Réalisateur, scénariste, producteur et monteur franco-cambodgien, Rithy Panh est né en 1964 à Phnom Penh. Alors qu’il est encore un enfant de 11 ans, Rithy Panh assiste à la prise de pouvoir par les Khmers rouges en 1975, puis subit dans sa chair les horreurs du génocide puisqu’il perd ses parents et une grande partie de sa famille dans ces événements.
Rithy Panh, marqué à jamais par la tragédie cambodgienne
A la même époque, il assiste à des atrocités qui le marqueront au fer durant toute sa vie. En 1979, alors qu’il est adolescent, il réussit à s’enfuir d’abord en Thaïlande, puis en France à partir de 1980.
S’il entame des études en menuiserie, il finit par mieux maîtriser la langue française et parvient progressivement à intégrer l’IDHEC où il peut effectuer des études de cinéma. Désormais sa voie est tracée : il deviendra la mémoire vivante du génocide cambodgien à travers son œuvre. Ainsi, il débute sa carrière avec le documentaire Site 2 (1989) qu’il écrit et réalise, déjà sur le sujet qui sera celui de sa vie. Il enchaîne avec Cambodia, entre guerre et paix (1991) et peut même passer à la fiction avec Les gens de la rizière (1994) qui réussit à attirer dans les salles près de 100 000 spectateurs.
Dès cette époque, Rithy Panh accepte de retourner dans son pays natal pour y former des jeunes cinéastes et promouvoir cette forme d’art. Toutefois, il continue à creuser le sillon du documentaire avec Bophana, une tragédie cambodgienne (1996), tout en alternant avec des œuvres de fiction comme Un soir après la guerre (1998).
© 2024 CDP – Anupheap Production – LHB – Taicca -DFI – TRT Sinema / Affiche : Le Cercle Noir pour Fidélio. Tous droits réservés.
Le cinéaste se fait à nouveau passeur de mémoire avec le documentaire choc S21, la machine de mort khmère rouge (2003) qui marque durablement les esprits et confirme son talent pour remuer les souvenirs les plus douloureux. Le métrage fait le tour des festivals et glane un nombre conséquent de récompenses internationales. Après ce coup d’éclat, Rithy Panh continue à creuser la veine documentaire avec Les gens d’Angkor (2004) ou encore le très intéressant Les artistes du Théâtre Brûlé (2005).
D’incessants allers-retours entre fiction et documentaire
En 2008, le cinéaste revient à la fiction avec Un barrage sur le Pacifique (2008) d’après le livre de Marguerite Duras. Il peut ainsi diriger Isabelle Huppert et Gaspard Ulliel, mais le film ne réunit que 180 464 spectateurs malgré un budget élevé. Cela le conduit à revenir au documentaire avec Duch, le maître des forges de l’enfer (2011) et L’image manquante (2013), deux très belles réussites qui démontrent un peu plus son appétence pour la forme documentaire.
A partir de 2010, Rithy Panh se mue également en producteur travaillant sur les œuvres des autres. Ainsi, il a financé Le sommeil d’or (Davy Chou, 2011), un très beau documentaire, ainsi que des œuvres de fiction comme Le temps des aveux (Régis Wargnier, 2014), D’abord, ils ont tué mon père (Angelina Jolie, 2017) ou encore Freedom (Rodd Rathjen, 2019).
Pour son propre compte, Rithy Panh revient au documentaire avec Les tombeaux sans noms (2018) et Irradiés (2020). Plus récemment, il est revenu à la fiction, mâtiné de documentaire avec l’excellent Rendez-vous avec Pol Pot (2024) où il dirige Irène Jacob et Grégoire Colin. Notons que ce grand monsieur est également à l’origine de la création du centre cambodgien Bophana en 2006 qui recueille toutes les archives filmées du génocide khmer. Chapeau bas !