Réalisateur, producteur, scénariste et monteur néerlandais, George Sluizer est né en 1932 à Paris, en France. Son père était un célèbre présentateur de la radio néerlandaise, tandis que sa mère était d’origine norvégienne. Durant sa jeunesse, George Sluizer entend suivre des études de cinéma et se rend à Paris pour cela, intégrant notamment l’IDHEC dont il sort diplômé en 1956. Cela lui ouvre les portes de l’assistanat pour des cinéastes comme Michael Anderson sur Le tour du monde en 80 jours (1956).
George Sluizer, un documentariste avant tout
Toutefois, après cette période probatoire, le cinéaste ambitieux se lance dans la création de son premier court métrage documentaire intitulé De lage landen (1961) qui obtient l’Ours d’argent du meilleur court métrage au Festival de Berlin en 1961. Durant une dizaine d’années, George Sluizer travaille dans le cadre strict du documentaire, toujours en format court. Toutefois, en 1971, il passe enfin au long avec le documentaire musical Love and Music (1971) qui capte la prestation scénique de groupes psychédéliques comme Pink Floyd, Jefferson Airplane ou encore Santana au Festival de Rotterdam de 1970.
Son premier film de fiction est tourné au Brésil et s’intitule João et le Couteau (1972) qui est un drame de la jalousie situé au cœur de la forêt amazonienne. Cette expérience au cœur de la jungle lui a d’ailleurs permis d’officier plus tard en tant que directeur de production sur le film Fitzcarraldo (Werner Herzog, 1982). Au cours des années 70, Sluizer a continué à œuvrer dans le court métrage documentaire, tout en produisant les films des autres. Enfin, il revient à la fiction avec Femme… d’une autre… (1979) où il dirige les stars Anthony Perkins et Bibi Andersson.
Le choc de L’homme qui voulait savoir
Toutefois, le succès n’est pas à l’ordre du jour et le réalisateur retourne à ses documentaires jusqu’à ce qu’il collabore avec le scénariste Tim Krabbé sur la comédie Red Desert Penitentiary (1985). Si ce film n’obtient guère de succès, cela initie une belle collaboration entre les deux auteurs puisqu’ils travaillent ensuite sur L’homme qui voulait savoir (1988), thriller glaçant qui va demeurer le chef d’œuvre de son réalisateur par son aspect implacable. Le métrage est vendu dans le monde entier, même s’il ne réalise que peu d’entrées en France.
Par la suite, il peut mener à bien une coproduction européenne de plus grande ampleur intitulée Utz, la passion de l’art (1992) qui a permis à Armin Mueller-Stahl de glaner l’Ours d’argent du meilleur acteur au Festival de Berlin 1992. Grâce au succès européen remporté par son thriller L’homme qui voulait savoir, George Sluizer peut en tourner lui-même le remake américain intitulé La disparue (1993) où il dirige cette fois Jeff Bridges et Kiefer Sutherland. Il dispose d’un budget cossu de 20 millions de dollars, mais le métrage est un gros flop aux States et en France où il ne déplace que 52 763 spectateurs.
Une fin de carrière protéiforme
Pourtant, le cinéaste y croit encore et tourne le thriller Crime Time (1996) qui ne sort quasiment nulle part. Il se lance ensuite dans la création de Dark Blood, thriller avec River Phoenix qui décède en plein tournage à l’âge de 23 ans. Le long métrage est définitivement enterré. La même année, il retourne au cinéma d’auteur en assistant le réalisateur Carlos da Silva sur la comédie portugaise Mortinho por Chegar a Casa (1996). Sa carrière devient multiforme avec un manque de ligne directrice. Il enchaîne les projets improbables avec notamment le thriller The Commissioner (1998) tourné en anglais ou encore le film espagnol La balsa de piedra (2002).
Au cours des années 2000, George Sluizer ralentit sa production, déjà marqué par la maladie. Il ne revient que par la porte du documentaire avec Homeland (2011) et il décide de finaliser son œuvre maudite restée jusque-là inachevée, le fameux Dark Blood, interrompu par le décès de River Phoenix.
En 2014, George Sluizer décède à l’âge de 82 ans des suites d’une longue maladie.