Actrice allemande, Lil Dagover (de son vrai nom Martha Maria Lillits) est née en 1887 sur l’île de Java en Indonésie. Pourtant, à l’âge de 10 ans, elle est envoyée en Allemagne pour y faire ses études, notamment à Baden-Baden et Weimar. A cette époque, elle rencontre l’acteur Fritz Dagover et elle devient son épouse.
Une diva du cinéma muet
Durant leur courte union, la jeune femme fait la connaissance de plusieurs réalisateurs qui tombent sous son charme. En tête, on trouve Robert Wiene et Fritz Lang. Si elle a déjà été sollicitée par quelques cinéastes, c’est véritablement Fritz Lang qui lui offre ses plus belles prestations du temps du muet. Il utilise l’actrice dans Les araignées (1919), Madame Butterfly (1919), mais celle-ci explose vraiment avec son rôle de Jane Olsen dans le génial Le cabinet du docteur Caligari (Robert Wiene, 1920). Elle acquiert alors une notoriété qui dépasse les frontières allemandes.
Il faut dire qu’elle enchaîne les chefs d’œuvre en tournant dans Les trois lumières (Fritz Lang, 1921), Le docteur Mabuse (Fritz Lang, 1922) ou encore Le fantôme (F.W. Murnau, 1922). Toujours pour Murnau, on la revoit dans son Tartuffe (1925).
Une popularité internationale dans les années 30
Sa popularité est telle qu’elle tourne même en France dans Le tourbillon de Paris (Julien Duvivier, 1928) et Monte Cristo (Henri Frescourt, 1929). Passée au parlant avec aisance et capable de pousser la chansonnette, Lil Dagover tente même une furtive incursion hollywoodienne avec La femme de Monte Carlo (Michael Curtiz, 1932) où elle donne la réplique à Walter Huston. Pourtant, elle préfère revenir en Allemagne où elle joue dans des comédies musicales et des mélodrames (on se souvient notamment de La neuvième symphonie de Douglas Sirk en 1936). Durant l’époque nazie, elle intègre des films de propagande comme Friedrich Schiller – Le triomphe d’un génie (Herbert Maisch, 1940) ou le biopic nationaliste Bismarck (Wolfgang Liebeneiner, 1940).
Lil Dagover se contente de seconds rôles après-guerre
Même si l’actrice a assez peu tourné pour le régime nazi, sa présence n’est plus vraiment souhaitée au sortir de la guerre. Elle doit attendre 1948 pour pouvoir accéder à nouveau aux plateaux, tout en se contentant désormais de seconds rôles dans une vingtaine de longs-métrages. Parmi eux, on peut citer Mayerling – le dernier amour du fils de Sissi (Rudolf Jugert, 1956) et Les buddenbrook (Alfred Weidenmann, 1959). Les années 60 la voient surtout être sollicitée à la télévision. Finalement, elle retrouve le grand écran tardivement pour le biopic Karl May, à la recherche du paradis perdu (Hans-Jürgen Syberberg, 1974) et le thriller Double Jeu (Maximilian Schell, 1975).
Lil Dagover meurt en 1980 à l’âge de 92 ans.