Véritable succès aux USA, The Strangers est un thriller d’épouvante juste convenable, réalisé sans passion ni déraison, dans la lignée de Funny games en bien moins intense tout de même. Aucun distributeur ne se risqua à le proposer dans les cinémas français.
Synopsis : De retour d’un mariage, Kirsten et James retournent dans leur maison de vacances. Au beau milieu de la nuit, on frappe à la porte. Très vite, ils réalisent que des étrangers masqués rôdent autour de chez eux. Leur cauchemar ne fait que commencer…
Critique : Sorti en salles un peu partout dans le monde où il a rapporté plus de 30 millions de dollars hors USA, The Strangers est curieusement resté dans les tiroirs de son distributeur français, probablement refroidi par les difficultés persistantes auxquelles les productions horrifiques sont confrontées lorsqu’il s’agit de trouver des écrans, notamment sur Paris.
Les films de la franchise Saw
Puisant son sujet dans le déferlement de violence gratuite chez les jeunes, The Strangers est en effet bousculé par l’actualité des torture-flicks Saw qui provoquent l’intervention des agents de sécurité des multiplexes pour répondre aux incivilités grandissantes des jeunes dans les cinémas. A Paris, à la fin des années 2000, les exploitants n’osent même plus diffuser ce type de film ou le snobent carrément avec mépris. Pourtant ce thriller basé sur l’effroi avait terrifié une bonne partie de l’Amérique avec 52M$ de recettes aux States, soit l’un des plus gros succès de la décennie pour un film de ce genre.
On ne partagera cependant pas l’enthousiasme du public américain, visiblement effrayé par peu de chose. L’intrigue tarde à démarrer, préférant ancrer ses personnages dans une veine psychologique un peu convenue : un couple en crise se voit finalement confronté à une tragédie meurtrière nocturne avec l’irruption de trois individus masqués, déterminés à les torturer et les tuer sans réel motif.
Un home invasion assez terne qui évoque un genre à la mode à la fin des années 2000
Dépourvu d’atmosphère vraiment horrifique pour la nourrir (le cadre manque d’impact ; la bande-son n’est pas très flippante non plus et le couple est bien trop propret), l’action manque d’impact, d’autant que les assauts meurtriers sont peu nombreux et rarement efficaces. L’intensité de la terreur est largement en-dessous des viscéraux Funny games et son remake Funny games US, tous deux réalisés par Michael Haneke, modèles évidents de ce home invasion dans lesquels le quotidien clinique imbibé de cynisme d’une famille torturée jusqu’au trépas par deux ados psychopathes flanquait la trouille tout en suscitant le malaise, sans jamais recourir au gore.
© 2007 Focus Features llc. and Intrepid Pictures. All Rights Reserved.
Peut-être trop estampillé « produit à l’américaine », et ce malgré sa volonté de subtilité, The strangers échoue à dépasser son statut de série B de petite terreur à la Motel, avec lequel il partage beaucoup de points communs (le portrait assez proche du couple américain des années 2000, le refus de l’hémoglobine, et, au niveau de l’histoire, l’isolement de protagonistes assaillis par des étrangers masqués, animés par une volonté maléfique gratuite).
On sera toutefois plus indulgent avec ce premier métrage qu’avec le sinistre motel précité. Toujours crédible dans son interprétation (y compris celle de Liv Tyler) et surtout capable de soutenir la curiosité du spectateur jusqu’au bout (ce qui n’est pas difficile, puisque si l’on retire les 8 minutes de générique de fin, le film ne dure qu’une heure quinze), The Strangers engendre un minimum la curiosité. On se demande toujours jusqu’où le cinéaste est prêt à aller pour susciter l’effroi et instaurer un climat de détresse ultime.
Des Intrus qui ont de la suite dans les idées
Au final, faute d’être la grosse pétoche annoncée, ce direct-to-vidéo est une petite production parfaitement fréquentable, idéale pour une soirée DVD. Avec un bon ampli, les sursauts seront garantis, mais de là à le revoir et à l’imposer à d’autres, faudrait quand même pas pousser Liv Tyler dans les orties. La belle pourrait sur le coup se faire vraiment mal.
Fort de son succès américain, The Strangers donna naissance à un deuxième épisode tardif (The Strangers: Prey at Night, de Johannes Roberts), dix ans plus tard qui, malgré un succès déclinant trouva sa place dans les cinémas français, en 2018. Le réalisateur Bryan Bertino, toujours crédité comme producteur exécutif, s’en est allé sur d’autres projets, notamment le remarqué (en VOD) The Dark and the Wicked en 2020.
Avec son petit budget de 5M$, The Strangers: Prey at Night ne rapporte que 31M dans le monde, en incluant les recettes étatsuniennes.
Lionsgate relance la franchise six ans plus tard avec The Strangers: Chapter 1 que Metropolitan FilmExport propose dans les cinémas français en mai 2024 sous le titre Les Intrus, chapitre 1. Il s’agit d’un prequel destiné à être exploité sur trois longs métrages.
Biographies +
Bryan Bertino, Liv Tyler, Scott Speedman, Gemma Ward
Mots clés :
2009, Cinéma américain, Franchise The Strangers, Home Invasion, Les tueurs fous au cinéma, Psycho-killer, Torture-porn
© 2007 Focus Features llc. and Intrepid Pictures. All Rights Reserved.
Le Test DVD de The Strangers
The Strangers est sorti à l’âge d’or du DVD, en 2008, dans une édition sans surprises, offrant de bonnes conditions de visionnage pour son époque. Un combo incluant un blu-ray paraîtra plus tard dans la collection Mad Movies.
Compléments : 1 / 5
Rien d’exceptionnel pour compléter le programme : deux scènes supplémentaires sur les histoires du couple (4’52″ – VOST) , un court making-of de (9’11’’) dans lequel le cinéaste a quand même la prétention d’affirmer que son film est le tout premier à jouer de l’effroi sans recourir à l’horreur ! On préfèrera découvrir le décor et les maquillages qui se cachent derrière le métrage.
Enfin, on finira la visite des bonus par quatre bandes-annonces maison, dont celle du film. Sur le modèle du trailer de Massacre à la tronçonneuse, le remake ou de L’armée des morts, elle s’avère plus efficace que le film.
Image & Son : 3.5/5
Le master proposé est d’une grande qualité. Couleurs et contrastes sont au diapason pour sustenter une atmosphère de terreur domestique, alors que le son Dolby Digital 5.1 joue à fond la carte de l’efficacité, avec de nombreux petits sons. Un vrai cache-cache sonore entre les 5 enceintes.
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