Federico Fellini

Réalisateur, Scénariste
Les Vitelloni de Federico Fellini, affiche reprise 2020

Personal Info

  • Nationalité : Italien
  • Date de naissance : 20 janvier 1920 à Rimini (Italie)
  • Date de décès : 31 octobre 1993 à Rome (Italie)
  • Crédit visuel : © 1953 Cité Films, Peg-Films Tous droits réservés / All rights reserved.

Biographie

Note des spectateurs :

Monstre sacré du cinéma, prodigieux inventeur de formes et d’un monde singulier, Federico Fellini a incarné pendant trente ans, avec Antonioni mais d’une manière fort différente, le septième art italien. On a oublié aujourd’hui toutes les controverses, parfois haineuses, qu’il a suscitées : Fellini n’a jamais été consensuel.

Federico Fellini, le maestro du cinéma italien

Né à Rimini dans une famille de petits bourgeois, il y grandit sous la pression du fascisme et de l’Église, ce dont il se souviendra à plusieurs reprises, et notamment dans Amarcord (1973). Passionné par le dessin et le cirque, qui l’accompagneront toute sa vie (Les Clowns, 1970), il arrive à Rome en 1939. Il écrit des sketches, vend des caricatures, s’essaie au journalisme et rencontre celle qui deviendra son épouse et sa muse, Giulietta Masina. Sa liaison avec le cinéma commence par des collaborations en tant que scénariste et assistant réalisateur pour Rossellini (Rome, ville ouverte, 1945, Païsa, 1946, L’Amore, 1949 et Les onze Fioretti de François d’Assise, 1950), mais aussi Riccardo Freda, Alberto Lattuada et Pietro Germi.

Affiche de La Strada de Federico Fellini

Illustrateur : Enrico De Seta – Copyright : Enrico De Seta Tous droits réservés.

C’est avec ce même Lattuada qu’il signe Les Feux du Music-hall en 1951. Dans la première partie de sa carrière, il s’inspire encore du néo-réalisme, s’attachant à la vie de gens modestes, mais il glisse des signes particuliers, notamment la narration fragmentée et l’irruption de plans signatures, dont celui de lieux vides balayés par le vent.

Dès son premier film en solo, Le Cheik blanc, Federico Fellini entame une fructueuse collaboration avec le compositeur Nino Rota. Il explore l’univers de personnages souvent minables, mais à qui il accorde une tendresse particulière : les oisifs d’une petite ville qui évoque Rimini (Les Vitelloni, 1953), les forains pathétiques (La Strada, 1954), les petits escrocs (Il Bidone (1955), ou les prostituées naïves (Les Nuits de Cabiria, 1957). Dans les trois derniers, il met en vedette Giulietta Masina.

La rupture vient en 1960 avec La dolce Vita, qui obtient la Palme d’or au Festival de Cannes : en suivant un chroniqueur mondain joué par son double Marcello Mastroianni, Fellini mêle réalité et fantasme, entame ses grandes fresques à la narration erratique. L’image d’Anita Ekberg dans la fontaine de Trevi devient iconique.

Le succès est immense et lui permet de réaliser en 1963 un projet ambitieux et très personnel : Huit et demi (ce chiffre désigne le nombre de ses films). Fellini s’y interroge, toujours à travers Mastroianni, sur la création et l’angoisse qui l’accompagne. Puis c’est Juliette des Esprits (1965), avec son épouse pour l’avant-dernière fois, dans lequel il laisse libre cours à sa fantaisie, entremêlant le réel et ce qu’on appelle le « baroque fellinien ». Mais cette fois, la critique suit plus difficilement.

