Huit ans après Donnie Darko, Richard Kelly revenait au cinéma du mystère avec un thriller de science-fiction nébuleux et fascinant. Une décennie après, on fouille dans The Box avec le même plaisir.
Synopsis : Norma et son époux mènent une vie paisible dans une petite ville des Etats-Unis jusqu’au jour où une mystérieuse boîte est déposée devant leur domicile. Quelques jours plus tard, se présente l’énigmatique Mr. Arlington qui leur révèle qu’en appuyant sur le bouton rouge de la boîte, ils recevraient 1,000,000$, mais cela entraînerait la mort d’un inconnu…
Le dernier film de Richard Kelly
Critique : Avec son rythme lancinant, sa construction progressive d’un suspense angoissant, sa reconstitution rigoureuse du contexte historique des années 70 et ses décors démesurés autour de la Nasa, The Box sait prendre son temps pour s’insinuer dans les émotions du spectateur. Plus que sa bande-annonce qui accélère le rythme pour créer l’effet. Le métrage apparaît moins comme un thriller hollywoodien efficace que comme un cauchemar éveillé , lent et paroxysmique, qui prend tranquillement sa source dans le quotidien d’une famille plongée soudainement dans l’irrationnel.
La Quatrième dimension s’invite de nouveau à l’écran
Tout commence par l’intrusion soudaine d’un inconnu qui présente à un couple en proie à l’instabilité financière, une offre empoisonnée sous la forme d’une mystérieuse boîte avec un bouton, sur lequel les époux pourront appuyer pour gagner la modique somme de… un million de dollars.
Mais chaque acte a une conséquence ; aussitôt le bouton pressé, une personne quelque part sur Terre trépassera.
L’intrigue est nébuleuse et se construit sur des éléments lynchiens qui osent très vite s’affranchir du réalisme pointilleux (celui du cadre d’une famille bien sous tous rapports) pour s’engouffrer dans les eaux troubles du fantastique et de la science-fiction.
The Box est la synthèse brillante entre Donnie Darko et Southland Tales
De par cette approche, l’on pense immédiatement aux histoires des années 50 dont se repaissait la série La 4e dimension ; d’ailleurs ce n’est pas un hasard si la nouvelle originelle de Richard Matheson (Le jeu du bouton, 1970) avait été un temps envisagée pour cette même série.
Empruntant des directions que la raison ne saurait deviner, The Box combine toute l’intelligence de Donnie Darko et la maestria visuelle de Southland tales, les deux premières œuvres de Richard Kelly, et se pose comme une synthèse réussie du meilleur du jeune cinéaste qui n’est pas là pour nous infliger les sempiternelles conventions commerciales.
Un échec commercial qui écarta Richard Kelly du circuit hollywoodien
Accompagné dans son jeu mortel par une Cameron Diaz dans la trentaine bien entamée – le visage légèrement fatigué, elle est superbe de naturel, ce qui est très rare aujourd’hui chez les comédiennes à l’écran, ravagées par le Botox -, et par James Marsden, l’un des oubliés de la saga originelle X-men au jeu sobre et mature, Richard Kelly accouche d’un thriller percutant dont l’effet de fascination perdure longtemps, des années après le premier visionnage de cette œuvre mal comprise à sa sortie, qui a été abattue par le mépris de la presse et celui du public, qui en a fait un échec qui a écarté le cinéaste de la réalisation à son troisième et dernier film.