Acteur, réalisateur, metteur en scène de théâtre et scénariste polonais naturalisé français, Andrzej Seweryn est né en 1946 à Heilbronn en Allemagne. Ayant grandi en Pologne, le jeune homme y fait ses études pour devenir comédien à l’École supérieure théâtrale de Varsovie. Dès les années 70, il arpente les scènes de théâtre de son pays et y rencontre un bel écho. Dès 1970, il apparaît dans plusieurs téléfilms, mais il est véritablement révélé par le cinéaste Andrzej Wajda pour qui il tourne La Terre de la grande promesse (1975).
Acteur majeur chez Wajda
Il enchaîne aussitôt avec le tournage pharaonique que Sur le globe d’argent (Andrzej Zulawski, 1976-1988) qui le mobilise durant dix longs mois avant que le film soit interrompu par le ministère de la culture et laissé inachevé jusqu’en 1988 où il est rafistolé. Après cette expérience douloureuse, Andrzej Seweryn retrouve Wajda sur L’homme de marbre (1977) qui connaît aussi un destin compliqué. Fidèle à Wajda, on le retrouve dans Sans anesthésie (1978), Le chef d’orchestre (1980) et il s’autorise un détour par le génial Golem (Piotr Szulkin, 1980).
Devenu l’un des meilleurs représentants du cinéma polonais à l’étranger, Seweryn continue sa brillante carrière avec L’homme de fer (Andrzej Wajda, 1981). Alors qu’il joue un spectacle en France, lui qui est parfaitement bilingue, il fait le choix de ne pas revenir en Pologne, marquée par le coup de force du général Jaruzelski. Dès lors, Andrzej Seweryn concentre sa vie et son activité en France où il obtient d’ailleurs d’être naturalisé.
Un Polonais en exil en France
Dès lors, on le retrouve dans des films français comme Danton (1983) de son compatriote Wajda, puis dans La femme de ma vie (Régis Wargnier, 1986), mais on retiendra surtout son interprétation habitée de Robespierre dans le diptyque sur La Révolution française (Robert Enrico, Richard T. Heffron, 1989). On le revoit chez Régis Wargnier dans son gros succès Indochine (1992), avant qu’il n’intègre officiellement la Comédie-Française en 1993. Là, il a joué de très nombreuses pièces du répertoire, mais en a également mis en scène au cours des décennies suivantes.
Cela ne l’empêche nullement de continuer à briller au cinéma où on le voit dans La liste de Schindler (Steven Spielberg, 1993), Rimbaud Verlaine (Agnieszka Holland, 1995), Généalogies d’un crime (Raoul Ruiz, 1997), Lucie Aubrac (Claude Berri, 1997). Au cours des deux décennies suivantes, Andrzej Seweryn ne cesse d’effectuer l’aller-retour entre la France et la Pologne. Il tourne encore dans Pan Tadeusz – Quand Napoléon traversait le Niemen (1999) de Wajda, La ronde de nuit (Peter Greenaway, 2007), La possibilité d’une île (Michel Houellebecq, 2008), Vous n’avez encore rien vu (Alain Resnais, 2012) et le splendide The Last Family (Jan P. Matuszynski, 2016) où il incarne le peintre Beksinski. Il y est encore une fois bouleversant.
Depuis, le comédien ne cesse de tourner en Pologne et dans des séries télévisées. On notera d’ailleurs qu’il est aussi passé de l’autre côté de la caméra avec le film Kto nigdy nie zyl (2006) et qu’il réalise désormais des épisodes de séries télé.