Un maître du cinéma tout court

Affiche de La Dolce vita de Federico Fellini

Copyright Riama Film / Cinecittà / Pathé Consortium Cinéma

Ses œuvres suivantes, si l’on excepte Les Clowns, téléfilm sur son amour du cirque, exploitent une veine très originale, qui font de lui un « super auteur » à l’univers défini : invasion du fantasme, excès en toutes sortes, décors affichés en tant que tels, ruptures de ton. D’ailleurs trois d’entre eux portent son nom dans le titre : Fellini Satyricon (1969), Fellini-Roma (1971) et Le Casanova de Fellini (1976). La critique enthousiaste salue l’imagination débordante et l’originalité d’une vision fantasmatique. Si l’on ajoute Amarcord, on a là une suite de chefs-d’œuvre incontestables, qui creusent quel que soit le sujet des obsessions visuelles et thématiques ; on peut citer par exemple deux scènes de Roma : les fresques qui disparaissent quand l’air s’engouffre et le défilé de mode ecclésiastique. Images neuves, parfois énigmatiques qui restent en mémoire et vont fasciner plusieurs générations de cinéphiles.

La suite est un peu plus compliquée : Prova d’orchestra (1978) est une métaphore étrange à partir d’un microcosme (comme le titre français l’indique, il s’agit d’une répétition d’orchestre qui vire au cauchemar). Mais c’est surtout La Cité des femmes (1980), film de pur fantasme dans lequel Mastroianni se trouve plongé dans un monde féminin, qui divise, parfois avec violence, la critique.

Federico Fellini se trouve ensuite confronté à des problèmes de financement, principalement à cause de l’empire télévisuel dominant de Berlusconi. Si le superbe Et vogue le navire (1983) renoue avec les thèmes majeurs et l’esthétique du faux, il attaque ensuite de front le grand ennemi, la télévision, dans Ginger et Fred (1985), dans lequel Masina joue pour la dernière fois, et le mélancolique Intervista (1986). Son dernier film, La Voce della luna (1990) suit le lunaire Roberto Begnini dans une errance poétique.

Il meurt en 1993, après avoir reçu un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. Giulietta décède l’année suivante.

Parmi les nombreuses distinctions qui lui ont été attribuées, on peut citer :

  • Le Lion d’argent pour Les Vitelloni et La Strada
  • L’Oscar du meilleur film en langue étrangère pour La Strada, Les Nuits de Cabiria, Huit et demi et Amarcord.
  • Le Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière (Venise, 1985).

Signalons pour finir que Ettore Scola lui a rendu un hommage ému dans le beau Qu’il est étrange de s’appeler Federico.

Biographie : François Bonini

Filmographie (Réalisateur) :

  • 1950 : Les Feux du music-hall (Luci del varietà) coréalisation avec Alberto Lattuada
  • 1952 : Le Cheik blanc ou Courrier du cœur (Lo sceicco bianco)
  • 1953 : Les Vitelloni (I Vitelloni)
  • 1953 : L’Amour à la ville (L’amore in città) – sketch Une agence matrimoniale (Agenzia matrimoniale)
  • 1954 : La Strada
  • 1955 : Il Bidone
  • 1957 : Les Nuits de Cabiria (Le notti di Cabiria)
  • 1960 : La Dolce vita (parfois intitulé La Douceur de vivre)
  • 1962 : Boccace 70 (Boccaccio ’70) – sketch Les Tentations du docteur Antonio (Le tentazioni del dottor Antonio)
  • 1963 : Huit et demi (Otto e mezzo)
  • 1965 : Juliette des esprits (Giulietta degli spiriti)
  • 1968 : Histoires extraordinaires – sketch Ne pariez jamais votre tête avec le Diable (Toby Dammit)
  • 1969 : Bloc-notes d’un cinéaste (Block-notes di un regista), documentaire TV
  • 1969 : Satyricon (Fellini Satyricon)
  • 1970 : Les Clowns (I clowns)
  • 1972 : Fellini Roma (Roma)
  • 1973 : Amarcord
  • 1976 : Le Casanova de Fellini (Il Casanova di Federico Fellini)
  • 1979 : Répétition d’orchestre (Prova d’orchestra)
  • 1980 : La Cité des femmes (La città delle donne)
  • 1983 : Et vogue le navire… (E la nave va…)
  • 1986 : Ginger et Fred (Ginger e Fred)
  • 1987 : Intervista
  • 1990 : La voce della luna (parfois intitulé La Voix de la lune)
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