Diastème est un talent polyvalent, écrivain, dramaturge, réalisateur et scénariste. Au cinéma, il a réalisé Un français et Le monde d’hier.
Musicien au sein d’un groupe quand il était jeune, Diastème, de son vrai nom Patrick Asté, a été journaliste et a ainsi beaucoup écrit sur le cinéma, notamment pour Première Magazine, avant de prendre la plume pour des projets plus solitaires. En effet, il devient également écrivain (une demi-dizaine de romans depuis 1997), dramaturge et metteur en scène (travaillant sur ses propres pièces, comme sur Camus, ou des matériaux contemporains, il a monté une pièce co-écrite par Alex Beaupain).
Au cinéma, on connaît tout d’abord Diastème comme scénariste. Il collabore régulièrement avec Christophe Honoré depuis 2002 et un téléfilm de ce dernier signé Tout contre Léo. Il travaille aussi avec la famille De Caunes, il signe notamment le scénario du biopic très politique de Coluche, l’histoire d’un mec du père, Antoine de Caunes (2008). Cependant ce projet important sera un cuisant échec critique et commercial. Il co-écrit le très fin Les châteaux de sable d’Olivier Jahan, avec Emma de Caunes, en 2014. Le film passe inaperçu, mais les qualités d’écriture sont retenues.
Le Cercle Noir © Fin Août Productions / Photo Guy Ferrandis
En qualité de réalisateur, on l’investit d’un projet original autour du festival d’Avignon. Le bruit des gens autour, qu’il a co-écrit avec Christophe Honoré, est le contraire de sa démarche d’écrivain. L’œuvre lumineuse et collective, où il dirige déjà Emma De Caunes, divise la critique en France mais bénéficie d’un certain écho dans des festivals étrangers. Malheureusement, sa sortie estivale le condamne à passer totalement inaperçu dans nos salles. Le film ne dépassera pas les 25 000 spectateurs, malgré la présence d’artistes appréciés au générique (Bruno Todeschini, Emma De Caunes, Lea Drucker, Olivier Marchal, Linh Dan Pham).
Cantonné dans ses projets à la réalisation à de petits budgets (généralement inférieurs à 4M d’euros), le cinéma de Diastème ne connaît pas la foule, y compris lorsqu’il suscite la polémique. En 2015, Un Français, avec Alban Lenoir, sur la vie d’un skinhead des années 80 qui connaît in fine la rédemption, est une nouvelle déconvenue, avec 60 000 spectateurs. Le cinéaste dénonce une déprogrammation des salles de dernière minute en raison du sujet sulfureux, mais le bouche-à-oreille ne monte pas. Le film inspiré par la mort du militant d’extrême gauche antifasciste Clément Méric, tué lors d’une rixe avec des skins d’extrême droite, trouve un certain écho en 2022 avec le quatrième long métrage de Diastème, Le monde d’hier. Le film est intercalé dans les salles le 30 mars, à quelques jours du premier tour des élections présidentielles. La montée de l’extrême droite est relatée cette fois-ci sur un plan politique, de l’intérieur de l’Elysée. Léa Drucker, Alban Lenoir, Denys Podalydès et Benjamin Biolay dominent le casting du thriller sous pavillon français.
Entre les deux opus de son diptyque sur la montée de l’extrême droite en France, Diastème réalise un troisième long métrage, Juillet août qui sort logiquement au milieu du mois de juillet, en 2016. Avec Patrick Chesnais, Pascale Arbillot, et Thierry Godard, la chronique des familles recomposées en été, divise encore la critique, et n’attirera in fine que 70 000 curieux.
Filmographie (réalisateur) :
- 2008 : Le Bruit des gens autour
- 2015 : Un Français
- 2016 : Juillet Août
- 2022 : Le Monde d’hier
Design : Pierre & le Loup