Terreur à l’opéra : la critique du film et le test blu-ray (2023)

Thriller | 1h47min
Note de la rédaction :
8/10
8
Jaquette VHS de Terreur à l'opéra de Dario Argento

  • Réalisateur : Dario Argento
  • Acteurs : Daria Nicolodi, Urbano Barberini, Karl Zinny, Coralina Cataldi-Tassoni, Michele Soavi
  • Date de sortie: 19 Déc 1987
  • Nationalité : Italien
  • Titre original : Opera
  • Titres alternatifs : Opéra (titre DVD, blu-ray)
  • Année de production : 1987
  • Scénaristes : Dario Argento, Franco Ferrini
  • Directeur de la photographie : Ronnie Taylor
  • CompositeurS : Brian Eno, Roger Eno, Steel Grave, Claudio Simonetti, Bill Wyman
  • Sociétés de production : ADC Films, Cecchi Gori Group Tiger Cinematografica, RAI Radiotelevisione Italiana
  • Distributeur : Inédit en salle en France / Les Films du Camélia
  • Éditeurs vidéo : Gaumont Columbia RCA (VHS), Le Chat qui Fume (DVD, Blu-ray)
  • Date de sortie vidéo :
  • Box-office France / Paris-périphérie : Inédit
  • Budget : -
  • Classification : Interdiction aux moins de 12 ans
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleurs / Son : Dolby Digital
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : Casaro (affiche originale) - Frédéric Domont (Blu-ray français)
  • Crédits : Copyrights 1987 ADC Srl / Cecchi Gori Group Tiger Cinematographica Srl, Mediaset S.p.A. Tous droits réservés
Note des spectateurs :

Longtemps méprisé, Terreur à l’opéra de Dario Argento est en fait l’ultime chef-d’œuvre du maître, son second meilleur film après Suspiria. Ni plus ni moins.

Synopsis : Suite à l’accident de la cantatrice principale, une jeune chanteuse lyrique, Betty, est choisie pour interpréter le rôle de Lady Macbeth dans l’opéra de Verdi, œuvre ayant la réputation de porter malheur. Commence une série de meurtres dans l’entourage de la jeune femme qui se voit poursuivie par un mystérieux fan possessif. Avec l’aide du metteur en scène, Marco, Betty cherche à comprendre si elle n’est pas liée à l’assassin qui parsème l’opéra de corps mutilés. Jusqu’où la malédiction de Macbeth frappera-t-elle ?

L’ultime chef d’oeuvre de Dario Argento

Critique : La carrière de Dario Argento sonde la nullité depuis le milieu des années 90. Depuis son adaptation du Fantôme de l’Opéra (1998), le cinéaste est au plus bas de son inspiration alignant les séries Z déconcertantes. Pourtant, sa réalisation ultra stylisée des années 70 (Suspiria, Les Frissons de l’angoisse) avait inspiré les plus grands cinéastes, Brian De Palma le premier…

Maître d’un style baroque sublime jamais égalé dans l’épouvante, le cinéaste a connu quelques errances dans les années 80 : Inferno (1980) était beau, mais mou, Ténèbres (1983) giallo tardif soufflait le chaud et le froid, Phenomena (1985) était trop pop-teenager pour son public adulte qui n’en fit pas le succès qu’il méritait. Enfin Terreur à l’opéra fut une catastrophe industrielle qui lui valut de sortir en direct-to-vidéo dans de nombreux pays, dont la France, principalement en raison des soucis financiers de la firme américaine Orion qui empêchait toute distribution. Mea Culpa.

Redécouvrir Opéra en Haute définition après l’avoir essayé en VHS en 1990, sans être passé, méfiant par les imports DVD Zone 1 des années 2000, donne l’occasion formidable et rare de totalement changer d’avis sur une œuvre, de revenir sur ses certitudes, avec l’étonnement du cinéphile fan qui avoue être peut-être passé à côté de l’un des plus grands films horrifiques italiens de la décennie 80.

Un thriller épic aux proportions dantesques

La VHS proposait un montage cut, aseptisé, inepte, souffrant de trous narratifs grotesques ; pis, elle recadrait la réalité cinématographique du giallo le plus ambitieux du cinéma italien.

