Fritz Lang

Réalisateur, Scénariste, Producteur, Acteur
M le maudit, l'affiche de la reprise

Personal Info

  • Nationalité : Autrichien, Américain
  • Date de naissance : 5 décembre 1890 à Vienne (Autriche)
  • Date de décès : 2 août 1976 à Beverly Hills (USA)
  • Crédit visuel : © 1931 Nero-Film AG / Affiche : Tamasa. Tous droits réservés.

Biographie

Note des spectateurs :

Réalisateur, scénariste, producteur et acteur austro-allemand naturalisé américain, Fritz Lang est le fils d’un architecte. Il se destine un temps à cette discipline, mais préfère finalement la peinture et le cinéma. En rupture avec sa famille, il voyage un peu partout vivant de ses talents d’illustrateur. Il tombe sous le charme du cinéma de Louis Feuillade qui l’inspire beaucoup. Fritz Lang est intégré dans l’armée autrichienne et est blessé en 1915, ce qui va le faire devenir borgne. En convalescence à Vienne, il commence à écrire des scénarios qu’il va parvenir à proposer au cinéaste Joe May. Ce dernier lui présente Thea von Harbou qui va jouer un rôle essentiel dans sa vie d’homme (ils ont été mariés) et d’artiste (elle sera à l’origine de nombre de ses films muets).

Les débuts dans le cinéma

Rappelé sous les drapeaux, Fritz Lang est à nouveau blessé et termine la guerre avec de nombreuses décorations. Après l’armistice, il entre dans des studios de cinéma allemands et signe deux scripts pour le cinéaste Otto Rippert, avant de passer lui-même à la réalisation. Il signe notamment Le métis (1919), puis Madame Butterfly (1919), mais Les araignées (1919) constitue son premier fait de gloire. Ce long-métrage d’aventures tourné dans des décors de studio grandioses obtient un succès fou grâce à un sens de l’aventure rarement égalé. Il tourne un autre chef-d’œuvre avec Les trois lumières (1921) qui illustre parfaitement les innovations d’un certain expressionnisme allemand. Bouleversant, le film divisé en trois parties est coréalisé par Thea von Harbou qui est aussi à l’origine du scénario.

Le temps des chefs-d’œuvre muets

Lang signe ensuite Docteur Mabuse, le joueur (1922) où il retrouve le sens feuilletonesque de Feuillade, tout en commentant de manière acerbe l’évolution de la société allemande de l’après-guerre. Toutefois, on peut lui préférer sa version des Nibelungen (1924), chef-d’œuvre en deux parties qui revisite avec génie le passé mythique de l’Allemagne. Un pur bijou.

Juste après, le cinéaste ne s’arrête pas en si bon chemin et enchaîne avec Metropolis (1927) qui donne ses lettres de noblesse au genre de la science-fiction. Le long-métrage invente pour la première fois une mégalopole tentaculaire qui sera ensuite maintes fois copiée. L’année suivante, Lang revient au thriller avec Les espions (1928) et invente un voyage dans l’espace avec son tout dernier film muet intitulé La femme sur la lune (1929).

L’arrivée du parlant et la fuite de l’Allemagne nazie

Avec l’avènement du parlant, Fritz Lang ne perd rien de son mordant et livre même un chef-d’œuvre absolu avec M le maudit (1931) mené par un Peter Lorre inoubliable. Il s’agit d’un commentaire à peine déguisé sur les dérives de l’Allemagne au début du nazisme. Critique qu’il reprend dans Le testament du docteur Mabuse (1933).

Une fois les nazis installés au pouvoir, Fritz Lang est convoqué par Goebbels qui lui propose de réaliser des films de propagande pour le Parti. Le soir même de cette convocation, Fritz Lang – qui a des origines juives lointaines – décide de s’enfuir et rejoint la France. Il tourne dans le pays de Molière le film Liliom (1934), avant d’opter pour un exil vers les Etats-Unis où il décroche un contrat avec la MGM.

La période américaine (1936-1956)

Commence alors ce que l’on a appelé la période américaine d’un réalisateur pourtant farouchement européen dans le traitement de ses sujets. Il démarre très fort avec le chef d’œuvre Furie (1936) avec Spencer Tracy où il s’en prend au lynchage. Ensuite, il enchaîne avec deux films ayant pour vedette Henry Fonda intitulés J’ai le droit de vivre (1937) et Le retour de Frank James (1940).

Durant cette longue période américaine, le cinéaste tourne énormément et l’on a longtemps mal considéré cette partie de son œuvre. Elle contient pourtant quelques belles perles comme l’antinazi Chasse à l’homme (1941) et Les bourreaux meurent aussi (1943). Dans la foulée, il signe quelques bons films noirs comme La femme au portrait (1944), La rue rouge (1945) ou Le secret derrière la porte (1947).

