Paolo Sorrentino est le plus grand réalisateur italien du début du XXI siècle. Régulièrement récompensé à Cannes ou aux Oscars, il est un maestro.
Véritable maître du visuel, Paolo Sorrentino est le cinéaste au style le plus sophistiqué du cinéma italien contemporain, rompant avec le style télévisuel ou néoréaliste des auteurs transalpins des années 90.
Né à Naples, il perd ses parents dans un accident dû au gaz. Il relatera cette adolescence et le drame avec maestria dans le film La main de Dieu (È stata la mano di Dio), présenté à Venise en 2021, où il décroche le Grand Prix du Jury, et qui diffusé directement sur Netflix. Cette autobiographie qu’il confie être à 90% vraie, est pour lui l’occasion de rediriger, dans le rôle de son père, le comédien Toni Servillo.
Paolo Sorrentino et Toni Servillo ont collaboré ensemble sur 5 films en 20 ans.
En 2001, Paolo Sorrentino le dirige dans son premier long, L’uomo in più, au style beaucoup plus sobre que ses productions à suivre. Cet essai est remarqué en Italie mais ne sera distribué en France qu’en 2012, grâce au succès du cinquième long métrage du cinéaste, This Must Be the Place (Prix œcuménique à Cannes), avec Sean Penn.
Plus remarquable, Servillo tourne une seconde fois avec le cinéaste alors âgé de trente-trois ans dans Les conséquences de l’amour. Cinéma du sublime, tragédie humaine bouleversante, cette production est un coup de maître sélectionné à Cannes en 2004.
Avec Il Divo, le duo se retrouve pour un biopic politique et psychologique complexe, à la réalisation élaborée, autour du très trouble Giulio Andreotti. Un nouveau coup de maître qui décroche le Prix du Jury à Cannes en 2008.
Paolo Sorrentino sur le tournage de La main de dieu (“The hand of God) diffusé sur Netflix (2021) – Photo par Gianni Fiorito. Tous droits réservés. All Rights Reserved.
Voir La Main de dieu sur Netflix ici
En 2013, Toni Servillo devient critique d’art dans le démesuré La grande bellezza, œuvre audacieuse qui ne remporte pourtant aucun prix à Cannes. Peu importe, elle est finalement récompensée d’un Oscar du Meilleur film en langue étrangère un an plus tard. Triomphe dans la catégorie art et essai, La grande bellezza est vu par 242 713 spectateurs sur le territoire français, où sa sortie parallèle à sa sélection cannoise ne lui permettra pas de profiter d’un engouement grandissant tout au long de l’année sur les marchés internationaux.
Paolo Sorrentino dirige à nouveau Servillo dans Silvio et les autres, biographie fantasmée d’un certain Berlusconi, distribuée en France dans un montage de 2h30 quand, en Italie, Loro -pour reprendre son titre original – est proposé en salles en deux segments de respectivement 104 et 100 minutes. Une version longue sortira en édition limitée en France, en Blu-ray, destinée aux magasins Fnac. Malheureusement, Silvio et les autres ne connaît pas de sélection cannoise. Une première en dix ans pour le membre très sélect des auteurs systématiquement en compétition sur la Croisette. En France, Pathé aura beaucoup de difficulté à vendre cette comédie dramatique sophistiquée qui relève du trip cinématographique assumée.
Youth, avec la diva Jane Fonda, plus gros succès français de l’auteur
Parmi les autres films de Paolo Sorrentino, on citera la comédie noire L’ami de la famille, une production affreuse sale et méchante, dans la tradition d’Ettore Scola, en plus trash peut-être, mais en moins sociale également. L’échec français (10 430 entrées) en fait un mets succulent à découvrir pour les cinéphiles curieux. Enfin Youth, en 2015, permet au virtuose d’obtenir son plus grand succès dans les cinémas français avec près de 400 000 spectateurs. Il s’agit alors du second film tourné en anglais par le réalisateur de This Must Be the Place, avec des stars hollywoodiennes comme Michael Caine, Harvey Keitel, Rachel Weisz, Paul Dano, Jane Fonda… Le film repart de Cannes bredouille.
Cinéaste clivant en France où la critique et le public redoutent un style parfois clinquant, technique et ampoulé, Paolo Sorrentino est un réalisateur visionnaire beaucoup plus reconnu dans le reste de l’Europe et aux USA. Son mélange d’arts, beaux ou populaires, visuels et pop, jusque dans la bande-son, fait de ses films des tableaux extraordinaires qui sollicitent les sens. Même son travail à la télévision (The Young Pope en 2016, et la saison suivante, The New Pope en 2019), sont des avatars du sublime qui transcendent le travail de ses contemporains.
Paolo Sorrentino est un artiste total qui a ravivé notre flamme pour le cinéma italien contemporain avec de nombreux plans, scènes et séquences appartenant désormais à l’histoire du septième art.
Filmographie :
- 2001 : L’uomo in più
- 2004 : Les Conséquences de l’amour (Le conseguenze dell’amore)
- 2006 : L’Ami de la famille (L’amico di famiglia)
- 2008 : Il divo
- 2011 : This Must Be the Place
- 2013 : La grande bellezza
- 2014 : Rio, Eu Te Amo, (segment La Fortuna)
- 2015 : Youth (La giovinezza)
- 2018 : Silvio et les Autres (Loro)
- 2021 : La Main de Dieu (È stata la mano di Dio)
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