Acide : la critique du film (2023)

Fantastique, Anticipation, Film catastrophe | 1h39min
Note de la rédaction :
6,5/10
6,5
Acide, affiche du film de Just Phillipot

  • Réalisateur : Just Philippot
  • Acteurs : Guillaume Canet, Patience Munchenbach, Suliane Brahim, Laetitia Dosch
  • Date de sortie: 20 Sep 2023
  • Nationalité : Français, Belge
  • Titre original : Acide
  • Titres alternatifs : Acid (titre international) / Kwaśny deszcz (Pologne)
  • Année de production : 2023
  • Autres acteurs : Marie Jung, Martin Verset, Clément Bresson
  • Scénaristes : Yacine Badday, Just Philippot
  • Monteur : Pierre Deschamps
  • Directeur de la photographie : Pierre Dejon
  • Compositeur : Robin Coudert
  • Chef maquilleur : -
  • Chef décorateur : Gwendal Bescond
  • Directeurs artistiques : Arnaud Bouniort, Jennifer Chabaudie
  • Producteurs : Yves Darondeau, Emmanuel Priou, Clément Renouvin, Jérôme Seydoux, Ardavan Safaee
  • Producteurs exécutifs : -
  • Sociétés de production : Bonne Pioche Cinéma, Pathé Films, Caneo Films, France 3 cinéma, Umedia
  • Distributeur : Pathé Distribution
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Budget : 11 700 000 euros
  • Box-office France / Paris-Périphérie : -
  • Box-office nord-américain / monde : -
  • Classification : Tous publics avec avertissement. La commission propose une autorisation pour tous publics assortie de l'avertissement suivant : "Le climat très angoissant du film, sur le thème d'une catastrophe écologique qui tue, est de nature à troubler un public sensible ".
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleur / Son : Dolby Digital 5.1
  • Festivals : Festival de Cannes 2023 : présentation en séance de minuit / Festival du film fantastique de Sitges 2023 : en compétition officielle
  • Nominations : -
  • Récompenses : -
  • Illustrateur/Création graphique : © Le Cercle Noir pour Silenzio d'après des photos de Laurent Thurin. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Bonne Pioche Cinéma, Pathé Films. All Rights Reserved. Tous droits réservés.
  • Attachés de presse : Matilde Incerti, Thomas Chanu Lambert
  • Tagline : -
Note des spectateurs :

Film de genre particulièrement efficace, Acide est une œuvre anxiogène réussie, mais qui met en scène des protagonistes antipathiques dont le destin indiffère quelque peu.

Synopsis : En pleine canicule, un nuage inquiétant apparaît et avec lui, une pluie acide mortelle. Une famille séparée va devoir se réunir pour échapper à ce fléau qui ravage le monde.

Acide, un film catastrophe à la française

Critique : Après avoir signé un premier film inégal, mais globalement bien reçu par la critique intitulé La nuée (2021), le réalisateur Just Philippot a souhaité étendre son court-métrage Acide (2018) au format long. Ainsi, le cinéaste imagine ici l’arrivée sur la partie nord de la France de pluies acides qui rongent tout sur leur passage, entrainant une véritable catastrophe climatique.

Pour Just Philippot, il s’agissait de concurrencer les Américains dans un domaine qu’ils maîtrisent si bien, à savoir celui du film catastrophe. Pour cela, il a eu recours à des effets essentiellement pratiques, ainsi qu’à quelques environnements numériques grâce à un budget plutôt élevé estimé à 11,7 millions d’euros. Et force est d’admettre que cela se voit à l’écran grâce à une parfaite gestion des effets, mais aussi par l’excellente progression de la tension narrative. Et de fait, Acide se révèle être une œuvre efficace qui propose des séquences étonnantes et rarement vues dans un film français : on pense notamment à la séquence impressionnante du pont – la référence à La guerre des mondes de Steven Spielberg est ici évidente – mais aussi au final angoissant au cœur d’un champ inondé d’eau meurtrière.

