Réalisateur, scénariste, monteur et artiste visuel britannique, Peter Greenaway est né au Pays de Galles en 1942. Très rapidement, le jeune Peter se passionne pour la peinture et le cinéma expérimental.
Peter Greenaway, un cinéaste purement expérimental
Il les étudie à l’université et débute dans le court-métrage expérimental à partir de 1962. Il commence par tourner de nombreux films expérimentaux, toujours en format court : Train (1966), Tree (1966), Erosion (1971), H is for House (1973), Dear Phone (1976) ou encore A Walk Through H (1979). Durant toute cette période qui dure une quinzaine d’années, Peter Greenaway est employé comme réalisateur et monteur au Central Office of Information (COI).
Le passage avec succès au long-métrage
C’est en 1980 que Greenaway passe enfin au long-métrage avec The Falls (1980) qui est une œuvre expérimentale de plus de 3h15min, très difficile d’accès. Il retourne ensuite au format court, avant de se lancer pleinement dans sa carrière de cinéaste indépendant avec Meurtre dans un jardin anglais (1982) qui établit définitivement son style. Désormais, les œuvres de Greenaway se ressembleront toutes avec un travail esthétique maniaque qui rapproche le cinéma de la peinture, mais aussi un humour caustique, des scripts particulièrement alambiqués qui mêlent toujours le savant et le trivial. Enfin, le cinéaste échafaude des intrigues où Eros et Thanatos sont sans cesse convoqués.
© 1982 British Film Institute (BFI) / Affiche : Yves Prince. Tous droits réservés.
Tout en continuant à réaliser régulièrement des courts expérimentaux, Peter Greenaway se fait encore remarquer avec l’étrange Zoo (1985), mais c’est surtout Le ventre de l’architecte (1987) qui attire pleinement l’attention en étant présenté au Festival de Cannes. Le métrage parvient à réunir 168 691 spectateurs français dans les salles. Il faut dire que le film compte parmi ses grandes réussites.
L’année suivante, Greenaway confirme son goût pour l’humour noir et décalé avec l’excellent Drowning by Numbers (1988) qui reçoit un accueil favorable du public des salles d’art et essai avec 229 488 nageurs. Il faut dire que le métrage a, cette fois-ci, reçu un prix à Cannes en tant que meilleure contribution artistique. Désormais suivi par une armée de cinéphiles, le cinéaste iconoclaste au style immédiatement reconnaissable livre un petit bijou avec Le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant (1989), porté par Richard Bohringer. Le film est un beau succès d’art et essai avec 234 585 curieux et de beaux scores également aux Etats-Unis.
Les années 90 sous le signe de dispositifs théâtraux
Peter Greenaway aborde les années 90 avec une adaptation très personnelle de Shakespeare, ce qui prouve l’amour du cinéaste pour la forme théâtrale, de plus en plus présente dans ses films. Il tourne ainsi Prospero’s Books (1991) qui est présenté au Festival de Venise, mais qui laisse le public indifférent. Son goût pour le théâtre se confirme avec le très cruel The Baby of Mâcon (1993) qui n’attire que 29 169 amateurs de cinéma alternatif. Il faut dire que le film est plutôt difficile d’accès à cause d’un dispositif formel très particulier.
© 1989 Allarts – Elsevier-Vendex Film Beheer – Allarts Cook – Erato Films – Film Inc. / Affiche : Deleuse (agence) – Bruce Thurman. Tous droits réservés.
Avec son film suivant, le magnifique The Pillow Book (1996), Peter Greenaway renoue avec son public et attire 178 003 calligraphes dans les salles françaises. Les critiques sont généralement sous le charme de cette œuvre ciselée. On est davantage partagé par son hommage à Fellini avec 8 femmes ½ (1999) qui n’est pas franchement abouti et qui se solde par un échec public et critique (70 852 fidèles en France).
Les années 2000-2010 : retour à l’anonymat
Son projet suivant laisse encore plus dubitatif puisque The Tulse Luper Suitcases (2003) est une œuvre multimedia qui comprend notamment trois films longs et un montage plus court intitulé A Life in Suitcases (2005). Durant cette période, même ses fans commencent à l’oublier.
En 2007, il revient avec un film un peu plus accessible intitulé La ronde de nuit qui est présenté avec un certain succès au Festival de Venise, mais qui passe à nouveau inaperçu en salles avec seulement 51 424 spectateurs. Le temps a fait son office et a ainsi renvoyé Peter Greenaway au rang des auteurs passés de mode, malgré l’excellente tenue de leur travail.
Dans la continuité du film, Greenaway offre un documentaire intitulé Rembrandt’s J’Accuse…! (2008), mais l’on retiendra surtout son très audacieux Goltzius et la Compagnie du Pélican (2012) qui ose se servir de la vidéo pour livrer un spectacle historico-ésotérique hors norme. Le film sort discrètement dans quelques salles parisiennes. Par la suite, Greenaway continue à dynamiter le biopic avec l’intéressant Que viva Eisenstein ! (2015) qui est présenté au Festival de Berlin.
Durant ces dernières années, le cinéaste a également mis en scène des opéras et des spectacles, tout en s’impliquant dans des performances artistiques.