Outrage permanent au bon goût, Toxic Avenger IV : Citizen Toxie est un doigt d’honneur levé contre la bienséance.
Ultra-gore, repoussant et donc furieusement drôle, il s’agit du meilleur épisode de la saga.
Synopsis : Une prise d’otage tourne mal et provoque une explosion créant une faille dimensionnelle séparant Tromaville de sa jumelle Amortville. Tandis que Toxic Avenger reste bloqué dans Amortville, son double maléfique Toxie terrorise Tromaville…
Retour au Toxic Avenger après la déception des années 90
Critique : Après deux suites pas des plus réussies à la fin des années 80 – comme Kaufman le proclame lui-même dès l’entame de ce quatrième épisode dans un joli numéro d’autocritique – la saga Toxic Avenger a été mise au rencard durant 11 ans. Entre-temps, la Troma a tenté d’exploiter le personnage du Sgt. Kabukiman (Kaufman, Herz, 1990) sans grand succès, tout en continuant à inventer de nouveaux concepts délirants comme Tromeo and Juliet (Kaufman, 1996). En gros, les années 90 sont celles des vaches maigres pour la firme indépendante qui exploite son catalogue ancien en vidéo, mais se révèle incapable de renouveler son offre de délires bis.
Retour au Toxic Avenger donc en ce début des années 2000 pour un quatrième volet de la dernière chance. Pour Lloyd Kaufman, la mission est double : d’une part effacer le mauvais souvenir laissé par les numéros 2 et 3, et surtout prouver qu’en matière de trash, il reste une référence. D’où une surenchère qui n’est pas un vain mot quand on visionne pour la première fois de son existence ce Citizen Toxie qui pousse tous les curseurs dans le rouge (sang forcément).
Un délire trash permanent
Cela commence très fort avec une longue première séquence de prise d’otages qui tient de l’hystérie pure. Non seulement Kaufman s’en prend directement aux attardés mentaux dont il se moque allègrement, mais il nous concocte un improbable gang de criminels en couche-culotte. Après avoir terrorisé une classe entière de retardés, le Toxic Avenger vient régler le problème dans un délire gore entre le cartoon live et le trash le plus absolu. Dans ce quatrième épisode, les fluides et autres émanations corporelles sont déployés sans filtre aucun, dans la volonté délibérée de choquer le spectateur lambda. Par exemple, un des criminels se défèque dessus et patauge ensuite dans sa merde, tandis que l’Avenger l’étouffe avec sa couche souillée. Un autre se retrouve littéralement avec la tête dans le cul.
Cela ne fait pas dix minutes que le film est commencé et tous les outrages à la bienséance ont déjà été commis. Et cela ne s’arrête plus durant quasiment deux heures d’un délire furieusement trash qui ne sera dépassé par la suite que par Poultrygeist (2006), du même Kaufman. Soyons honnêtes, il faut parfois avoir le cœur bien accroché devant ces idées toutes plus tordues les unes que les autres, Kaufman ayant mis le pied sur l’accélérateur en matière de gore. A noter d’ailleurs que les effets spéciaux mécaniques et de maquillage sont plutôt réussis.
Une succession ininterrompue d’idées farfelues
Au cœur de ce long-métrage au scénario prétexte, on verra une succession quasiment ininterrompue d’idées crades totalement gratuites, parmi lesquelles la mort d’une vieille dame, écrasée par une voiture et qui se vide de tous ses excréments. Les obèses apprécieront également la présence de l’acteur Joe Fleishaker qui pratique des fellations afin de pouvoir se payer sa nourriture. Dans le style du cinéma de Frank Henenlotter, on adore la présence finale d’un phallus animé qui tente de violer le pauvre Toxic. Mais l’idée la plus dingue du long-métrage intervient lorsque le combat entre le bien et le mal se déroule entre deux fœtus à l’intérieur même du ventre de Heidi Sjursen.
Sans aucune retenue ni égard pour le spectateur, Lloyd Kaufman laisse donc libre cours à ses idées les plus saugrenues. Cela vous fera rire aux éclats si, comme nous, vous avez l’esprit ouvert au cinéma décalé et déviant. Bien évidemment, les autres doivent impérativement éviter cet outrage permanent au bon goût. D’une vulgarité hors norme, ce quatrième épisode de Toxic Avenger est donc de loin le plus délirant, le plus outrancier, le plus fou et donc le plus drôle de la saga.
Ni plus ni moins que le meilleur épisode de la saga
Citizen Toxie – titre qui se justifie uniquement par une scène parodique hilarante située à Tromadu, référence à Xanadu dans Citizen Kane – est sorti essentiellement en vidéo sur l’ensemble des territoires. Il a toutefois fait l’objet d’une présentation en fanfare sur la Croisette durant le festival de Cannes 2001 sur le marché du film et a été exploité dans quelques cinémas à New York et Los Angeles lors de séances spéciales. De quoi établir sa petite réputation de film culte pour tous les bisseux et geeks de la planète.
Critique de Virgile Dumez