The Last Showgirl est le 3e long métrage de Gia Coppola. Ce drame émouvant est placé sous le signe de la rédemption artistique de Pamela Anderson.
Synopsis : Depuis un peu de plus de trente ans, Shelly participe à une revue, le “Razzle Dazzle”, à Las Vegas. Depuis quelques années toutefois, la popularité du spectacle est en baisse. Lorsque le gérant de la troupe lui annonce que le rideau tombera pour de bon dans deux semaines, la danseuse de music-hall se trouve bien obligée de réévaluer ses choix et ses projets d’avenir. A 50 ans passés, doit-elle reprendre la ronde des auditions ? Se résigner au chômage et se caser avec une ancienne flamme ? Rebâtir les ponts avec sa fille, qui va et vient dans sa vie ? A la croisée des chemins, Shelly ne sait plus quelle direction prendre.
Jamie Lee Curtis dans The Last Showgirl, Courtesy of Roadside Attractions. ©2024 Body Of Work Film LLC. All Rights Reserved
Critique : Pour son troisième long métrage après Palo Alto et, Mainstream, Gia Coppola, petite-fille de Francis Ford Coppola, inaugure un virage dans sa carrière. Elle embrasse enfin une thématique d’âge mature, avec des acteurs à l’automne de leurs carrières, joués par Pamela Anderson, Jamie Lee Curtis et Dave Bautista.
Loin d’être une coïncidence pour la réalisatrice que l’on a surtout vue filmer la jeunesse dorée de Los Angeles, The Last Showgirl est le premier long qu’elle n’a pas écrit, laissant la dramaturge à l’origine de la pièce adaptée, écrire son propre scénario. On peut trouver cela pertinent pour permettre à la cinéaste d’approfondir l’âge adulte qu’elle a toujours eu du mal à cerner, obnubilée par le népotisme et l’entre-soi des filles et des fils de. D’ailleurs n’a-t-elle pas arrachée à la télévision Billie Lourd, fille de Carrie Fisher pour tenir l’un des rôles principaux?
La dynastie des Coppola
Avec ses airs de production engoncée dans les tics éternels du cinéma indépendant, The Last Showgirl ne prend aucun risque, jusqu’à son très petit budget de moins de deux millions de dollars. L’indie-flick est resplendissant dans ses efforts photographiques un peu surannés ; il est aussi fort de son approche psychologique intimiste, avec ses moments de crises émotionnelles et ses affrontements bouillonnants, voire tranchants dans les mots.
La tante de Gia, Sofia Coppola aurait pu elle-même réaliser ce projet à l’identique, celui d’une peinture d’un Las Vegas décadent où les danseuses fanées d’une éternelle revue sont sonnées par l’annonce de la fin du spectacle qui leur permettaient de vivre une sororité indispensable à leur équilibre précaire. Une famille où le personnage de Pamela Anderson, épitome d’une époque qui n’est plus, se voit mère de substitution auprès de jeunes danseuses en quête de filiation, alors qu’elle-même n’a pas pu ou su élever sa fille, jouée par Billie Lourd, dans un rôle d’une sobriété qu’on ne lui connaissait pas.
Billie Lourd dans The Last Showgirl, Courtesy of Roadside Attractions. ©2024 Body Of Work Film LLC. All Rights ReservedVoué à rafler la mise aux grandes messes académiques du début de l’année 2025, The Last Showgirl a surtout été évincé des prix principaux, ce qui est dommage pour Pamela Anderson qui, avec sobriété et beaucoup de talent, incarnait le stéréotype de la star vieillissante et mal-aimé des critiques, en quête de rédemption artistique. Dans le passé Stallone chez les hommes ou Demi Moore, cette même année dans The Substance, ont connu ce sursaut d’une forme d’auto-apitoiement où la seule échappatoire semble être le paraître vrai.
Faute d’un script valorisant, The Last Showgirl a au moins l’énergie de ses héroïnes excentriques dont la sobriété, même dans les excès de froufrou et de vulgarité, engage aisément notre empathie.
Ce beau film à l’académisme diminué par une certaine volupté éthérée vaut pour son ambiance d’un Las Vegas crépusculaire et la partition juste de ses acteurs, Dave Bautista présentant lui-même une sagesse de jeu qu’on ne lui connaissait pas.
Sorties de la semaine du 12 mars 2025
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