Tirailleurs : la critique du film (2023)

Historique, Guerre | 1h38min
Note de la rédaction :
6/10
6
Affiche de Tirailleurs avec Omar Sy (2023)

  • Réalisateur : Mathieu Vadepied
  • Acteurs : Omar Sy, Jonas Bloquet, François Chattot, Léa Carne, Alassane Diong
  • Date de sortie: 04 Jan 2023
  • Nationalité : Français, Sénégalais
  • Titre original : Tirailleurs
  • Titres alternatifs : Father & Soldier (Titre international) / Fader och soldat (Suède) / Ojciec i syn (Pologne)
  • Année de production : 2022
  • Scénaristes : Olivier Demangel et Mathieu Vadepied
  • Directeur de la photographie : Luis Armando Arteaga
  • Compositeur : Alexandre Desplat
  • Société(s) de production : Unité, Korokoro, Mille Soleils, Sy Possible Africa, Gaumont, France 3 Cinéma
  • Distributeur : Gaumont
  • Distributeur (reprise) :
  • Date de reprise :
  • Éditeur(s) vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Box-office France / Paris-périphérie : -
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : 11 M$
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : Couleurs / Son : 5.1
  • Festivals et récompenses : Festival de Cannes 2022 : Ouverture de la section Un Certain Regard
  • Illustrateur / Création graphique : Photos : Marie-Clémence David. Design: Intermission Film
  • Crédits : © 2022 - Unité, Korokoro, Mille Soleils, SyPossible Africa, Gaumont, France 3 Cinéma
Note des spectateurs :

Film inégal par la faute d’une écriture parfois insuffisante, Tirailleurs n’en demeure pas moins un bel hommage aux combattants de la Grande Guerre, d’où qu’ils viennent.

Synopsis : 1917. Bakary Diallo s’enrôle dans l’armée française pour rejoindre Thierno, son fils de 17 ans, qui a été recruté de force. Envoyés sur le front, père et fils vont devoir affronter la guerre ensemble. Galvanisé par la fougue de son officier qui veut le conduire au cœur de la bataille, Thierno va s’affranchir et apprendre à devenir un homme, tandis que Bakary va tout faire pour l’arracher aux combats et le ramener sain et sauf.

Un projet qui tenait à cœur à Omar Sy

Critique : Le film Tirailleurs est né de la volonté commune d’Omar Sy – coproducteur – et du réalisateur Mathieu Vadepied – dont le premier film La vie en grand en 2015 était une belle promesse – de rendre hommage à ces combattants trop longtemps ignorés des livres d’histoire de France. Pour mémoire, ils furent près de 200 000 Africains issus des territoires coloniaux à être mobilisés sur le front durant la Première Guerre mondiale, constituant des régiments entiers qui ont été amenés dans les tranchées du nord de la France, entre autres. Si ces dernières années, cette histoire a été davantage diffusée auprès du grand public et même intégrée de manière très judicieuse dans les programmes scolaires de la classe de Première du lycée dans le tronc commun, elle a longtemps été exclue du champ historique, histoire de ne pas raviver les plaies béantes de la colonisation.

Avec Tirailleurs, les auteurs ont donc voulu avant toute chose rendre un vibrant hommage à ces hommes qui sont venus depuis leurs terres lointaines pour servir de chair à canon dans une guerre qui ne les concernait pas directement. Le long-métrage indique d’ailleurs que la méthode employée était souvent de l’ordre du rapt et de l’enrôlement de force, ce qui n’est guère à mettre au crédit de l’Etat français. Toutefois, cette façon de procéder n’est guère étonnante de la part d’un Etat qui a été capable d’envoyer à la mort plus de 1,4 millions de ses concitoyens. Forcément, que pouvaient représenter les quelques 30 000 morts venus d’Afrique sinon une simple variable d’ajustement dans un conflit qui fut une boucherie sans nom, d’ailleurs surnommée la saignée ?

Un film à la vision équilibrée et donc victime d’un faux procès

Après la présentation du film à Cannes en ouverture de la section Un Certain Regard, on a entendu des voix s’élever pour dénoncer le fait que le film ne montre que des Africains au combat et non la majorité des combattants blancs. Mais c’est oublier un peu vite que ces soldats étaient généralement confinés dans des régiments réservés qui sont d’ailleurs dirigés par un lieutenant blanc – excellement interprété par Jonas Bloquet – et sont envoyés en première ligne. Il n’y a donc rien de réducteur dans Tirailleurs, mais une simple réalité du terrain. Les auteurs ne disent à aucun moment que seuls les Africains ont combattu, mais ils s’attachent à suivre ces unités particulières qui ont trop souvent été oubliées des autres films sur la Première Guerre mondiale.

Photo de Tirailleurs (2023)

Copyright : Photo : Marie-Clémence David © 2022 – UNITÉ – KOROKORO – GAUMONT – FRANCE 3 CINÉMA – MILLE SOLEILS – SYPOSSIBLE AFRICA

D’ailleurs, la description de la situation n’est pas toujours à l’avantage de la communauté sénégalaise puisque le cinéaste n’oublie pas de montrer que les subsahariens amènent avec eux leurs haines ancestrales et leurs différences linguistiques. Tous les tirailleurs ne sont pas solidaires les uns des autres et certains profitent même de la situation pour exploiter leurs compatriotes africains. Ceux qui clament que le film ne valorise que les combattants noirs n’ont donc pas bien visionné cette œuvre bien plus modérée et équilibrée que ce qu’ils en disent.

Une intrigue mélodramatique pas toujours maîtrisée

Par contre, au cœur de ce long-métrage à vocation populaire, on peut être légitimement un peu plus réservés quant à la teneur de l’intrigue. Cette histoire d’un père qui suit son fils dans les tranchées pour le protéger n’est pas toujours crédible et certaines ellipses permettent de ne pas trop se poser de questions sur la faisabilité de la chose. On préférera parler ici de licence poétique. Réalisé avec un certain talent par Mathieu Vadepied, notamment lors des séquences de batailles, plutôt impressionnantes car tournées au plus près des comédiens avec une caméra très mobile, Tirailleurs est un peu moins convaincant lorsqu’il s’agit d’épaissir la psychologie de ses personnages. La durée assez faible du métrage est malheureusement synonyme de simplification abusive des enjeux et de mélodramatisation des quelques rebondissements qui interviennent en cours de route.

Au cœur de cette œuvre généreuse, on peut également trouver le personnage interprété par Omar Sy un peu trop frustre et finalement superficiel. On est davantage convaincu par les prestations des jeunes Alassane Diong et Jonas Bloquet, dont les personnages sont en réalité bien plus intéressants dans leurs ambiguïtés et leurs rapports contrariés à leur procréateur. Toutefois, c’est surtout le final hautement symbolique qui a courroucé certains extrémistes, au point de déclencher une vague de haine contre le long-métrage sur les réseaux sociaux. Pourtant, il s’agit avant tout d’un bel hommage envers des hommes qui ont lutté eux aussi pour la liberté et la patrie. Tirailleurs est bel et bien une œuvre inégale, mais qui a un seul et unique but : dénoncer toute forme de guerre et d’atteinte aux droits de l’être humain.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 4 janvier 2023

Affiche de Tirailleurs avec Omar Sy (2023)

Photos : Marie-Clémence David. Design: Intermission Film / © 2022 – UNITÉ – KOROKORO – GAUMONT – FRANCE 3 CINÉMA – MILLE SOLEILS – SYPOSSIBLE AFRICA

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Mathieu Vadepied, Omar Sy, Jonas Bloquet, François Chattot, Léa Carne, Alassane Diong

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