Terreur à l’opéra est un temple ténébreux du genre, un monument dans la carrière de Dario Argento qui achevait en paroxysme près de vingt ans de fulgurances artistiques. Thriller ultra-violent, le réalisateur se surpassait dans la démesure.

Refusant de répéter deux fois le même plan, l’auteur de Suspiria s’imposait des idées formelles ahurissantes manifestant une soif de technicité, d’ingéniosité surréaliste de beauté. La difficulté de mise en œuvre confinait à la démence, Terreur à l’opéra est relève bien de l’épic-horrifique.

(Terreur à l') Opéra de Dario Argento, affiche reprise 2023 4K

Affiche de la reprise d’Opéra de Dario Argento (2023) © Les films du Camélia. Tous droits réservés.

Des décennies après une improbable VHS, la HD restaure l’honneur du cinéaste

Avant d’être une histoire de giallo classique, Opéra se bâtit comme une œuvre visionnaire et maudite, avec en toile de fond sa Lady Macbeth se mouvant dans des décors époustouflants, et son mélange des arts, puisque le film et l’opéra de Verdi semblent converger vers une forme hybride capiteuse. Oui, Terreur à l’opéra monte à la tête.

L’histoire serait presque secondaire si l’intrigue en forme de mise en abîme astucieuse n’était pas, elle aussi, terriblement prenante, angoissante, et farouchement efficace quand il s’agit de passer à l’exécution de ses protagonistes, souvent désagréables dans ce microcosme de complaisance et de paraître.

Si la fin alpine évoque beaucoup trop Phenomena et se situe un cran plus bas que l’impressionnante première heure, elle s’achève sur un plan final coupé au montage qui corrobore toute la valeur métaphorique de cette œuvre somme dans la carrière d’Argento. Le réalisateur star cite son répertoire avec l’intelligence d’un auteur conscient des connexions narratives et thématiques entre ses jalons ; mieux il tisse une toile qui relie son impressionnant cinéma, sans savoir que l’expérience époustouflante allait l’épuiser et lui attirer les foudre et jalousie d’un establishment plus vraiment ouvert à ce type de visions dantesques. Il va jusqu’à se mettre en scène en réalisateur de cinéma passé à la mise en scène de théâtre, répétant une amère et récente expérience pour l’Opéra de la ville de Maceria, une adaptation de Verdi, justement…

Terreur à l’opéra, une débâcle financière et une dépression pour Argento

L’échec en Italie, en 1987, conduit le film à se retrouver expurgé de tout sens en vidéo-cassette. Des USA à la France, l’attente est longue et le résultat forcément insatisfaisant, alors qu’Orion qui possède les droits souffre de problèmes financiers. Nous découvrons la débâcle remontée en France, sous le titre de Terreur à l’opéra.

Argento a entre-temps produit Sanctuaire pour Michele Soavi et s’oriente, déprimé, vers l’Amérique, avec Deux Yeux Maléfiques (deux nouvelles de Poe adaptées par Romero et lui-même) et surtout son dernier avatar acceptable en date, Trauma, avec une révélation, Asia Argento (1993) en héroïne, digne fils de son père…

Notes : Inédit en salle à sa sortie en France, Opéra sort finalement dans une poignée de cinémas français le 12 juillet 2023, lors d’une rétrospective du cinéaste Dario Argento.

Le distributeur propose effectivement Les 6 Visages de la peur, 6 classiques de l’auteur en 4K.

Les gialli sur CinéDweller 

Les sorties de la semaine du 12 juillet 2023

Jaquette VHS de Terreur à l'opéra de Dario Argento

Illustration © Casaro Copyrights 1987 ADC Srl / Cecchi Gori Group Tiger Cinematographica Srl, Mediaset S.p.A. Tous droits réservés

Le test blu-ray

L’éditeur Le Chat qui fume y a cru, et il a réussi. Son édition d’Opéra est une claque. Digipack au papier glacé, avec 3 disques, édition collector limitée et numérotée, c’est magnifique. Un regret réel, l’absence de montage vidéo pour les aficionados d’editings multiples. Attention, désormais épuisée, le collector a laissé place à un DVD slim et un blu-ray simple, toujours chez le même éditeur.

