Réalisateur, scénariste et producteur allemand, F.W. Murnau (de son vrai nom Friedrich Wilhelm Plumpe) est né en 1888 en Westphalie. Ayant grandi au cœur d’une famille bourgeoise, Murnau débute sa formation en étudiant la philologie et l’histoire de l’art. Mais il découvre véritablement sa voie en 1910 lorsqu’l rejoint la troupe de théâtre de Max Reinhardt. Là, il apprend les métiers d’acteur, régisseur, puis metteur en scène. Durant la Seconde Guerre mondiale, il est engagé comme aviateur et subit plusieurs crashs. Il est également fait prisonnier en 1917, mais finit par se sortir indemne du conflit, contrairement à l’artiste Franz Marc qui décède en 1916. Il s’agit d’un premier drame dans la vie du futur cinéaste.
Des débuts confidentiels
En 1919, il se lance dans le cinéma en tant que réalisateur en créant sa propre compagnie de production avec l’acteur Conrad Veidt. Ainsi, il débute sa carrière avec des œuvres romanesques qui vont marquer l’histoire du cinéma allemand par leur expressionnisme. Il tourne notamment Satanas (1919) d’après un script de Robert Wiene, puis donne une version très personnelle de l’histoire du docteur Jekyll avec Le secret du Comte Warren (1920), interprété par Conrad Veidt. Alors qu’il signe déjà plusieurs œuvres très sombres comme Le bossu et la danseuse (1920) ou La marche dans la nuit (1921), le cinéaste va être mondialement connu pour avoir livré une version mortifère de Dracula avec son chef d’œuvre Nosferatu le vampire (1922) qui a été adapté par Henrik Galeen.
Affiche de la reprise de L’aurore par Les Films du Théâtre du Temple en 2016 © 1927 Fox Film Corporation. All Rights Reserved.
Le temps des chefs d’œuvre allemands
Le changement de nom vient de la volonté de ne pas s’acquitter des droits d’adaptation de l’œuvre littéraire de Bram Stoker. Cela n’a pourtant pas empêché la veuve de l’artiste d’intenter un procès au cinéaste et d’obtenir que toutes les copies soient détruites. Heureusement, le long-métrage avait déjà commencé à circuler et des copies ont pu être réalisées. La même année, Murnau tourne La Terre qui flambe (1922), mais c’est surtout Le dernier des hommes (1924) qui marque une nouvelle fois les esprits. Le long-métrage est porté par l’impressionnant Emil Jannings et possède l’un des premiers points de vue subjectif de l’histoire du cinéma. Le réalisateur mélange ici deux influences majeures qui sont l’expressionnisme et le Kammerspielfilm (film qui traite de la classe moyenne basse allemande).
Le départ pour Hollywood et la mort tragique
Après ce beau succès, le cinéaste enchaîne avec une adaptation de Molière nommée Tartuffe (1925), mais c’est l’énorme budget consacré à Faust (1926) qui impressionne et qui débouche sur un nouveau chef d’œuvre. Grâce à son talent, F.W. Murnau est alors appelé à Hollywood par la société Fox qui l’engage pour réaliser L’aurore (1927), nouvelle œuvre majeure d’un réalisateur en pleine possession de ses moyens. Malheureusement, le long-métrage fut un cruel échec financier alors qu’il est judicieusement considéré comme l’un des plus grands films de tous les temps. Lors de la première cérémonie des Oscars, il a d’ailleurs décroché 3 statuettes dont celle du meilleur film, celle de la meilleure photographie et celle de la meilleure actrice pour Janet Gaynor.
Par la suite, F.W. Murnau tourne encore pour la Fox Quatre diables (1928) et L’intruse (1930), mais les deux films muets sont finalement modifiés par le studio et sonorisés afin de s’adapter aux nouvelles exigences du public. Murnau en fut dévasté et a décidé de quitter les Etats-Unis pour aller tourner son prochain projet dans les îles. Il signe son ultime chef d’œuvre, Tabou (1931) dans les îles Bora-Bora et reçoit un Oscar pour la meilleure photographie.
Murnau n’a malheureusement pas pu assister à la première de son film puisqu’il a été victime d’un accident de voiture en mars 1931. Gravement blessé au crane, le cinéaste est mort le lendemain de son admission à l’hôpital alors qu’il n’avait que 42 ans. Cela a contribué à forger la légende noire d’un auteur maudit, qui a sans cesse souffert de son homosexualité et de la perte de plusieurs de ses compagnons de route. Murnau, dont l’œuvre entière est marquée par la mort, aura connu une existence aussi mortifère que ses films.
Ils nous ont quittés en 1931
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