The Djinn est une petite production horrifique qui optimise son unique décor par une bonne ambiance anxiogène et la qualité de l’interprétation du jeune Ezra Dewey, au talent indéniable. A découvrir.
Synopsis : Durant l’automne 1989, Dylan, un jeune garçon muet, s’installe dans une nouvelle maison avec son père, Michael, après la mort de sa mère. Dans leur nouveau domicile, Dylan trouve un vieux livre de sorcellerie, qui l’intéresse beaucoup. Un soir que son père, animateur radio, est parti au travail, le garçon décide d’appliquer une des formules du grimoire, lui permettant de convoquer un djinn, capable d’exaucer le moindre de ses vœux. Bien qu’averti des dangers que cela entraîne, Dylan demande à l’esprit de lui donner une voix. Mais la formule ne semble pas fonctionner.
Vous prendrez bien un Djinn tonique!
Critique : Remarqués pour leurs courts-métrages horrifiques et leur premier long-métrage, le thriller The Boy Behind the Door (2020), les cinéastes américains David Charbonier et Justin Powell continuent à explorer l’angoisse sous toutes ses formes avec la petite production The Djinn (2021). Réduit à l’essentiel à cause d’un budget qu’on imagine rachitique, le script se concentre sur la nuit d’angoisse vécue par un adolescent muet aux prises avec un démon dans son appartement. Avec un unique décor, un postulat minimaliste et seulement quatre acteurs principaux, les deux auteurs parviennent à signer une œuvre assez flippante qui tient non seulement la route, mais peut également susciter une certaine émotion.
Nous sommes donc invités à suivre l’installation d’un père et son fils muet dans un nouvel appartement. On apprendra assez rapidement que le gamin a assisté au suicide de sa mère et qu’il en est profondément traumatisé. Dans ce nouveau lieu, l’adolescent campé avec beaucoup de charisme par le jeune Ezra Dewey (déjà à l’affiche de The Boy Behind The Door) fait la découverte d’un vieux grimoire où il trouve la formule d’incantation pour faire apparaître un djinn qui devrait pouvoir réaliser son vœu le plus cher. Bien évidemment, l’expérience n’est guère concluante, mais déchaîne la fureur du djinn qui vient harceler le gamin durant une nuit entière.
Fan des années 80
Si le lieu clos et l’unique présence du jeune garçon nous indique rapidement que le long-métrage ne pourra pas aligner les cadavres et les scènes chocs, The Djinn déjoue en partie ces limites par une excellente ambiance horrifique. A la manière d’un James Wan, les deux cinéastes arrivent à créer une atmosphère anxiogène, tout en se servant au mieux de l’espace confiné dans lequel se joue l’affrontement. Les stratagèmes du gamin peuvent d’ailleurs faire penser à Maman, j’ai raté l’avion (Columbus, 1990) ou dans la même veine horrifique à 36.15 code père Noël (Manzor, 1989). Ce n’est peut-être pas un hasard si l’histoire est censée se dérouler en 1989.
Autre référence évidente aux années 80, la musique synthétique de Matthew James s’inscrit pleinement dans le mouvement ultra référentiel de la synthpop. Tous ceux qui apprécient ces sonorités à la John Carpenter seront donc aux anges durant la projection puisque la bande sonore est vraiment excellente. Ponctué de scènes effrayantes sur le principe pourtant classique de l’intrusion d’une menace dans un lieu clos, The Djinn possède également un second niveau de lecture qui le rapproche du conte pour enfants (comme le suggère à un moment la lecture du conte Pinocchio par le père à son fils). Attention toutefois, il s’agit in fine d’un conte bien cruel lors du retournement final plutôt retors.
Métaphore sur le deuil et le passage à l’âge adulte
Enfin, si l’on veut se contenter d’une lecture psychanalytique, The Djinn évoque aussi de manière touchante la disparition de nos parents et le choc que cela représente pour nous tous. Ainsi, rappelons que le mot enfant est dérivé du latin infantia qui veut littéralement dire “qui ne parle pas” – comme le jeune garçon du film donc – et que le passage à l’âge adulte se fait donc par le fait de parler, tout en voyant disparaître nos géniteurs.
Ainsi, le long-métrage entend exorciser cette angoisse tapie au fond de chacun de nous. Il le fait sans tambour ni trompettes, au sein d’une production minimaliste qui trouve parfaitement sa place sur nos petits écrans d’aujourd’hui. D’ailleurs, le métrage n’est sorti que dans quelques salles aux États-Unis, mais sa carrière a été quasiment entièrement été effectuée en VOD. En France, le métrage est diffusé en primeur sur Canal + avant de se retrouver prochainement sur une ou plusieurs plateformes. Il mérite assurément un coup d’œil, d’autant que sa durée ramassée est un argument en sa faveur.
Critique de Virgile Dumez
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