Compléments & packaging : 5 / 5  :

Une ribambelle de documents, anciens ou récents, produits souvent par la maison. On s’approche ni plus ni moins des 4 heures de bonus, avec la parole donnée à plusieurs reprises à Argento qui évoque avec pudeur son film le plus important à ses yeux, et sa grande détresse, voire sa dépression, à la sortie du film…

Des icônes du bis italiens comme le musicien Claudio Simonetti, ou l’ancienne épouse de Argento, Daria Nicolodi, sont conviées à s’exprimer lors de modules de 30 et 17mn, tous deux passionnants. La liste est longue et le plus important est de s’y plonger avec les yeux du néophyte qui a envie de tout découvrir derrière cette œuvre méconnue…

La substance est à chaque fois au rendez-vous. Quelques belles surprises, comme La Malédiction des Macbeth. L’attaché de presse d’Argento en personne revient sur l’expérience du film et sa réception critique. On apprécie également les séquences commentées par Fabrizio Spurio, un historien du cinéma dans une analyse incroyable du travail d’Argento.

• Le rideau rouge sang (22 min 36,) : interview de Dario Argento
• Femme fatale (17 min 05) : interview de l’actrice Daria Nicolodi
• L’identité du Killer (37 min 25) : interview du co-scénariste Franco Ferrini
• Des notes et des cauchemars (31 min 04) : interview du compositeur Claudio Simonetti
• La vengeance des corbeaux (15 min 49) : interview de Sergio Stivaletti
• La malédiction de Macbeth (14 min 06) : interview de l’attaché de presse Enrico Lucherini
• Les yeux ouverts (37 min 45) : interview du critique de cinéma Fabrizio Spurio
• Panique à l’opéra (25 min 31) : session de questions-réponses avec Dario Argento, Franco Ferrini et Lamberto Bava
• Making of d’époque du film (44 min 37)
• Clip vidéo Daemonia (4 min 56)
• Clip vidéo de Claudio Simonetti (2 min 36)
• Bande annonce anglophone restaurée du film (1 min 47)

Image : 4 / 5

Avec son format 2.35 originel, on ne peut que tomber d’amour pour cette copie HD. Même si elle n’atteint pas, et loin de là, la perfection des grandes restaurations 4K, son nettoyage, plus que convenable (quelques anicroches de temps à autres, mais très rares) fait de la copie une excuse largement acceptée pour l’affront commis par la VHS en 1990. De très beaux contrastes, parfois un peu inégaux, mais essentiels pour profiter du décor théâtral imposant, et une profondeur de champ impérative pour valider les effets de style d’Argento, auteur qui adore justement jouer de ce procédé.

Son : 4 / 5

On aurait aimé plus d’informations quant au doublage à privilégier. Il ne faut pas oublier que le cinéma italien de cette époque était victime de postsynchronisations parfois meurtrières, et Terreur à l’opéra se retrouve inévitablement concerné. Si l’on passe sur le montage cannois, cadeau de l’éditeur bienvenue pour les collectionneurs, on s’arrêtera davantage sur l’anglais d’origine, malgré le manque d’assurance des comédiens italiens. Le français souffre d’un son étouffé qui ne lui vaut pas notre prédilection. L’éditeur, peu avare en pistes, propose aussi l’italienne. Non testée, désolé. Ces pistes sont proposées en mono DTS HD MA.

Critique de Frédéric Mignard

Voir en VOD

Blu-ray collector de Opéra (le chat qui fume)

Illustration © Casaro – Copyrights : Le Chat qui fume – Copyrights 1987 ADC Srl / Cecchi Gori Group Tiger Cinematographica Srl, Mediaset S.p.A. Tous droits réservés

Trailers & Vidéos

trailers
x
Jaquette VHS de Terreur à l'opéra de Dario Argento

Bande-annonce de Terreur à l'opéra

Thriller

x