à autre dans le trash. Il démontre surtout l’obsession des Américains pour une forme de pureté originelle de l’être humain qui n’existe pourtant pas. Ainsi, le film démarre par une chasse aux sorcières à la suite des révélations faites par un hacker mystérieux. Lors de ce lynchage qui n’intervient que sur les réseaux sociaux, les jeunes participent activement à la destruction de ceux dont ils jugent le comportement inacceptable. Désormais, on se passe des tribunaux puisque chacun peut être jugé par la meute enragée des haters.

Assassination Nation le montre avec beaucoup de force lors de cette première partie qui est avant tout psychologique. Toutefois, la situation devient peu à peu hors de contrôle lorsque les aventures privées des jeunes femmes sont dévoilées sur Internet. Coupable d’avance car représentantes du sexe dit faible, le quatuor principal (dont une femme transgenre) fait ensuite l’objet d’un lynchage bel et bien réel. Dès lors, le long-métrage s’inscrit dans le sillage des films japonais d’exploitation qui ont inspiré le réalisateur comme La femme scorpion (Ito, 1972), mais aussi dans un style de cinéma hyperviolent comme la saga American Nightmare ou encore The Hunt (Zobel, 2020).

De la sauvagerie et de l’hyperviolence au service d’un discours intelligent

Dès lors, le long-métrage se transforme en un survival sauvage qui n’épargne personne et surtout pas cette Amérique réactionnaire qui nous fait définitivement peur, à savoir celle des milices armées. Dès lors, Sam Levinson prend fait et cause pour les jeunes femmes agressées par des mâles en furie et leur offre l’occasion de se venger dans un affrontement qui tient de la guérilla urbaine pure et simple. L’ensemble symbolise à merveille la division de plus en plus béante entre deux Amériques de plus en plus irréconciliables. Certaines images du film sur fond de drapeau américain anticipent même de manière assez prophétique l’invasion du Capitole par les partisans de Trump quelque temps plus tard.

Assassination Nation retourne une dernière fois le spectateur comme une crêpe avec un twist final qui est d’une belle intelligence. Sans le révéler, nous pouvons seulement dire qu’il démontre que le mal est souvent niché au cœur du conservatisme le plus borné et sectaire. Le tout est donc d’une ironie mordante et fait mouche.

Sam Levinson s’impose comme un réalisateur à suivre

Mais le métrage ne serait pas aussi intéressant s’il ne possédait pas en plus une réalisation très inspirée. Entre référence aux années 70 – usage du split screen – et virtuosité technique impressionnante lors du plan séquence de l’attaque de la maison (qui nous rappelle d’ailleurs celui de Ténèbres de Dario Argento), Assassination Nation est un bien bel objet cinématographique. Les images travaillées et la musique contribuent à créer une ambiance qui confine souvent au malaise, notamment lorsque la violence vient à se déchaîner. Très sanglant et hyperviolent, Assassination Nation ne s’embarrasse pas de demi-mesure dans ce domaine.

Montré à la presse durant des festivals, le film a globalement reçu d’excellentes critiques au point d’être distribué aux États-Unis sur une assez large échelle pour une œuvre indépendante. Malheureusement, le métrage n’a engrangé que deux petits millions de dollars sur l’ensemble de sa carrière nord-américaine, ce qui en fait un cruel échec commercial. Cela a eu un impact néfaste sur sa sortie française, pourtant soutenue par la presse. Peu présent dans les salles, le film n’a cumulé que 25 858 spectateurs sur la France entière. Des miettes comparé à son haut potentiel. Désormais, le métrage choc est disponible sur la plateforme Netflix qui a le mérite d’offrir une proposition de cinéma alternative par rapport à ses programmes habituels.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 5 décembre 2018

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Assassination Nation : affiche cinéma France

Design : LA. Copyright 2018 Erostratus, LLC. T/ DVD – blu-ray France : Universal Studios / Affiche France : Apollo Films. Tous droits réservés

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Affiche cinéma France d'Assassination Nation

Bande-annonce d'Assassination Nation (VOSTF)

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