Amityville 3-D est un naufrage artistique et commercial qui ne tient toujours pas la route de nos jours. La faute en revient au réalisateur Richard Fleischer, visiblement en pré-retraite à cette époque.
Synopsis : La “célèbre” maison située au 112 Ocean Avenue à Amityville est désormais habitée par des faux médiums. Le journaliste de Révelations George Baxter et son associée viennent interroger le couple de mediums sur l’histoire de la maison.
Critique : Suite aux résultats moyens engendrés par Amityville 2, le possédé (1982), le producteur Dino de Laurentiis ne s’avoue pas vaincu et s’associe à Stephen F. Kesten pour exploiter une fois de plus le nom de la maison hantée. Ils profitent de l’engouement soudain pour la 3D et décident de tourner le film dans ce format pourtant contraignant. Ils parviennent notamment à convaincre le vétéran Richard Fleischer de se lancer dans l’aventure. Le cinéaste, toujours féru de technologie, voit là l’occasion de tester un équipement ultra-moderne et donc de s’amuser.
Tout ce petit monde s’appuie sur un scénario original de David Ambrose qui s’inspire plus ou moins des histoires autour des époux Warren. Les spectateurs contemporains qui ont vu toute la saga Conjuring savent désormais tout de ce couple mythique, ce qui était moins le cas à l’époque. Nous suivons donc des enquêteurs qui cherchent à démasquer des imposteurs du surnaturel. Une fois arrivés dans la fameuse maison du diable, leur perception de la réalité va peu à peu chanceler sous le poids de phénomènes inexpliqués.
Le script n’est pas nécessairement mauvais et il réserve notamment quelques surprises à mi-parcours, comme le décès soudain d’un personnage central. Mais l’échec manifeste de ce long-métrage totalement foireux vient surtout de la réalisation inepte d’un Richard Fleischer sur le déclin. Résolument incapable de créer la moindre tension horrifique, le réalisateur enchaîne les plans les plus mornes, comme empêtré par une technologie qu’il ne maîtrise pas du tout. Au lieu de créer une ambiance horrifique exhalant un parfum de soufre, il se contente de balancer régulièrement à la figure du spectateur des objets pointus, afin d’exploiter le relief. Dès lors, une simple lampe torche ou un micro s’invitent de manière artificielle au premier plan, sans qu’aucune justification ne soit donnée.
Film entièrement axé sur son procédé de bateleur de foire, Amityville 3-D en oublie de faire peur et de développer la psychologie de ses personnages. On a ainsi le droit à quelques moments bien ridicules, comme l’attaque maléfique dans un ascenseur terriblement statique ou encore le surgissement d’un monstre en latex particulièrement raté. Dans ce naufrage, les acteurs surnagent comme ils peuvent, mais le manque de charisme de Tony Roberts ne fait pas de lui un héros passionnant à suivre. Les cinéphiles pourront toujours s’amuser à découvrir la jeune Meg Ryan dans un tout petit rôle anodin. Elle n’est pas meilleure que le reste de ses camarades, tous perdus dans ce grand barnum inepte.
Le grand public et les critiques ne furent pas tendres avec ce long-métrage que l’on peut qualifier de navet. Il a d’ailleurs enterré la franchise au cinéma puisque le film a été un bide effroyable aux Etats-Unis. En France, il semble avoir été exploité dans quelques salles de province pour des séances spéciales à l’occasion de sa sortie en VHS en 1985. A part le remake des années 2000, plus aucun film de la franchise ne sortira au cinéma dans nos contrées.
Critique de Virgile Dumez