Plus drôle et plus gore que le deuxième épisode, Toxic Avenger III n’est certes pas un grand film, mais il demeure un spectacle plus généreux en éclats de rire. Pour bisseux uniquement.

Synopsis : Quand Claire, l’amie aveugle de Toxic Avenger, a une chance de retrouver la vue, le justicier décide de trouver un moyen de rassembler l’argent nécessaire à l’opération…

Un troisième épisode tourné en même temps que le deuxième

Critique : Tourné dans la foulée de Toxic Avenger 2 (1989), avec la même équipe technique et artistique, Toxic Avenger III contient également des séquences qui pouvaient alternativement servir pour l’épisode précédent ou pour celui-ci. La firme Troma, toujours dirigée par Lloyd Kaufman et Michael Herz, perpétue donc ici un système issu du pur cinéma d’exploitation des années 60, et notamment d’un certain Roger Corman. Il s’agit d’économiser au maximum en ne faisant qu’un seul tournage pour finalement exploiter le tout en deux films distincts.

© 2018 Bach Films. Artwork par Jérémy Pailler / Graphisme : John Capone.

Si l’on pouvait donc craindre un aspect bricolé totalement foireux avec ce troisième épisode, il n’en est rien puisque l’intrigue développée se tient même mieux que celle du volet précédent. Tout d’abord, les auteurs ne réitèrent pas l’erreur de délocaliser l’action au Japon et demeurent donc sur leur terrain de jeu favori : Tromaville. Ils en profitent également pour injecter à nouveau une certaine dose de gore qui était cruellement absente du numéro 2. Toutefois, cela reste encore assez décevant dans ce domaine et on préfère largement les outrances du quatrième volet sur ce point précis.

Le capitalisme, c’est le Mal absolu!

Par contre, on apprécie dans ce Toxic Avenger 3 la charge pas très légère contre le capitalisme sous toutes ses formes. Ainsi, Lloyd Kaufman s’en prend aussi bien aux grands studios hollywoodiens qu’aux grandes firmes transnationales (dont une accusation directe de Donald Trump, à l’époque grand industriel). L’auteur fustige la pollution, l’exploitation et la mise en esclavage de la population par des multinationales vouées à écraser toute concurrence. Ce n’est jamais fait avec finesse, mais le message a le mérite d’être clair : Lloyd Kaufman se place du côté des freaks, des déclassés et des oubliés du système.

En ce qui concerne l’humour, Kaufman aime toujours autant les références aux cartoons, mais dégaine également ici quelques armes supplémentaires comme la mise en abîme (une bagarre se déroule dans un vidéo-club où les personnages louent des films Troma) ou encore la parodie (un personnage est grimé comme Robert De Niro dans Angel Heart, tandis que le titre lui-même est une référence directe à La dernière tentation du Christ de Scorsese). Si certains gags sont efficaces, l’ensemble baigne toujours dans un mauvais goût pas toujours maîtrisé.

Les films Troma

© Troma Entertainment Inc, 1989. Tous droits réservés.

Toujours plus de pets, de fluides corporels et d’acteurs grimaçants

Au milieu de ce bordel sans nom, les acteurs ne cessent de rouler des yeux, d’éructer et de dégueuler leurs dialogues avec la conscience d’outrepasser les bornes en matière de surjeu. Il faut également profiter des expressions de visage des figurants, tous extrêmement drôles dans leurs poses peu naturelles. Alors que les apôtres du bon goût crieront à l’arnaque, les bisseux savent pertinemment que tout ceci n’est pas sérieux et que la nullité ambiante doit être vue comme un doigt d’honneur au cinéma mainstream.

Assez généreux en matière d’action, Toxic Avenger III se regarde donc avec une certaine indulgence, pour peu que l’on aime ces comédies décalées, outrageusement vulgaires et déplacées. On est loin de l’élan initial du premier épisode, mais à quelques encablures au-dessus d’un deuxième volet qui était surtout ennuyeux. Plus de dix ans plus tard, Lloyd Kaufman reviendra avec un quatrième opus bien plus gore et déjanté qui a redressé sérieusement la barre de la saga.

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Critique du film de Virgile Dumez