Quelques échecs commerciaux

Fritz Lang est capable de dégoupiller un excellent western comme L’ange des maudits (1952), ainsi que des films très solides comme Le démon s’éveille la nuit (1952) et La femme au gardénia (1953). Il tourne un nouveau grand classique avec le tétanisant Règlements de comptes (1953) qui étonne toujours par sa violence. S’il rate Désirs humains (1954), il s’en sort avec les honneurs avec Les contrebandiers de Moonfleet (1955), joli film d’aventures coloré.

Toujours vert malgré l’échec commercial de Moonfleet, Fritz Lang livre encore deux excellents longs-métrages en 1956 : La cinquième victime et L’invraisemblable vérité. Lang décide finalement de retourner en Allemagne après les échecs successifs de ses derniers longs.

Le retour en Allemagne

Ainsi, il met sur pied le diptyque Le tigre du Bengale / Le tombeau hindou (1959) qui a inspiré de nombreux autres films d’aventures de la décennie suivante, et ceci malgré une certaine indolence dans la conduite du récit. Lang retrouve une dernière fois son personnage fétiche dans Le diabolique docteur Mabuse (1960), initiant un cycle de films très populaires dans les années 60. Pourtant, Lang abandonne alors la réalisation. On le retrouve en tant qu’acteur, dans son propre rôle tout de même, dans Le mépris (Godard, 1963).

Fritz Lang devient aveugle en 1971 et finit par décéder en 1976à à l’âge de 85 ans à Beverly Hills. Il est considéré à juste titre comme l’un des plus grands réalisateurs de l’histoire du cinéma, laissant à la postérité un nombre impressionnant de chefs-d’œuvre inaltérables.

Virgile Dumez

Filmographie :

Réalisateur :

  • 1919 : Le Métis (Halbblut)
  • 1919 : Le Maître de l’amour (Der Herr der Liebe)
  • 1919 : Les Araignées – 1 : Le Lac d’or (Die Spinnen – 1. Teil : Der Goldene See)
  • 1919 : Madame Butterfly (Harakiri)
  • 1920 : La statue qui marche / L’image vagabonde (Das wandernde Bild)
  • 1920 : Les Araignées – 2 : Le Cargo de diamants (Die Spinnen – 2. Teil : Das Brillantenschiff)
  • 1921 : Cœurs en lutte / Quatre hommes pour une femme (Kämpfende Herzen)
  • 1921 : Les Trois Lumières (Der Müde Tod)
  • 1922 : Docteur Mabuse le joueur (Dr Mabuse der Spieler)
  • 1924 : Les Nibelungen : La Mort de Siegfried (Die Nibelungen : Siegfried)
  • 1924 : Les Nibelungen : La vengeance de Kriemhild (Die Nibelungen : Kriemhilds Rache)
  • 1927 : Metropolis
  • 1928 : Les Espions (Spione)
  • 1929 : La Femme sur la Lune (Frau im Mond)
  • 1931 : M le maudit (M)
  • 1933 : Le Testament du docteur Mabuse (Das Testament des Dr. Mabuse)
  • 1934 : Liliom
  • 1936 : Furie (Fury)
  • 1937 : J’ai le droit de vivre (You Only Live Once)
  • 1938 : Casier judiciaire (You and Me)
  • 1940 : Le Retour de Frank James (The Return of Frank James)
  • 1941 : Les Pionniers de la Western Union (Western Union)
  • 1941 : Chasse à l’homme (Man Hunt)
  • 1943 : Les bourreaux meurent aussi (Hangmen Also Die!)
  • 1944 : Espions sur la Tamise (Ministry of Fear)
  • 1944 : La Femme au portrait (The Woman in the Window)
  • 1945 : La Rue rouge (Scarlet Street)
  • 1946 : Cape et Poignard (Cloak and Dagger)
  • 1948 : Le Secret derrière la porte (Secret Beyond the Door…)
  • 1949 : House by the River
  • 1950 : Guérillas (American Guerrilla in the Philippines)
  • 1951 : L’Ange des maudits (Rancho Notorious)
  • 1952 : Le démon s’éveille la nuit (Clash By Night)
  • 1953 : La Femme au gardénia (The Blue Gardenia)
  • 1953 : Règlement de comptes (The Big Heat)
  • 1954 : Désirs humains (Human Desire)
  • 1955 : Les Contrebandiers de Moonfleet (Moonfleet)
  • 1956 : La Cinquième Victime (While The City Sleeps)
  • 1956 : L’Invraisemblable Vérité (Beyond a Reasonable Doubt)
  • 1958 : Le Tigre du Bengale (Der Tiger von Eschnapur)
  • 1959 : Le Tombeau hindou (Das indische Grabmal)
  • 1960 : Le Diabolique docteur Mabuse (Die 1000 Augen des Dr. Mabuse)
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