De l’efficacité, mais aussi un alibi métaphorique un peu lourd

Contrairement à La nuée qui se servait d’un prétexte fantastique pour délivrer une métaphore sociale au détriment du spectacle – à notre grand désespoir d’ailleurs – Acide parvient à susciter l’angoisse et offre un nombre conséquent de scènes stressantes, faisant de l’eau, pourtant nécessaire à notre survie, un ennemi imprévisible. Malheureusement, Just Philippot s’il réussit à donner une dimension épique à son récit fantastique, ne peut pas s’empêcher d’ajouter à l’ensemble une dimension métaphorique qui alourdit le film. Acide est effectivement une métaphore de tout ce qui ronge notre société actuelle (au sens propre comme au sens figuré ici), depuis le réchauffement climatique jusqu’aux tensions sociales résultant des choix économiques opérés par le libéralisme sauvage. Ce sous-texte est parfois trop clairement surligné, et cela aboutit à une œuvre déséquilibrée.

Acide, photo d'exploitation

© Pathé Distribution, Bonne Pioche. Photo : Laurent Thurin. Tous droits réservés.

Autre point négatif, le réalisateur pêche une fois de plus par l’écriture aléatoire de ses personnages. Comme dans La nuée, on se retrouve ici face à des  protagonistes antipathiques dont on a du mal à comprendre les motivations. Le personnage de Guillaume Canet a beau être un homme brisé, il est aussi un syndicaliste particulièrement individualiste, en apparente contradiction avec les idéaux altruistes généralement attachés à sa condition. Certes, ce père de famille est au bout du rouleau, mais le cinéaste ne parvient jamais à nous le rendre proche. Son obstination à vouloir rejoindre celle qu’il aime en Belgique ressemble même souvent à de l’entêtement contre-productif.

De bons acteurs dans des rôles ingrats

Toutefois, Guillaume Canet s’avère très juste dans un rôle qui ne le valorise pourtant pas vraiment. Il s’agit donc pour lui d’une nouvelle prise de risques, ce qui est fréquent dans sa carrière (on pense notamment à son personnage monstrueux dans le thriller La prochaine fois, je viserai le cœur). Face à lui, son adolescente de fille est tout aussi paumée, prenant systématiquement les pires décisions au point d’être un personnage irritant. Là encore, la jeune Patience Munchenbach n’est aucunement en cause puisque son jeu est toujours d’une belle justesse. Mais son rôle est une fois de plus ingrat.

Réalisé avec talent et proposant une photographie aux couleurs éteintes parfaitement maîtrisée (signée de Pierre Dejon), Acide doit également beaucoup à la bande originale de Rob qui enrobe les images de sonorités menaçantes particulièrement sombres. En fait, plus que de musique, il s’agit de design sonore, mais cette atmosphère participe grandement à la réussite formelle d’une œuvre diablement stressante.

Satisfaisant sur le plan narratif, Acide souffre de protagonistes trop antipathiques et d’une tendance si française à vouloir toujours tout intellectualiser, alors qu’il suffisait de créer des personnages plus universels pour embarquer le spectateur dans une histoire émouvante et forte. Acide a beau être très efficace, le destin de ses personnages laisse globalement froid. Et c’est bien dommage…

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 20 septembre 2023

Acide, affiche du film de Just Phillipot

© Pathé Distribution. Tous droits réservés© Pathé Distribution. Tous droits réservés

Biographies +

Just Philippot, Guillaume Canet, Patience Munchenbach, Suliane Brahim, Laetitia Dosch

Mots clés

Le réchauffement climatique au cinéma, Le cinéma fantastique français, Les tempêtes au cinéma, Cannes 2023

 

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Acide, affiche du film de Just Phillipot

Bande annonce d'Acide

Fantastique, Anticipation, Film catastrophe

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