Un par un sans pitié, s’il n’est pas le meilleur western de son auteur, demeure un divertissement correct à la conclusion inattendue.
Synopsis : Bill Grayson cherche à laver l’honneur de son père, un colonel que l’on accuse de s’être volatilisé en emportant une énorme somme d’argent. Il fera vite la rencontre de Charro, un ancien associé du colonel. Grayson a-t-il raison de lui faire confiance ?
Critique : Avec Un par un sans pitié, Rafael Romero Marchent signe son cinquième western. Comme toujours chez le réalisateur, l’influence de la série B américaine se fait grandement ressentir. De fait, le métrage qui nous intéresse est un western qui ne cherche pas à révolutionner le genre mais parvient à proposer un agréable divertissement. Cela est tangible dans la réalisation. Bien qu’impeccable d’un point de vue technique, elle manque toutefois de personnalité. Les scènes d’action sont rondement menées, même si certaines bagarres font un peu tache avec des coups qui passent un peu trop loin de leur destinataire. Certains plans se révèlent toutefois marquants, notamment celui de la main d’un personnage enterré vivant sortant du sable.
Un par un sans pitié bénéficie d’un sympathique duo de protagonistes
L’un des principaux atouts d’Un par un sans pitié réside dans son duo de protagonistes, incarnés par Peter Lee Lawrence et Guglielmo Spoletini. La relation entre les deux hommes, mêlant défiance et complicité, se révèle particulièrement intéressante. En résulte une sorte de mélange entre une relation père-fils et celle qu’entretiennent Tuco et Blondin dans Le Bon, la Brute et le Truand. De fait, le duo fonctionne tellement bien à l’écran qu’il se reformera l’année suivante à l’occasion du film de gangsters italo-espagnol Chicago 1929 de Julio Diamante.
Du point de vue du jeu, Peter Lee Lawrence assure une performance tout à fait honorable. Il ne s’agit clairement pas de son meilleur rôle dans le genre, même s’il sait moduler son jeu en fonction des circonstances. Il se fait néanmoins voler la vedette par Spoletini, épatant dans un personnage truculent à la virilité roublarde. Pour le reste du casting, les amateurs du genre retrouveront avec bonheur Eduardo Fajardo. A noter que Sydney Chaplin assure un petit rôle.
Un dénouement marquant qui vient pimenter un script convenu
Pour ce qui est du scénario, Un par un sans pitié semble de prime abord développer une histoire mille fois vue et revue. C’est sans compter sur le rebondissement final qu’il est difficile de voir venir et fait que l’on se souviendra du film à posteriori. Les indices disséminés en cours de métrage étant assez subtils, on parvient à être surpris sans crier à l’incohérence. Malheureusement, le manque de budget du film amène des scènes de remplissage là où on attendait des passages un peu plus mouvementés, ce qui rend le métrage parfois longuet. Enfin, Un par un sans pitié ne sait pas toujours sur quel pied danser avec un certain nombre de scènes humoristiques peu subtiles, même si certaines font mouche.
La qualité technique made in Spain
Financement espagnol oblige, Un par un sans pitié bénéficie de superbes décors, photographiés par Emilio Foriscot. Les amoureux du désert de Tabernas seront aux anges puisque le film l’exploite beaucoup, et qu’on le voit même sous la neige. Enfin, la musique d’Elsio Mancuso, si elle n’est pas foncièrement désagréable, se révèle un peu trop décalée par rapport aux conventions du genre sans toutefois être originale.
En définitive, seul son épilogue osé sauve in extremis Un par un sans pitié du tout-venant de la production . Il demeure un petit western agréable, à conseiller aux amateurs du genre les moins exigeants.
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