15 ans et demi est une comédie qui a connu un échec impitoyable à la fin des années 2000, avec Daniel Auteuil dans l’un de ses pires rôles.
Synopsis : Philippe Le Tallec, brillant scientifique vivant aux Etats-Unis, se voit obligé de rentrer en France pour s’occuper de sa fille Eglantine, qu’il n’a jamais élevée. Il espère profiter de cette occasion pour nouer avec elle une vraie complicité, et rattraper ainsi le temps perdu; mais la jeune fille de 14 ans a bien d’autres idées en tête que de passer du temps en famille : les copines, les fêtes, mais surtout les garçons…
15 ans et demi nostalgique de La Boum…
Critique : Jadis, quelques 28 années derrière nous, Sophie Marceau triomphait dans La boum et sa suite, deux comédies adolescentes BCBG plutôt rigolotes, sur une France « ultrabrite » que l’on croyait évaporée. Quelques ersatz plus tard (L’été de nos 15 ans avec Michel Sardou ; Vous habitez chez vos parents avec Isabelle Mergault ; A nous les garçons avec Franck Dubosc tout jeune, Jeans Tonic de Michel Patient), le genre disparut sans jamais retrouver le moindre succès, comme si les adolescents de toute la France s’étaient donné le mot pour rejeter en bloc un type de jeunesse repliée sur elle-même, trop blanche et trop bourgeoise pour refléter leurs préoccupations générationnelles.
Produit bourgeois pour une jeunesse inaccessible
Dans les années 2000, l’échec de Hellphone, prototype parfait du petit produit de l’ouest parisien, n’a fait que raviver le rejet sans appel des spectateurs envers ce cinéma daté, tellement loin de toute réalité sociale qu’il en devenait insultant.
15 ans et demi appartient pourtant à cette catégorie. Le film, trois décennies après, se réclame de La boum avec son regard suranné, voire obsolète, sur la jeunesse. Il aborde des thèmes romantico-familiaux similaires, dans le même cadre bourgeois, sans chercher à explorer la spécificité des 14-15 ans d’aujourd’hui que, visiblement, ses deux réalisateurs semblent mal connaître (ils ont pourtant réalisé La beuze et Les 11 commandements !).
Une œuvre proprette qui relève de la formule
Les deux compères exploitent le fossé entre le langage d’jeunes et la vision étriquée d’un papa – qui a en fait l’âge d’être grand-père – dépassé par sa fille (Daniel Auteuil, surtout dépassé par l’ampleur du désastre dans lequel il s’est engagé). Alors que l’excellent acteur de MR 73 incarne ici un scientifique génial mais piètre paternel, tout sent le résidu chimique bien artificiel pour faire passer une vieille formule usée pour jeune et branchée ! Mais on a beau parler d’SMS, d’Ipods, de raves, de métal et d’autres trucs « trop kiffants », l’écriture est d’un autre temps et cette jeunesse aussi. Périmés pour ne pas avoir été sortis de leur quartier à temps, les jeunes sont d’une incroyable fadeur, ankylosés par une homogénéité à laquelle la société ne nous a pas habitué depuis des lustres. C’est pourtant le premier rôle au cinéma du musicien Benjamin Siksou que l’on reverra beaucoup ailleurs et dans bien mieux.
Daniel Auteuil dans une mauvaise phase
Et ce ne sont pas les deux personnages noirs que l’on a ajoutés au script pour éviter le 100% blanc qui viennent contredire cette impression de naïveté générale. Le scénario léger et les gags imbéciles (Auteuil qui suit des cours collectifs à l’Américaine pour devenir un bon père) achèvent cette comédie pourtant non dénuée d’idées dans sa réalisation.
Daniel Auteuil, longtemps resté formidable dans la comédie populaire, avant de s’embourgeoiser un peu dans les divertissements à succès de Francis Veber (Le placard, La doublure) trouvait dans 15 ans et demi, un exemple flagrant de ses errances dans un genre qui, soudainement, ne lui allait plus du tout. L’entente cordiale (2006), L’invité (2007), et La personne aux deux personnes (2008) ont heurté sa carrière quand la dépression de MR 73, sorti un mois plus tôt en mars 2013, lui allait si bien. Au milieu de ces accidents industriels, 15 ans et demi a toute sa place.
Lol (Laughing Out Loud) avec Sophie Marceau sortait un an après
Comble de l’ironie, tout ce que l’on reprochait un peu plus haut à cette comédie deviendra la source d’un succès surprise un an après, en février 2009, avec Lol (Laughing Out Loud) de Lisa Azuelos. Sophie Marceau et Christa Theret prouvaient ainsi que la critique est faillible, avec un hommage patent à La boum si chère à la carrière de Sophie Marceau.
Sorties de la semaine du 30 avril 2008
Biographies +
François Desagnat, Alain Chabat, Daniel Auteuil, François Damiens, Elie Semoun, Philippe Duquesne, François Berléand, Lionel Abelanski, Chick Ortega, Benjamin Siksou, Juliette Lamboley